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Cours: L'imagination

Publié le 22/02/2012

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L'imaginaire de Sartre (1939) : « cet ouvrage a pour but de décrire la grande fonction irréalisante de la conscience ou imagination ». Au niveau du langage courant, le terme « fonction » n'est pas très utile. La notion d'irréel qui semble apparaitre et être associée tout de suite à l'imagination. On ne parle pas de l'imaginaire en temps que substantif (imaginaire propre à chaque culture/ des contes de fées) mais seulement ce qui est créé par l'imagination (en temps qu'adjectif). TLFI : « l'imaginaire= ce qui est créé par l'imagination, qui n'a d'existence que par l'imagination ». « que ds l'imaginatif » => restrictif et privatif : il y a qqch comme un moindre être par rapport à l'imagination : elle se définie négativement par / au réel: ce qui n'est pas réel. Il y a qqch qui serait pleinement existant, de l'ordre de ce qui est pleinement : le réel. Le réel vient du mot res en latin (res republica : la chose publique, l'affaire qu'on plaide=> nuance pragmatique). Le réel par rapport à l'imagination serait ce qui existe, ce qui nous occupe concrètement ac quoi on est aux prises. Ceci va impliquer un sérieux, un souci qui est aussi une forme de contrainte=> la présence au cours s'inscrit ds la lignée d'un objectif précis et une implication pratique.

« La poésie, et l'art de façon plus générale, est bien le lieu privilégié de l'imagination.

L'art qui ne viserait qu'une imitation de la nature serait vain et se frapperait lui-même de nullité; au contraire, l'art vise à détruire l'automatisme perceptif et l'image ne cherche pas à faciliter la compréhension d'un sens, mais à créer une perception particulière de l'objet.

Dans le quotidien, l'image, le mot sont transitifs et renvoient toujours à une chose qu'ils désignent et devant laquelle ils s'effacent.

Au contraire l'image poétique est intransitive, elle a en elle-même une substance, une épaisseur, et cette intransitivité concourt à la production d'une perception particulière de l'objet.

La poésie, par l'utilisation de procédés stylistiques particuliers, vise à détruire l'automatisme de la pensée habituelle.

Dans son usage le plus courant)e langage a essentiellement une fonction référentielle ou de désignation.

La fonction poétique tend à libérer l'objet de l'automatisme perceptif, à faire vibrer les images pour restaurer une sensation de l'objet.

L'image poétique crée une vision de l'objet, non sa reconnaissance; DOSTOIEVSKI écrivait qu'en art pour montrer un objet il faut préalablement le déformer.

L'image restaure un pouvoir d'étonnement : «Images, l'éclat qui manque à la grisaille de nos jours».

(Y.

BONNEFOY); mais l'image, par son usage, tend à perdre de son pouvoir d'étonnement et à rejoindre la banalité des mots: aussi le poète doit-il constamment maintenir actif ce pouvoir de trouble et de déformation sans quoi s'épuise l'imagination: «s'il n'y a pas changement d'images, union inattendue des images, il n'y a pas d'imagination, il n'y a pas d'action imaginante ( ...

) ; la valeur d'une image se mesure à l'étendue de son auréole imaginaire.

Grâce à l'imaginaire, l'imagination est essentiellement ouverte, évasive.

Elle est dans le psychisme humain l'expérience même de l'ouverture, l'expérience même de la nouveauté» (BACHELARD, L'air et les songes, éd.

Corti, p.

7).

L'image poétique a ce pouvoir d'éveil et d'aimantation indéfinis des images.

Pour faire obstacle à toute transitivité, pour manifester le message en tant que tel, susciter le regard et l'écoute, la poésie doit être, comme l'écrivait un théoricien russe, «un discours tordu», ou encore une forme discursive dont le style pourrait se définir par l'écart : «le poète ne peut pas dire simplement «la lune», parce que ce mot suscite en nous la modalité «neutre» de la conscience.

Pour susciter l'image émotionnelle de la lune, le poète doit recourir à la figure, il doit violer le code, il doit dire: «cette faucille d'or dans le champ des étoiles», parce que ces mots, précisément, selon le code usuel, ne peuvent ainsi s'associer» (J.

COHEN, Structure du langage poétique, «Champs», Flammarion, p.

213).

En ayant recours au style figuré et à des figures comme la métaphore, la poésie instaure des associations créatrices par la voie de l'analogie et du contraste; par la polysémie et l'ambiguïté, la poésie irréalise les choses au profit d'une référence imaginaire.

Les mots prennent alors leur propre poids et leur propre valeur, et de leurs associations naissent des images inattendues.

Alors les mots permettent de voir.

L'imagination est donc essentiellement un pouvoir de fiction, un pouvoir de l'irréel capable de s'affranchir d'un environnement présent ou passé.

Elle manifeste une puissance propre de la pensée, celle de redécrire la réalité, et acquiert alors une fonction heuristique: ainsi la métaphore, en évoquant des significations latentes manifeste des propriétés de l'objet qui n'étaient jusqu'alors pas prises en compte.

Le lien priviligié établi par Descartes entre poésie, imagination et vérité a souvent été réaffirmé et largement développé par les poètes.

BAUDELAIRE, par exemple, écrit, comme en écho lointain aux propos de DESCARTES : «L'imagination n'est pas la fantaisie; elle n'est pas non plus la sensibilité, bien qu'il soit difficile de concevoir un homme imaginatif qui ne serait pas sensible.

L'imagination est une faculté quasi divine qui perçoit tout d'abord, en dehors des méthodes philosophiques, les rapports intimes et secrets des choses, les correspondances et les analogies.

Les honneurs et les fonctions qu'il (Edgar POE) confère à cette faculté lui donne une valeur telle ( ...

) qu'un savant sans imagination n'apparaît plus que comme un faux savant, ou tout au moins comme un savant incomplet» (BAUDELAIRE, Notes nouvelles sur Edgar POE, Nouvelles histoires extraordinaires, éd.

Garnier-Flammarion, p.

38).

C'est bien le pouvoir de connaissance de l'imagination que soulignent le poète comme le philosophe.

En saisissant les correspondances et les analogies, l'imagination permet l'établissement de nouveaux rapports et la mise en lumière de vérités jusque là insoupçonnées; par son pouvoir de transgression, l'imagination étend le domaine du savoir.

Mieux: tandis que la science ne vise qu'à établir des rapports, l'imagination brise l'aspect habituel. »

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