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Cous: LA SOCIETE

Publié le 22/02/2012

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1)    LA SOCIETE ET LA REPRESSION DES INSTINCTS

  A. C'est la société qui corrompt l'homme

Dans son premier ouvrage, le Discours sur les sciences et les arts (1750), Rousseau se déclare l'ennemi de la civilisation. Pour lui, le progrès des sciences et des techniques a rendu l'homme vicieux et méchant, en corrompant sa nature intime. On résume souvent la thèse de Rousseau en ces termes : l'homme est bon par nature, c'est la société qui l'a corrompu. Ne se fera-t-il pas le champion, dans L’Emile (1762), d'une pédagogie naturaliste qui fait confiance aux tendances spontanées de l'enfant et répond à ses besoins profonds, au lieu de le soumettre à des contraintes artificielles ? Si Rousseau est loin de prôner le retour à un « état de nature « à jamais révolu (et qui n'est d'ailleurs évoqué qu'à titre de « conjecture « dans le second Discours), il postule cependant l'innocence originelle de l'humanité, laquelle aurait été corrompue par l'avènement de la société, avec tout son cortège de maux : la propriété, la division du travail, la servitude, le despotisme, les inégalités sociales... «Tout est bien sortant des mains de l'Auteur des choses «, écrit Rousseau au début de l'Emile ; « tout dégénère entre les mains de l'homme «.

   B. La répression sociale des pulsions

Pour Freud au contraire, l'agressivité est constitutive de la nature humaine, et la société, loin.de corrompre les hommes, prend soin d'étouffer toutes les pulsions susceptibles de menacer la cohésion du groupe. C'est du moins ce qu'il montre dans Malaise dans la civilisation (1929). Ici, le terme de civilisation (Kultur en allemand) « désigne la totalité des œuvres et des organisations dont l'institution nous éloigne de l'état animal [...] et qui servent à deux fins : la protection de l'homme contre la nature et la réglementation des relations des hommes entre eux «. Or, bien que la civilisation vise à long terme le bonheur des hommes, « elle repose sur le renoncement aux pulsions instinctives «. L'édifice de la civilisation exige le travail, donc le sacrifice ou en tous cas le report des désirs immédiats. En particulier, les pulsions sexuelles (ce que Freud appelle la libido) subissent, du fait de l'organisation sociale, de graves dommages. Et même si l'on peut imaginer une organisation sociale où la libido serait moins réprimée que dans la culture occidentale moderne, il reste que les pulsions agressives naturelles devront toujours être contrôlées et endiguées par l'organisation sociale. Pour Freud en effet, l'homme n'est pas naturellement bon : « L'homme n'est point cet être débonnaire, au cœur assoiffé d'amour, dont on dit qu'il se défend quand on l'attaque, mais un être, au contraire, qui doit porter au compte de ses données instinctives une bonne somme d'agressivité «, écrit-il. Cette agressivité naturelle doit donc et devra sans relâche être réprimée par la société.

2)    LA QUESTION SOCIALE ET LE PROBLEME DE LA PROPRIETE

  A. Le libéralisme économique

• La propriété privée des biens de consommation (habits, bijoux, automobiles et même villas de plaisance) est reconnue légitime dans toutes les sociétés. Ce qui fait problème, ce qui oppose les partisans du capitalisme libéral et ceux du socialisme, c'est la propriété des moyens de production. Est-il légitime que je possède un champ, une usine, un immeuble de rapport pour les exploiter ou les faire exploiter par d'autres à mon profit ?

 

• Les partisans du capitalisme libéral approuvent le principe de la propriété privée des moyens de production. Dans ce système, les trois classes sociales essentielles sont les capitalistes, qui possèdent des moyens de production et les font exploiter par d'autres, les artisans, qui les exploitent eux-mêmes, et les salariés, qui ne possèdent que leur force de travail (qu'ils louent au capitaliste contre un salaire). Pour les libéraux, l'État doit laisser jouer, aussi bien pour les prix que pour les salaires, la loi « naturelle « de l'offre et de la demande. Le rôle de l'Etat se borne à protéger la propriété privée. Prolongement naturel de la personne, fruit légitime du travail, la propriété privée serait avant tout une garantie de prospérité pour tous les membres de la collectivité. Le propriétaire d'un champ, d'une usine, d'un commerce, est le premier intéressé à la bonne marche de son entreprise - et d'autant plus que l'institution de l'héritage lui permettra de transmettre son bien à ses descendants.

B. La critique du libéralisme

Mais cet optimiste libéral paraît à beaucoup être démenti par les faits. Au XIXe siècle, à côté de capitalistes florissants et souvent oisifs, la classe ouvrière vit dans une misère effroyable. Le droit de propriété a pu ainsi être considéré comme l'origine de l'exploitation de l'homme par l'homme.

Marx, dans son grand ouvrage Le Capital (1867-1894), prétend montrer le caractère inhumain du capitalisme et déduire scientifiquement la fin de ce régime destiné à périr de ses propres contradictions. Le capitalisme est inhumain parce que le travail ouvrier est considéré comme une marchandise, comme une chose, et payé à ce titre. Or, une chose vaut la quantité de travail qu'il faut pour la produire ; considéré comme chose, le travail ouvrier vaut exactement ce qu'il faut pour que l'ouvrier puisse reconstituer sa force de travail pour le lendemain. Un peu de nourriture, quelques habits, le patron paiera tout cela comme il paie l'huile de la machine. Seulement, le travail ouvrier est une marchandise singulière qui a la propriété de produire à son tour de la valeur et une valeur plus élevée que sa propre valeur de marchandise. En langage plus simple, l'ouvrier rapportera au patron plus qu'il ne lui a coûté. Le bénéfice produit, c'est la plus-value (liée comme on voit, à l'origine, au fait que le travail est traité comme une chose). Cependant, le libéralisme absolu n'a plus guère de défenseurs. Tout le monde accorde que l'État doit, en fixant un salaire minimum, en limitant la durée du travail ou en imposant des congés pour les travailleurs, intervenir pour éviter les injustices et l'exploitation.

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