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Un critique écrit: « La littérature n'a pas pour vocation de se mêler des débats politiques ou sociaux. À vouloir jouer ce rôle, elle se pervertit et ne parvient même pas à être efficace ». Ce jugement vous paraît-il fondé ? Vous appuierez votre réflexion sur le corpus proposé, les textes et oeuvres que vous avez étudiés et sur vos lectures personnelles.

Publié le 22/02/2012

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Si le mot littérature (du latin litteratura, « grammaire » puis « culture ») est, par définition, l'ensemble des oeuvres écrites ou orales auxquelles on reconnaît une finalité esthétique, on lui attribue un second sens: au début du XIXe siècle elle s'apparente dès lors à toute production écrite relative à un domaine. Cette polysémie moderne suscita une nuée de dissentiments quant aux limites abstraites de cet art, par l'emploi de la langue, en proie à une hypothétique dénaturation ; la mise en forme du message et son contenu se révélèrent au centre des débats, sous le feu nourri des thèses et autres essais. La littérature doit-elle s'affirmer dans une conception pure voire rigoureuse d'une identité immuable selon un parangon de beauté, ou bien assouplir ses contours indistincts afin de véhiculer notamment un engagement politique et social ? Dans un premier temps, nous aborderons les inaptitudes de la littérature à intervenir concrètement au sein des controverses contemporaines puis, dans un second temps, son efficience à l'élection d'une cause comme à sa défense dans un texte et, enfin, nous déterminerons l'élévation contingente de son évolution.

« d'intellectuels « dreyfusards », il précipitera le processus d'une scission abyssale par les joutes d\'éditorialistesinfluençant la vox populi, son unique dessein fut de révéler l'éclatante vérité laquelle survînt en 1906, fruit de douzeannées d'efforts. Ainsi, la littérature engagée s'adapta-t-elle à une diffusion insidieuse et put se matérialiser en un efficientinstrument de lutte afin de modeler sensiblement la société, vers un idéal plus équitable et harmonieux, ou à réagirspontanément contre tout pouvoir arbitraire aussi divers en soit le domaine.

Les écrivains, dont la probité n'eut decesse d'être éprouvée, sollicitèrent leurs prestes mains et biaisèrent donc afin d'exhaler leurs sentiments au point detransparaître pour les fers de lance du progrès, les zélateurs du bien public.

Toutefois, bien des facteursconditionnent les effets d'une oeuvre engagée au sein de la communauté.Bien que l'alphabétisation connut un véritable essor, l'illettrisme - le dénuement de curiosité ou préoccupationlittéraire voire même l'absence de ressources pécuniaires afin d'acquérir un opuscule contribuèrent longtemps àlimiter le lectorat aux classes aisées: « la littérature n\'est pas lue », Oscar Wilde.

Si ces mêmes nantis occupent lesplaces éminentes du pays, ils n'en demeurent pas moins hermétiques ou ignorants quant aux souffrances de lamasse prolétaire, or « la littérature est l\'expression de la société, comme la parole est l\'expression de l\'homme.

»,Louis de Bonald.En outre, l'engagement par l'écrit peut se révéler de prime abord tel un monologue exprimant l'opinion d'un uniqueindividu parmi la multitude, d'une voix au travers d'un charivari hétérogène, d'un esprit voilé par les méandres demille autres pensées: « la littérature est parfaitement inutile », selon Claude Roy.

Cependant, il apparaît que cetaccent, ce ton, cette sonorité des mots que libère la littérature est l'association à l'unisson d'un « chant du coeurdu peuple et le peuple est l\'âme de la littérature.

», Jiang Zilong.Enfin, non seulement le génie de l'auteur -comme la notoriété dont il jouit- mais encore la réceptivité (selon lesmoeurs) au message diffusé peut compromettre ou élever un texte engagé et ce, a fortiori, qu'il résiste à l\'épreuvedu temps, qualité garantissant sa portée universelle.

À l'écho « la littérature ne change ni l\'homme ni la société »,Tahar Ben Jelloun, répond « la grande littérature est simplement du langage chargé de sens au plus haut degrépossible », Ezra Pound, suggérant réflexion puis action du lectorat. De la littérature nous retiendrons un aspect particulier de la communication écrite ou orale et notamment « uneaffaire sérieuse pour un pays: elle est, au bout du compte, son visage », Louis Aragon.

Si elle multiplie les effets surle destinataire, la vocation de cet art persiste dans l'ambigüité puis scinde les Hommes de lettres entre laconception rigoureuse d'une identité voulue immuable et l'usage des mots à des fins d'engagement politique ousocial.

Voici que Victor Hugo s'approprie l'ultime citation, « il est impossible que deux têtes humaines conçoivent lemême sujet absolument de même manière »… Sujet désiré en échange : La littérature n\'a pas pour vocation de se mêler des débats politiques ou sociaux.

A vouloir jouer ce rôle, elle sepervertit et ne parvient même pas à être efficace.

Ce jugement vous paraît-il fondé ?. »

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