La critique littéraire et la Presse au XVIIIe siècle
Publié le 27/02/2012
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Un des phénomènes les plus caractéristiques de la vie littéraire de la période 1760-1820 est l'importance de plus en plus considérable que prend la presse et la critique littéraire. Avant la Révolution, les principales revues, comme le Mercure de France, et la Correspondance de Grimm, rendaient compte des ouvrages nouveaux. D'autres, comme l'Année littéraire de Fréron, révélaient, avec beaucoup de. zèle et de compétence, les littératures anglaise et allemande. Mais ces revues n'avaient pas, en fait, grande influence sur la production littéraire; les critiques n'avaient pas de conceptions littéraire personnelle;
«
révère le plus, comme Racine, d'une légèreté de juge
ment et d'une insuffisance qui nous étonnent. Son Cours de liitérature, publié de 1799 à 1805, fut aussitôt
dépassé par les courants nouveaux : l'auteur est resté le
type du critique dogmatique aux vues étroites, entière ment dépourvu de sens historique. L'abbé Morellet, dans ses Mélanges de Littérature (1818) juge les auteurs du xvme siècle avec la même étroitesse, mais avec plus
d'esprit.
Suard (1734-1817), Garât, M.-J. Chénier lui- même, dans son Tableau de la littérature depuis 1189,
paru en 1808, tous s'en tiennent strictement à une conception dogmatique de la critique des
œuvres
du passé.
Quand elle a à juger les mouvements littéraires contemporains, la critique n'est pas plus éclairée ni
surtout plus compréhensive. Elle se lance dans la lutte d'idées qui marque Taurore du romantisme, mais, si l'on est frappé du sérieux et de l'ampleur avec lesquels
sont discutés lés problèmes littéraires, on ne l'est pas
moins de l'obstination avec laquelle toute nouveauté est attaquée.
Trois œuvres principales posaient les bases d'une littérature nouvelle : De l'Allemagne, de Mme de Staël (1813-1815), La littérature du midi de l'Europe de Sis- mbndi (1813), le- Cours de. Littérature dramatique de A.-W. Schlegel, traduit en 1814-par M,me Necker de Saussure. Toutes les trois sont impitoyablemént-Dlâmées.
Si, dans le Journal des Débats, 'Geoffroy (1748-1814)
proclame le premier l'insuffisance de Voltaire comme
auteur dramatique et se montre souvent personnel,
ardent, sensible, en
s'efforçant de juger à la lumière des événements et non dans l'abstrait intemporel, Hoffman (1760-1828), lui,, s'oppose nettement à tout
ce qui semble refléter une influence étrangère; Féletz (1760-1850) se fait, tant dans ses articles des Débats que
par la critique orale qu'il promène dans les salons, le défenseur intransigeant de la tradition classique.
Dussault (1769-1824), plus nuancé, masque mal son hostilité profonde à toute nouveauté. Duvicquet (1766¬ 1835), Charles Nodier même, quinze ans avant de deve nir à l'Arsenal le protecteur et l'ami des jeunes roman
tiques, resteront encore vers 1814 fort réservés à l'égard des influences étrangères qui leur semblent faire dange reusement dévier la ligne naturelle de notre littérature..
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