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Les Croisades

Publié le 21/10/2011

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Croisades et Etats latins d'Orient ont-ils contribué dans une part appréciable à la connaissance mutuelle de l'Orient et de l'Occident ? Il se trouve que, pendant ces deux siècles, les hommes de science et de pensée ont recherché avidement les oeuvres musulmanes, qu'ils considéraient comme les meilleurs interprètes et les continuateurs des Sages antiques, véhiculant un savoir indépendant des religions et par conséquent, moyennant certaines précautions, admissible pour tolites. Il se trouve aussi que les techniques agricoles, artisanales ou commerciales, que l'art et peut-être même la littérature, que le genre de vie de l'Occident enfin, ont fait de larges emprunts au monde du ProcheOrient et de l'Islam.

« l'Oronte à l'Ebre, en passant par la Pales­ tine, l'Egypte et le Maghreb, et même avaient pris pied temporairement dans les grandes îles et sur certains points des côtes septentrionales.

Le fait avait été ressenti, au moins dans les milieux reli­ gieux, comme une indignité et un scandale.

Et cependant , eu égard aux conditions poli­ tiques et sociales du temps, on ne peut pas dire que l'Occident s'en fftt réellement ému.

hors des Etats directement menacés par l'invasion.

Rappelons aussi que, si l' Islam primitif avait prêché la Guerre Sainte, il avait toujours, une fois l 'Infidèle soumis , respecté la liberté de son culte et de ses usages privés, si bien que les Chrétiens d 'Orient, dont le clergé avait subi jadis les tracasseries de l'Eglise byzantine , s'ac­ commodaient fort bien de la domination nouvelle.

Rien n 'empêchait non plus les pèlerins étrangers de venir vénérer à Jéru­ salem le Tombeau du Sauveur.

Enfin, les frontières étant depuis longtemps stabili­ sées, la Guerre Sainte musulmane se limitait à des razzias étroitement localisées , dont sc désintéressait la majorité des Musulmans .

L'Espagne du xi• siècle donnait l'exemple le plus remarquable d'une symbiose confes­ sionnelle: et l'Orient, où la Guerre Sainte s'était rallumée au x • siècle sur la frontière byzantine, quand Byzance avait pris l'ini­ tiative d'une guerre de reconquête, fournit lui aussi, ensuite, en Syrie comme en Armé­ nie, le spectacle d 'alliances entre voisins de religions diverses.

Un seul fait y troubla la quiétude des Chrétiens : la persécution, au début du XI" siècle, des Chrétiens et des Juifs d'Egypte et de Palestine par le Calife fatimide HAKIM .

Marqué, entre autres, par la destruction du Saint-Sépulcre, l'événe­ ment joua un rôle certain dans la genèse de la Croisade, car, rapporté en Occident par les pèlerins revenant de Terre Sainte, il y causa grande impression.

Pourtant, la persécution de Hâkim, qui était un demi­ fou, demeura sans parallèle dans l'Islam; dans le reste du monde oriental, et dans son Etat même dès la fin de son règne, la situation des non-musulmans redevint ce qu'elle avait toujours été.

Deux faits convergents, toutefois, vers le milieu du XI" siècle, allaient changer cette atmosphère, encore qu 'il faille se garder de commettre à leur égard les contre-sens qui, en toute bonne foi, furent ceux de nos pères .

En Occident , le Maghreb presque entier devint la proie des Almoravides, con- quérants musulmans, mais frustes et guer­ riers, venus des confins sahara-soudanais ; en Orient, l'Asie centrale, l'Iran, la Méso­ potamie, enfin la Syrie et la Palestine étaient emportés par les Turcs Seldjukides, récemment convertis à l ' Islam; des Turco­ mans semi-nomades, habitués à la razzia, réveillaient à leur manière l'idéal de la Guerre Sainte dans l'Asie mineure byzan­ tine.

Ils y occasionnèrent d'indéniables souffrances, et leur conquête finale du pay s fut une perte grave pour la Chrétienté byzantine; mais, aussi bien dans l'empire seldjukide organis é dans les vieux terri­ toires musulmans du Moyen-Orient qu'en Asie mineure même, à mesure que s 'y cons­ titua un Etat islamique, la situation des non-musulmans demeura ou redevint cc qu'elle avait été traditionnellement.

S 'il devenait difficile aux pèlerins de se rendre à Jérusalem par l'Asie mineure, ils le pou­ vaient toujours par mer, trouvant dans la Ville Sainte, comme par le passé, des cou­ vents, des hospices et des caravansérails chrétiens.

On ne peut donc nier l'impression désastreuse que firent en Occident les récits des pèlerins et des émissaires byzantins; faute d'informations précises, on y étendit à l'Orient tout entier les malheurs de l'Asie mineure; l'impression s'implanta d 'une me­ nace pesant sur l'ensemble de la Chrétienté.

Au surplus, le choc de l'invasion turque n'était nullement nécessaire pour provoquer en Occident une attitude offensive à l ' égard de l'Islam; au même moment, c'est l'inverse qui se produisit en Espagne, où la menace provoquée par la Reconquista chr étienne amena les populations musulmanes à se donner aux Almora vides, dont jusqu'alors elles étaient séparées par toute l'étendue de leur civilisation raffinée.

Quelque occasion qu 'aient fournie les événements d'Orient, la cause profonde de la Croisade doit être recherchée dans l'évo­ lution même de l'Occident et de ses relations avec l'Orient.

La fermentation générale du XI" siècle créait dans de larges milieux sociaux un état de mobilité dont la classe chevaleresque donne l'exemple le mieux connu : familles prolifiques où l'aventure es( le seul espoir des cadets; perfection ­ nement rapide de l'armement, qui rendait invincibles des troupes aux effectifs pour ­ tant réduits; enrichissement par la mise en valeur des sols neufs et le monopole des pouvoirs de commandement , tout poussait cette chevalerie à une attitude conquérante. »

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