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LA CROYANCE RELIGIEUSE IMPLIQUE-T-ELLE LA DEMISSION DE LA RAISON ?

Publié le 01/05/2012

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Croyance et raison semblent irréductiblement opposées : la première invoque des articles quand elle est religieuse, la seconde veut des notions connues par soi. Au centre de la question : Dieu. Irrationalité et rationalité y produisent une antinomie mais y a-t-il incompatibilité quand on constate le tour de force métaphysique de la religion et le coup de foudre théologique de la philosophie.

 

CROYANCE ET RAISON

a) la signification de la croyance : on croit à ... en termes de vérité et de savoir comme tenu pour vrai, on croit que ... par intime persuasion, on croit en ... pour valoriser. On passe ainsi de l'opinion plus ou moins fondée comme conjecture à la conviction et à un engagement qui nous implique.

b) des notions communes de la croyance religieuse : le consentement universel, le mos majorum, l'harmonie universelle, une intelligence qui gouverne, un ordre comme système général et conscient de causalité, une gradation des êtres, des principes et des règles comme dogmes et préceptes, une croyance en l'Un, une Providence vigile sur les affaires humaines, une sympathie universelle, le destin comme causes enchaînées et lot imparti, la perfection comme plénitude et bonté, la loi naturelle divine comme droite raison qui prescrit et interdit en toute sagesse, l'immortalité des sages et des vertueux, la piété et la justice comme répondant à Dieu par un culte, comme gratitude et déférence qui s'actualise dans la Cité, une interprétation rationaliste des mythes, une éducation populaire reformulée en langue philosophique. La croyance entre philosophie et religion : le verbe est logos, il y a un noyau rationnel dés les Pères de l'Eglise qui voient dans la philosophie une révélation particulière à côté de la sagesse accomplie. Il y a bien la raison naturelle comme sagesse, la loi comme protection et garde-fou, signe, le souverain Bien comme réconciliation. Sous la diversités des révélations, il y a bien une unité ineffable et immuable de l'infini comme principe de variation. Le surnaturel est un miroir concentré du monde ; l'homme a son libre arbitre comme conscience autosuffisante en droit dans la lecture de la nature.

c)La théologie naturelle et théologie révélée : un credo minimum, une créance libre confortée par la raison et une justification d'un chemin de salut. Il y a un art de vivre irénique et universaliste invariant dans l'assentiment pour un Dieu rationnel comme principe des principes qui règle le respect réciproque et l'équilibre des biens et des vertus.

d) la mort de la croyance : une illusion métaphysique ou spiritualiste, Dieu comme projection de la subjectivité illimitée de l'homme. Il y aurait un mensonge des religions, une lutte de forces négatives conservatrices. La religion est l'expression du meurtre du Père. La sécularisation de la conscience a produit l'émancipation religieuse en l'homme devenu incroyant. La valeur de la valeur devient simple valeur. Dieu est une question dépourvue de sens, non sens, sans vérifiabilité : il n'est qu'un sentiment de la vie, un jeu comme comportement global de communication et expérience existentielle, sinon un ferment d'irrationalisme, en interdépendance avec d'autres objets.

RAISON ET RELIGION

a) La justification : une solution cosmologique (dans la Création ou la démiurgie), politique (Dieu comme loi naturelle) morale (culte intérieur fondé sur

la justice, l'obéissance et la charité), écologique (comme maîtrise de la nature), technologique (le dieu créateur ou artisan), épistémologique (les lois de la nature).

b) l'existence de la preuve : des preuves rationnelles a priori et a posteriori (argument ontologique, physico-théologique, téléologique, a contingentia mundi) comme voies et tremplin, raison suffisante.

c) un irrationalisme bien-fondé : le postulat de la raison pratique, le pari, un saut comme communication indirecte, la liberté radicale, une transcendance innommable, une théandrie, une provocation, un dieu cosmique.

d) la réponse à une angoisse : une prise de conscience, la conscience morale et la conscience d'existence comme évidences, comme instinct morale qui nie le hasard, lit le livre de la nature, fait des passions humaines un lieu social et public de la possibilité du bien et du mal. La philosophie se constitue en théologie naturelle et morale sur le fond d'une foi dans la raison, la puissance de l'intelligible et du savoir, un optimisme ontologique qui combat le mal par liberté. L'amour de Dieu s'exprime par des actes et la pratique de la vertu : l'Etat a une vocation spirituelle et la science et l'enseignement en sont l'apostolat. La religion naturelle appelle à travailler à se réformer soi-même au nom de postulats théologiques. L'incroyant y apparaît comme une figure de l'abruti.

 

RELIGION ET PHILOSOPHIE

a) une intentionnalité : le constat de la misère de l'homme et de sa division intérieure, la dialectique de l'intériorité et de l'extérieur ratée par la conscience savante, la foi pratique, une assomption du désir de béatitude, la suggestion de l'ineffable par des schèmes imaginaires à épreuve purificatrice, une aptitude à conserver.

b) le génie spéculatif de la théologie : la certitude intérieure, une manière d'exister, un genre de vie. L'illuminisme est un emballement, le fanatisme une perversion. Une symbolique, une poésie du peuple qui ne sont pas piété sentimentale réactionnaire

c) des fonctions : rédemptrice dans la gratuité de la foi, et les promesses accomplies, eschatologique dans l'amour comme unité, métaphysique dans la coïncidence des opposés, éthique dans sa pédagogie.

LA SIGNIFICATION PHILOSOPHIE DE LA CROYANCE

Si l'irrationnel sépare raison et foi, la raison paradoxalement les rapproche mais une raison pratique

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