Dans quelle mesure une connaissance scientifique donne-t-elle du pouvoir sur l'avenir ?

« r LE TRAVAIL PLAN DÉTAILLÉ Introduction Les plus anciennes techniques, fondées sur les premières connaissances tirées de l'obser­ vation de la nature, permirent à l'homme d'aménager celle-ci afin de ne plus être entièrement soumis aux caprices de son environnement.

Le progrès du savoir s'est traduit par un progrès de la maîtrise que l'homme exerce sur son destin.

Mais cette maîtrise lui permet-elle de sup­ primer toute espèce d'inquiétude face à ce qui l'attend ? Dans quelle mesure la science nous donne-t-elle un pouvoir sur l'avenir? Cette question prendra une signification différente selon le sens que nous accorderons au mot " pouvoir , : s'agit-il du pouvoir de connaître ou du pouvoir d'agir ? Dans quelle mesure la science a-t-elle pour conséquence un pouvoir d'agir ? Et si, notamment, les sciences de la nature nous donnent un pouvoir sur celle-ci, ce pouvoir peut-il être une maîtrise véritable, s'il est mis au service d'une volonté elle-même incontrôlée ? Le pouvoir sur la nature n'est-il pas subordonné à un pouvoir sur nous-mêmes, et donc à une forme de sagesse ? * 1.

La connaissance scientifique nous permet, jusqu'à un certain point, de prédire l'avenir a) La connaissance scientifique de la nature consiste concrètement dans la connaissance des lois qui s'appliquent aux phénomènes, c'est-à-dire des relations de causalité qui les relient les uns aux autres.

La loi d'attraction découverte par Newton explique ainsi le mouvement de deux corps qui s'attirent l'un l'autre par un rapport quantifié entre la masse de deux objets et le carré de la distance qui les sépare.

La connaissance des relations de causalité qui s'appliquent aux phénomènes naturels permet évidemment de prédire certains phénomènes avant qu'ils n'aient eu lieu : si je sais que le phé­ nomène A est toujours suivi du phénomène B, et que j'observe actuellement A, je peux pré­ dire, par une simple déduction logique, que B va survenir.

C'est selon ce schéma que procèdent toutes les prédictions scientifiques, celles qui permettent, par exemple, d'annoncer l'évolution d'une maladie ou encore des phénomènes météorologiques à court terme.

b) De telles prédictions restent cependant soumises à deux restrictions.

La première est le nombre et la complexité des séries causales qui interagissent dans un système donné de phé­ nomènes : il est parfois impossible de prendre en compte la totalité de ces séries causales, et la connaissance échoue alors à déduire l'avenir du présent.

Le meilleur exemple que l'on puisse en donner est celui des prévisions météorologiques à long terme : celles-ci sont soit peu fiables, soit impossibles, étant donné la multiplicité des interactions complexes qui déterminent l'état du temps au-delà d'une durée de quelques jours.

Une telle interaction imprévisible de séries. »