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Dans quelle mesure est-il injurieux de qualifier un être humain d'inconscient ?

Publié le 12/01/2004

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D'où son incapacité à comprendre par analyse ce qui lui arrive, et à « parler à son propre coeur » - ce qui signale la possibilité de « dire Moi », de « penser Moi » : la majuscule redoublée souligne l'importance, la majesté de ce qui est ainsi perdu. Et Alain de faire référence à Ulysse - dont Homère indique fréquemment en effet qu'il « parle à son coeur » ou « se dit en son coeur » - sans être inquiet de l'ancienneté de sa référence : pour lui, l'homme reste semblable à ce qu'il était chez les Grecs anciens, et ce qui était possible pour Ulysse doit conserver la même signification, pour l'homme contemporain. « Dire Moi », « penser Moi », c'est encore procéder à un examen simultanément « moral » et « contemplatif ». Le Moi se perçoit comme sujet actif et par là même responsable : il assume ses gestes et ses conduites, parce qu'il a le recul nécessaire pour savoir ce qu'il fait. Mais le Moi se perçoit aussi comme sujet spéculatif : il a bien une connaissance - à la fois de ce qu'il sait, de ce qu'il désire et de ce qu'il veut. (Il est clair ici qu'Alain se situe - et sans doute volontairement - dans une méconnaissance complète de l'enseignement freudien, pour lequel le sujet, par définition en quelque sorte, est au contraire condamné à ne pas savoir ce qu'il croit savoir, à ignorer ce qu'il désire et à méconnaître ce qu'il veut.) Un tel Moi est donc totalement transparent à lui-même : il ne recèle aucune zone obscure, et s'offre à une autoconnaissance exhaustive. [II. La conscience comme dédoublement] La formule : « je sais ce que je sais » suffit à révéler un caractère fondamental de la conscience : elle suppose une division de soi-même - entre un Moi qui sait ou qui agit, et un Moi qui sait qu'il sait ou qui sait qu'il agit. Ce qui implique que ce savoir au second degré puisse être complet et juste.

« Descartes donne à «passion » son sens étymologique : ce qui est subi par ».Les passions sont des affections de l'âme causées par le corps.

Toutes lespassions ont leur point de départ dans les objets qui « meuvent les sens ».Partant de là, Descartes distingue six passions fondamentales : l'admiration,l'amour, la haine, le désir, la joie, la tristesse.

On remarquera que par «passions », Descartes entend, en fait, ce qui relève de l'affectivité(sentiments). Mais, Descartes l'affirme : « Il n'y a point d'âme si faible, qu'elle ne puisseétant bien conduite acquérir un pouvoir absolu sur ses passions ».

Comment?En corrigeant, selon les cas, une association désagréable par une associationagréable, ou une association agréable par une association désagréable.Exemple : si, en présence d'un danger, je suis toujours envahi par unsentiment de peur et si je prends la fuite, je peux, grâce à l'habitude,associer à la fuite la représentation de la lâcheté ou de la honte.

Mon âmefortement imprimée par cette représentation me disposera à affronter ledanger avec courage.

L'âme n'est donc pas impuissante.Elle peut réagir et opposer aux passions qui sont nuisibles une pensée ou unevolonté contraires. II - Suis-je responsable de mon inconscience ? a) Qu'est-ce qu'un inconscient ? C'est un homme qui ne se pose pas dequestion.

Celui qui agit avec vitesse et sûreté ne se pose pas de question ; iln'en a pas le temps. Celui qui suit son désir ou son impulsion sans s'examiner soi-même n'a point non plus occasion de parler, comme Ulysse, à son proprecoeur, ni de dire Moi, ni de penser Moi.

En sorte que, faute d'examen moral, ilmanque aussi de cet examen contemplatif qui fait qu'on dit : « Je sais ce queje sais ; je sais ce que je désire ; je sais ce que je veux.

» Pour prendreconscience, il faut se diviser soi-même.

Ce que les passionnés, dans leparoxysme, ne font jamais ; ils sont tout entiers à ce qu'ils font ou à ce qu'ilsdisent ; et par là ils ne sont point du tout pour eux-mêmes.

Cet état est rare.Autant qu'il reste de bon sens en un homme, il reste des éclairs de penser àce qu'il dit ou à ce qu'il fait ; c'est se méfier de soi ; c'est guetter de soil'erreur ou la faute.

Peser, penser, c'est le même mot ; ne le ferait-on qu'unpetit moment, c'est cette chaîne de points clairs qui fait encore le souvenir.Qui s'emporte sans scrupule aucun, sans hésitation aucune, sans jugementaucun ne sait plus ce qu'il fait, et ne saura jamais ce qu'il a fait. b) Qu'en est-il, en effet, de l'inconscient psychique si souvent invoqué pourjustifier les conduites les plus ignobles ? Freud nous dit qu'il est constitué parles désirs que la censure refoule hors du champ de la conscience.

Il faudraitpourtant s'interroger sur la nature de cette censure avant de miser sur laprétendue puissance de ces désirs obscurs pour se disculper.

Comment la censure pourrait-elle refouler certainsdésirs et en accepter d'autres, comment pourrait-elle procéder à leur sélection si elle n'était pas consciente ? Onvoit mal comment le tri de tels désirs peut s'effectuer si l'instance psychique qui en est chargée ne se lesreprésente pas.

On conçoit cependant fort bien que le plus veule des « salauds » sartriens se décharge du poidsécrasant de sa liberté en se prétendant victime des fantômes qui hantent les bas-fonds de son âme.

Autrement dit,l'inconscient n'est pas la source de la faiblesse des hommes, mais une fiction créée par leur malice pour justifier leurlâcheté.

L'inconscient freudien ne saurait donc constituer un alibi sérieux ; celui qui l'invoque, sachant quel'irresponsabilité est un gage d'innocence, prouve seulement qu'il est prêt à appeler sur lui le mépris de sessemblables ou à implorer leur pitié condescendante pour échapper à leur condamnation.

Tous ces actes sont, enréalité, animés d'une même mauvaise foi. Selon Sartre la conscience est toujours totalement transparente à elle-même, tant du point de vue du savoir que del'affectivité.

La conscience est en outre capable de négation, cette négation étant son acte essentiel, celui quifonde sa liberté.

La conscience peut diriger sa négation vers le dehors, mais aussi vers elle-même : c'est l'attitudede la mauvaise foi, qui est un « mensonge à soi ».

Dans la mauvaise foi la conscience se masque à elle-même lavérité, « elle s'affecte elle-même de mauvaise foi ».

Ainsi « la mauvaise foi implique par essence l'unité d'uneconscience » et la conscience est nécessairement consciente de ce qu'elle se dissimule : pour censurer, la censurede la conscience doit connaître ce qu'elle censure.

L'erreur de Freud a été de briser cette unité et cettetransparence fondamentale de la conscience.

En posant l'existence d'un inconscient qui rompt l'unité du psychisme,la psychanalyse « hypostasie et chosifie » la mauvaise foi, c'est-à-dire fait une chose de ce qui est un acte.. »

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