« Est-ce dans la solitude que l'on prend conscience ? »

« s'extraire de son point de vue, personne n'est là pour lui exposer une autre subjectivité.

Ainsi une fois achevée, la barque est trop lourde pour être tirée jusqu'à l'eau.

Cet argument peut être nuancé si la solitude est voulue avec l’exemple des ermites qui s'isole volontairement, ils sont à la recherche ou à l'écoute de vérités supérieures ou de principes essentiels.

Ainsi ils sont conscients du monde qu’ils ont laissé mais voue leur vie au culte. Donc la solitude n’est pas la clef pour prétendre connaître le monde, notre simple point de vue ne peut suffire à couvrir la connaissance des chaque êtres et chaque objet qui se trouvent autour de nous.

Ainsi donc nous nous aliénons tout seul dans la solitude qu’elle soit voulue ou non. Nous pouvons donc nous demander si autrui est un allié dans l’ascension de la prise de conscience ? La solitude n’est guère favorable en ce qui concerne l’introspection.

L’être humain est un être social.

Nous avons besoin du contact d’autrui pour survivre et nous développer comme subjectivité.

La conscience s’adresse au monde, il y a un regard sur les choses et sur les êtres, il y a donc une considération.

Concernant la vision d’autrui mon regard est rendu et donc je peux établir mon jugement sur l’autre sans cela je suis seul face à moi.

Autrui est un autre moi mais avant tout un moi autre.

Autrui est un autre point de vue possible sur le monde, il ne réduit pas qu’à un objet dans mon champ de vision.

C’est dans la rencontre que je me rencontre, je constitue mon identité en me projetant dans le monde à travers les objets et les autres consciences.

C’est le concept d’intersubjectivité qu’énonce Jean Paul Sartre dans « L’Être et le Néant », qui est la lutte des consciences pour leurs reconnaissances mutuelles.

Donc autrui est fondamentale dans la vie de chaque être car il nous permet de mieux nous connaître et donc nous sommes plus propices à affronter le monde et à voir conscience de celui-ci.

On peut prendre l’exemple de l’œuvre de Pierre Choderlos de Laclos « Les liaisons dangereuses » où le regard d’autrui est omniprésent et à travers le personnage de Mme de Merteuil on voit très bien la chute dans le monde « réel » auquel elle fait fasse lorsque ses calculs et manigances sont dévoilées au grand jour. Nous pouvons nuancer cet argument si autrui a pour subjectivité des préjugés tel le sophiste qui enseigne des savoirs sans les comprendre ainsi le point de vue d’autrui ne m’aide absolument pas. Donc d‘après les écrits de Sartre « L’autre est le médiateur entre moi et moi-même », pour nous comprendre nous même, pour nous construire, nous avons besoin des autres.

Autrui est un juge utile pour prendre conscience de nos actes et de notre engagement dans le monde. Ainsi, la solitude a prouvé ses méfaits comme ses bienfaits dans la prise de conscience mais il faut savoir faire la part des choses et ne pas confondre solitude passagère et isolement prolongé.

Bien se connaître est la faculté de prendre sur soi le point de vue d’autrui.

Je dois être un pour moi et non un en-soi.

La communication est ainsi donc la clef pour ne pas m’aliéner par mon propre jugement et mes propres préjugés sur le monde.

Nous devons savoir préserver notre rapport et autrui et ne pas être des Narcisses aveugles et ignoran. »