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Déat, Marcel

Publié le 23/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Déat, Marcel (1894-1955), homme politique français qui, passé du socialisme au « néosocialisme «, fut l’un des tenants les plus actifs de la collaboration avec l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale, tout en s’opposant au gouvernement de Vichy au nom d’un « fascisme de gauche «.

2   L’ADHÉSION AU SOCIALISME

Né à Guérigny (Nièvre), fils d’un petit fonctionnaire, Marcel Déat, élève de l’École normale supérieure, agrégé de philosophie et grand admirateur de Jaurès, rejoignit la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) en 1914. Après la Première Guerre mondiale, durant laquelle sa conduite fut brillante, il mena parallèlement une carrière universitaire (il établit notamment l’édition des œuvres complètes de Proudhon) et une carrière politique (député de la Marne à partir de 1926, il fut ensuite élu à Paris), tout en s’imposant comme l’un des espoirs de la SFIO.

3   LA RUPTURE

Dès le début des années 1930, sa rencontre avec les écrits du Belge Henri De Man, qui, présentant le marxisme et la lutte des classes comme dépassés, préconisait, dans le cadre du « planisme «, des mesures autoritaires pour réorganiser la société et l’économie, détermina l’évolution progressive de Marcel Déat vers les thèses fascistes.

Au congrès de la SFIO, en 1933, il quitta le parti en compagnie de Renaudel, de Barthélemy Montagnon et d’Adrien Marquet, le maire de Bordeaux, pour fonder le Parti socialiste de France, structuré autour d’un programme « néosocialiste « antilibéral, autoritaire et autarcique, résumé par le mot d’ordre « Ordre, Autorité, Nation «. À la même époque, Déat commença à toucher des subsides du régime italien, ce qui lui permit d’asseoir l’audience de sa nouvelle formation.

4   « MOURIR POUR DANTZIG ? «

Ministre de l’Air dans le cabinet Albert Sarraut en 1936, Déat fut battu la même année aux élections législatives qui virent la victoire du Front populaire. Affirmant des positions de plus en plus anticommunistes (il sera élu en 1939 député de la Charente sur une liste de rassemblement anticommuniste), il se fit l’inlassable propagateur des thèses pacifistes, affichant son adhésion aux accords de Munich. Alors que l’Allemagne était à la veille d’envahir la Pologne, il publia dans l’Œuvre son célèbre article intitulé « Faut-il mourir pour Dantzig ? «, dans lequel il affirmait que « les paysans français n’ont aucune envie de mourir pour les Poldèves «.

5   LE CHAMPION DE LA COLLABORATION TOTALE

Applaudissant à la capitulation française, il tenta, dès le mois de juillet 1940, de convaincre le maréchal Pétain de créer un parti unique pour renforcer le nouveau régime. Après le refus qui lui fut opposé, il s’installa à Paris et prit la direction de l’Œuvre, dont il devait faire l’un des organes les plus actifs en faveur de la collaboration, tout en multipliant les attaques, d’une virulence inouïe, contre le régime de Vichy, jugé réactionnaire et clérical, ainsi que contre ses technocrates embourgeoisés et ses militaires « vaincus et décorés «.

Rejoint par Pierre Laval après le renvoi de ce dernier, en décembre 1940, Déat fonda en janvier 1941 le Rassemblement national populaire (RNP), financé par Otto Abetz et installé dans l’appartement réquisitionné de Georges Mandel. Il milita activement pour l’unité de tous les pays européens dans la croisade contre le bolchevisme, au sein de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF), fondée en juillet 1941.

Toujours soutenu par Laval, après le retour de ce dernier aux affaires, en avril 1942, et par les Allemands, qui voyaient en lui un utile contrepoids à l’activisme de Doriot, jugé plus incontrôlable, Déat ne réussit pas, cependant, à unifier l’ensemble des mouvements collaborationnistes en zone nord.

Totalement engagé dans le rêve d’une grande Europe, considérant l’occupation comme une « fête de l’histoire «, il fut appelé, en mars 1944, dans la phase de radicalisation de la situation politique, comme ministre du Travail au sein de ce gouvernement de Vichy qu’il n’avait cessé de critiquer. Détesté de Pétain, il préféra diriger son cabinet depuis Paris.

Réfugié en Allemagne après la Libération, il fit partie de la Commission gouvernementale de Sigmaringen, puis réussit à passer en Italie, où, converti au catholicisme, il se réfugia dans un couvent, à San Vito, près de Turin, où il vécut sous un nom d’emprunt jusqu’à sa mort.

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