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La Débâcle

Publié le 06/04/2013

Extrait du document

En 1890, Zola avoue qu' il commence à être « las « de sa série, « mais il faut bien que je la finisse, sans trop changer mes procédés. « Et il est vrai que les trois derniers romans des Rougon-Macquart : L 'A rgent, La Débâcle et Le Docteur Pascal, écrits entre 1891 et 1893, n'ont plus le même souffle que les précédents.

« La Commun e de 1871 fut la conséqu ence des humili ations et de s s ouffr an ces endur ées pendant le siè g e de Pari s impos é par la Prus se.

« D'un bond, Rocha s, revenu sur ses pas, prit le drapeau, dont la hampe s'éta it brisée.

» EXTRAITS --- - ---- Le combat et ses plaies L'horreur s'était encore accrue, parmi ce peuple d'arbres bombardés, tués à leur poste , s'abattant de tous côtés comme des soldats immobiles et géants.

Sous les fron­ daisons, dans le délicieux demi-jour ver­ dâtre, au fond des asiles mystérieux, tapissés de mousse , soufflait la mort bru­ tale.

Les sources solitaires étaient violées, des mourants râlaient jusque dans les coins perdus, où des amou­ reux seuls s'étaient égarés jusque-là.

Un homme, la poitrine tra­ versée par une balle, avait eu le temps de crier « touché ! » en tombant sur la face, mort.

Un autre , qui venait d'avoir les deux jambes brisées par un obus, continuait à rire, inconscient de sa blessure, croyant sim­ plement s'être heurté contre une racine.

D 'autres, les membres troués, atteints mortel­ lement, parlaient et couraient encore , pendant plusieurs mètres, a vant de culbuter, dans une convu lsion brusque.

Au premier moment, les plaies les plus profondes se sentaient à peine , et plus tard seulement les effroyables souffrances commençaient, jaillissaient en cris et en larm e s.

L'amitié brisée par un idéal différent La foule grondait toujours, et Maurice se retourna.

- Citoyens, laissez-moi donc leur parler ! c e sont de braves gens, je réponds d'eux.

Il prit les mains de son ami, et à voix plus basse : - N'est-ce pas, tu restes avec nous ? Le visage de Jean exprima une surprise pro­ fonde .

- Avec vous, comment ça ? Puis, un instant, il l'écouta s'irriter contre le gouvernement, contre l'armée, rappeler tout ce qu'on avait souffert, expliquer qu'on allait enfin être les maîtres, punir les inca­ pables et les lâches, sauver la République .

Et, à mesure qu'il s'efforçait de le com­ prendre , sa calm e figure de paysan illettré s'assombrissait d'un chagrin croissant.

- Ah ! non, non ! mon petit, je ne reste pas, si c'est pour cette sale besogne . ..

Mon ca­ pitaine m'a dit d'aller à Vaugirard, avec mes hommes, et j'y vais.

Quand le tonnerre de Dieu y serait, j'irais tout de même.

C'est naturel, tu dois sentir ça.

Il s'était mis à rire, plein de simp licité.

Il ajouta: - C'est toi qui vas venir avec nous.

Mais d'un geste de furieuse révolte, Maurice lui avait lâché les mains.

Et tous deux restèrent quelques secondes face à face, l'un dans l'exaspération du coup de démence qui emportait Paris entier, ce mal venu de loin, des ferments mauvais du der­ nier règne, l'autre fort de son bon sens et de son ignorance, sain encore d'avoir poussé à part, dans la terre du travail et de l'épargne.

Tous les deux étaient frères pour­ tant , un lien solide les attachait, et ce fut un arrachement, lorsque, soudain, une bous­ cu lade qui se produisit les sépara.

Silvine retrouve le corps d'Honoré, juché sur un canon, sur le champ de bataille NOTES DE L'ÉDITEUR combattants qu'il a lus, ne parvie nnent j a mai s à donner l'impression de la vie .

Que l'on com pare Guerre et Paix à La Débâcle, et l'on verra ce que Tolstoï a réussi avec un s ujet sem blable.

» M.

B ernard, Zola par lui-même, Éditions du Seuil, 1952.

préface à La Débâcle , Éditions Rencontr e.

« Mais les livres ont des destinées singulières.

La Débâcle, qui est l'un des romans les moins réussis de Zola, a l'un des plus forts tirages.

Le souci d'actualité , s'il a desservi !'écrivai n sur le plan de l'art, a fait la réussite commerciale du livre.

( . ..

)Les petites fiches portant les numéros des régiments, les cartes d'état-major, l'avance et le recul des armées, les noms des généra ux , et même ces carnets de « Ce qui fait mal, plus que tout, dans La Débâcle, ce qui n'est pas digne de Zola, c'est le jugement qu'il porte sur Pari s, et l 'image a bjecte qu'il nous donne des origines de la Commune .

» H.

Guillemin, 1 d étail du portra it de Zo la par Man et (1868), musée d'Orsay I Edimédia 2, 4 ill.

de L.

Ma rche t I ND-V io llet 3 ill.

de P .

de Séman t I coll.

Viollet « En plein délire militariste, et natio nali ste, c'était assez pour un volume.

Ce fut en tout cas suffi sant pour que Barr ès écrive : "( ...

)po ur mieux vendre en Allemagne son livre La Débâcle, il le lai sse truffer d'images antifrançaises '',et plu s tard (1911) Maurras : " Sa Débâcle fit les délices de l'Al lem agne et ~ fut chez nous l'engin préféré des ennemis de l' armée française ...

".» M.

Euvrard, 'Zola , Éditio ns Universitaires, 1967.

ZOL A12. »

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