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La découverte de l'inconscient autorise-t-elle l'alibi de l'inconscience ?

Publié le 07/04/2009

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La découverte de l'inconscient , affirmée par Freud, accomplit de façon encore plus décisive et radicale la dépossession du sujet, à travers la mise en question de sa souveraineté. La conscience de ses actes, de ses désirs, est en effet la condition requise d'un éventuel contrôle sur eux et c'est la conscience encore qui peut donner un sens à l'idée de responsabilité. Être responsable, c'est pouvoir répondre de soi, affirmer la maîtrise de soi sur soi.  Le sujet livré à notre analyse nous interroge sur le lien difficile de l'inconscient à la liberté. L'inconscience, entendue comme non responsabilité, non évaluation des dangers ou des conséquences de sa conduite, est-elle nécessairement attachée à l'inconscient au point qu'elle puisse constituer un alibi, une défense, lorsqu'il s'agit de rendre compte de ce que nous faisons?  Si une partie de l'activité de la pensée s'effectue à l'insu de notre conscience, échappant à ses décrets, il nous revient la tâche de rendre à l'homme la conscience de soi comme condition de son existence. La liberté n'est pas un donné mais une conquête. Nous devons, de ce fait, mesurer la distance nécessaire entre inconscient et inconscience.

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)Le recours à l'inconscient autorise-t-il l'alibi de l'inconscience? • C'est précisément ce qui semble fonder le refus de la psy­ chanalyse par beaucoup.

Cf., par exemple : la position d'Alain.

« Le freudisme si fameux est un art d'Inventer en c~aque homme un animal redoutable, d'après des signes tout à fait ordinaires; les rêves sont de tels signes; les hommes ont toujours interprété leurs rêves, d'où un symbolisme facile.

Freud se plaisait à montrer que ce symbolisme facile nous trompe et que nos symboles sont tout ce qu'il y a d'indirect.

Les choses du sexe échappent évidemment à la volonté et à la prévision ...

l'homme est obscur à lui-même; cela est à savoir.

Seulement il faut éviter ici plusieurs erreurs que fonde le terme d'inconscient.

La plus grave de ces erreurs est de croire que l'inconscient est un autre moi; un moi qui a ses préjugés, ses passions et ses ruses; une sorte de mauvais ange, diabo­ lique conseiller ...

Il ne faut point se dire qu'en rêvant on se met à penser.

Il faut savoir que la pensée est volontaire; tel est le principe des remords : «Tu l'as bien voulu! », on dissoudrait ces fantômes en se disant simple­ ment que tout ce qui n'est point pensée est mécanisme ou encore mieux, que ce qui n'est point pensée est corps, c'est-à-dire chose soumise à ma volonté, chose dont je réponds.

» « Le freudisme ...

est un art d'inventer en chaque homme un animal redoutable ...

La plus grave de ces erreurs est de croire que l'inconscient est un autre Moi.

..

Contre quoi il faut comprendre qu'il n'y a point de pensées en nous sinon par l'unique sujet; Je; cette remarque est d'ordre moral.( ..• ) En somme il n'y a pas d'inconvénient à employer couramment le terme d'inconscient; c'est un abrégé de mécanisme.

Mais si on le grossit, alors commence l'erreur; et, bien pis, c'est une faute ...

» (Les mots mis en relief le sont par nous).

Éléments de Philosophie (Gallimard) chapitre XVI, livre deuxième.

• Se demander si une réponse positive à la question ne repo­ serait pas sur une méconnaissance de ce que l'on peut penser sans le terme « inconscient » (et singulièrement une mécon­ naissance des positions freudiennes).

• La réponse à la question ne dépendrait-elle pas également de la conception (ou des conceptions) que l'on peut se faire de la responsabilité?. »

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