Démocratie et morale

« «Encore qu'on ait une assurance morale de ces choses qui est telle qu'il semble qu'à moins que d'être extravagant on n'en peut douter, toutefois, aussi, à moins que d'être déraisonnable lors­ qu'il est question d'une certitude métaphysique, on ne peut nier que ce ne soit assez de sujet pour n'en être pas entièrement assuré » (DESCARTES).

- « Les énoncés scientifiques de faits et de relations ne peuvent pas produire de règles morales » (EINSTEIN).

- «Il est dans l'ordre moral des maladies analogues à celles de la vie physique».

(George SAND).

- « Une autorité morale, c'est une réalité psychique, mais plus haute et plus riche que la nôtre » (DURKHEIM).

B - Inventaire des concepts.

Famille du mot: mœurs, moral, la morale, le moral, une morale, moralité, moraliste, moraliser, moralisateur; immoral, imn1oralité; amoral, amoralité.

Concepts voisins: bien, devoir, idéal.

Concepts opposés: moral peut être opposé à physique, matériel, rationnel (ou logique), psychologique, politique, légal, social, écono­ mique, religieux.

C - Analyse du concept.

1.

Dans son sens le plus large, moral désigne ce qui se rapporte à l'esprit, aux pensées, aux opinions, aux sentiments; il s'oppose à matériel, comme dans l'expression : impossible moralement, par opposition à impossible matériellement.

Plus spécialement, il s'oppose à ce qui se rapporte au corps humain.

En termes juridiques, par exemple, l'expression « per­ sonne morale » désigne une société, un organisme social, par opposition à « personne physique » qui s'applique à un individu humain, en chair et en os; une personne morale peut dans certains cas se comporter juridiquement comme une personne physique, par exemple intenter un procès, recevoir un legs.

C'est pourquoi moral est devenu à peu près synonyme de mental, dans certaines des expressions que nous avions retenues : sciences morales (on dit aujourd'hui sciences humaines).

Plus précisément encore, moral s'oppose à logique ou à ration­ nel, comme désignant ce qui vaut pour un être pensant, considéré subjectivement, par exemple dans l'expression certitude morale, par opposition à la certitude rationnelle qui s'impose à tout être pensant en général, donc objectivement.

2.

En un sens au fond spécialisé, mais parfaitement distinct du précédent et qui est désormais de beaucoup le sens le plus usuel, moral s'emploie dans le domaine où la distinction du bien et du mal a un sens, qu'il s'agisse d'actions, bonnes ou mauvaises, de conscience morale par opposition à conscience psychologique, du sentiment moral distingué de tous les autres sentiments, de la. »