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Y a-t-il des choses qu'on n'a pas le droit d'ignorer ?

Publié le 27/02/2008

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Peut-on, en droit, c'est-à-dire légitimement, refuser/se refuser l'accès à la vérité à cause d'une privation de connaissance, voire d'une attitude d'indifférente (pour ne pas dire de mépris) relativement à certaines choses ? A-t-on le droit de préférer la tranquillité béate dans laquelle l'ignorance nous place à la vérité elle-même, quand bien même elle serait synonyme de souffrance ? Ce qui est donc en jeu ici c'est la question d'un prétendu droit à l'ignorance, et à travers lui, c'est le statut même de la vérité, ainsi que sa force d'attraction, qui sont mis à la question.
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« nous l'assurer ? Comment pouvons-nous savoir qu'il existe quelque chose hors de notre savoir ? Pour qu'existel'inconnaissable, encore faut-il que cet inconnaissable corresponde à quelque chose d'existant.

Je n'ai pas eneffet le droit de dire que l'âme de ma table est inconnaissable si je ne suis pas certain que cette âme existe.Lorsque nous affirmons que Dieu ou la vie après la mort sont inconnaissables, ne présupposons-nous pas qu'ilssont aussi réels que les arbres ou les atomes ? Carnap disait que la métaphysique est dépourvue de sens : onne peut en effet qualifier un objet que s'il existe.Ainsi, pour reprendre la distinction établie par Kant, pourrons-nous conclure, à la différence de Kant (lequelpensait que la connaissance était limitée), que la connaissance à des bornes, mais non des limites, et que si,par hypothèse, la connaissance avait des limites, elles seraient par nature inconnaissable et donc que rien nenous autoriserait à en parler.Il faut donc bien reconnaître qu'on ne peut pas tout connaître et donc que l'ignorance apparaît comme uneréalité de fait qui se trouve légitimée dans notre nature d'être fondamentalement fini.

On a donc parfaitementdroit d'ignorer certaines choses, il vaut mieux d'ailleurs reconnaître son ignorance, alors pardonnable carjustifiable.Rien de pire et de plus immorale et illégitime qu'une ignorance qui s'ignore elle-même ou encore une ignorancequi se satisfait de sa négativité.

En tant que concept négatif, on ne saurait affirmer positivement l'ignorance.Ce qui ne veut pas dire que Socrate avait tort de dire « tout ce que je sais c'est que je ne sais rien », aucontraire, voilà une attitude tout à fait prudente quant aux jugements.

Ce qui peut être grave c'est l'ignorancevolontaire.

II- L'illégitimité de l'ignorance comme indifférence ou privation volontaire de connaissance On pourrait en effet parler, dans cette perspective, de ce qu'on pourrait appeler « l'ignorance rationnelle » quiconsiste dans le fait de renoncer à se renseigner davantage avant de prendre une décision si le coût enefforts, temps et argent pour chercher de plus amples informations dépasse l'enjeu de cette décision.Cette attitude là vis-à-vis des choses qui méritent notre attention et effort est, par une sorte d'impératifcatégorique, interdite au sens où elle est parfaitement illégitime.Certaines choses ne doivent pas – au sens ici très fort d'un impératif catégorique – être ignorer : on ne peutainsi pas être indifférent à la dignité de l'homme puisque c'est ce qui fait son humanité.

Ignorer l'autre dans sonhumanité, c'est se nier soi-même comme humain.Parallèlement, on ne saurait volontairement ignorer quelque chose quand cette ignorance relève d'une décision.Ce qu'il faut comprendre en réalité ici c'est que l'ignorance volontaire, décidée ne saurait au aucun cas,indépendamment de la nature de l'objet en question ni de sa valeur, entrer dans la sphère du droit, c'est-à-diredans la sphère de la légitimité.

Ce n'est d'ailleurs pas par hasard si on ce qui concerne l'ignorance de la loi nousentrons là non pas seulement dans l'illégitimité mais dans l'illégalité.

Autrement dit, la loi intègre parfaitement,en la digérant, l'illégitimité de l'ignorance volontaire en la marquant du saut de l'illégalité.S'il y a des choses qu'on ne doit pas ignorer c'est parce qu'une telle ignorance, encore davantage quand elleest décidée, quand elle est motivée, délibérée, est contraire aux exigences de progrès : pour s'accomplir dansson humanité et, en termes spinozistes « persévérer dans son être », encore faut-il accomplir ce mouvementasymptotique qui mène à la connaissance.

Or, prendre le parti de l'ignorance, c'est refuser de prendre part,d'actualiser l'humanité en soi.

Et c'est du même coup nier celle de l'autre.

Ignorer mon prochain c'est manquerau seul sentiment qui soit véritablement moral, à savoir le respect.

Respecter autrui, c'est respecter l'autre enmoi-même, c'est-à-dire l'humanité en ma personne.

C'est pourquoi le précepte chrétien « tu aimeras tonprochain comme toi-même » doit être entendu comme essentiellement réversible.Il y a bien des choses qu'on a pas le droit d'ignorer – on n'a d'ailleurs pas le droit d'ignorer toutes chosesvolontairement – parce qu'il apparaît comme un devoir pour l'humanité de s'engager, de s'investir dans larecherche de la vérité.

Si l'on ne peut pas exiger de chacun qu'il trouve la vérité, on peut néanmoins exiger, autitre de l'humanité de l'homme et de la possibilité de tout progrès, que chacun (non pas en tant qu'individumais en tant qu'homme) qu'il faille impérativement chercher la vérité.Il ne faut donc pas se contenter d'ignorer passivement : pour que l'humanité soit susceptible de progrès, tantmoral que scientifique, etc., alors il faut que chacun engage son être d'homme dans cette tendance vers lavérité, mouvement asymptotique.. »

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