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Des cultures différentes peuvent-elles s'entendre ?

Publié le 27/02/2008

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Analyse du sujet   -          Dans la Bible, au début de la Genèse, la concorde règne entre les hommes parce qu'ils possèdent une langue unique. Mais lorsqu'ils entreprennent la construction d'une tour dont le sommet doit « toucher le ciel », Dieu les punit de leur témérité en créant une multitude de langues. Avec l'incompréhension surgissent alors la discorde et la guerre. -          L'épisode de la tour de Babel souligne que le langage peut dresser entre autrui et moi-même un rempart infranchissable. N'avons-nous pas fréquemment constaté que les morts les plus caractéristiques d'une langue étrangère sont bien souvent intraduisibles parce qu'ils sont liés à un mode de vie et de pensée radicalement différent ? Chaque peuple semble isolé des autres, car la traduction est nécessairement approximative. Et elle ne peut jamais réduire complètement la distance qui sépare les différents groupes linguistiques. -          En réalité, à travers l'expérience quasi originelle de l'incompréhension linguistique, on voit plus profondément que les hommes, en tant qu'ils sont issus d'une société, d'une attitude religieuse, bref de cultures diverses, sont divisés. Or, de l'impossibilité de s'entendre, c'est-à-dire de se comprendre - au-delà même de l'impossibilité linguistique matérielle - peut découler l'attitude belliqueuse, guerrière qui menace l'ordre social et politique international. -          S'entendre en réalité deux choses : cela suppose effectivement d'abord et avant tout la possibilité d'une communication. Or, ce qui rend possible toute communication c'est la compréhension possible entre les différents protagonistes, elle suppose donc un certain nombre de point commun, de principes élémentaires reconnus partagés. Mais au-delà de cette possibilité de la communication, comme condition première de toute « entente », il y a ensuite la condition de l'accord lui-même : que les hommes acceptent de dialoguer ne signifie pas encore qu'ils s'accordent sur le sujet dont ils traitent. S'entendre sur un sujet ou une question, c'est en réalité partager le même point de vue, c'est s'accorder, s'harmoniser. En ce sens, s'entendre c'est avant tout dépasser, surpasser les différences contingentes qui séparent les hommes. Demander si les hommes de cultures différentes sont susceptibles de pouvoir s'entendre c'est au fond se demander si une vie de concorde et de parfaite harmonie, au-delà même des différences de langue, de religion, et plus profondément de culture, est possible. -          On a effectivement affaire ici à une question de droit où le « pouvoir » signifie la possibilité effective, fondé légitimement en raison, d'une entente entre les hommes. -          On nous demande de penser donc ce qui pourrait être au principe d'une entente entre les hommes, c'est-à-dire qu'on nous demande de penser si un principe d'entente (communication suivie d'accord) harmonieuse est possible, est effective, malgré les discordes réellement existantes de fait.   Problématique               Si donc plusieurs obstacles s'opposent de fait à l'entente harmonieuse des cultures différentes, ne peut-on pas - et à quelle condition en a-t-on le droit - dégager un principe qui dépasserait dialectiquement la discorde pour fonder en raison la possibilité, non pas simplement abstraite mais concrète, d'un accord unanime entre les hommes, par delà les différences culturelles contingentes ? Ce qui est en jeu ici au fond, c'est la possibilité même de la réalisation d'un désir de paix international, transcendant toutes les discordes.

« marque l'insoutenable prétention du racisme, ce n'est pas la supériorité d'une race élue, mais la notionmême de race – laquelle n'a de sens que chez les animaux, domestique qui plus est.

Alors quel'ethnocentrisme est un ensemble de préjugés, le racisme est un ensemble de fantasmes (un sang n'existepas, un sang impur non plus).

Pourtant, cette idéologie qui a conduit à l'esclavage, ou encore à légitimerl'extermination des juifs par les nazis, est bien présente dans les faits : on voit difficilement comment onpourrait, après ça, donner un sens à la possibilité d'une entente entre des cultures différentes, chacunese pensant comme la référence à la culture. - Au nom de l'individu, on peut récuser le sens de l'idée d'une culture au singulier qui rende possible l'entente entre les hommes et qui transcende les particularités historiques et contingentes.Diogène, philosophe cynique, cherchait la nuit « l'homme », une lanterne à la main pour se moquer de cesphilosophes que Rabelais appellera plus tard « abstracteurs de quintessence ».

« L'homme », en effet,n'existe pas ; il y a tel ou tel homme, avec un corps et un nom propres, une expérience et une penséesingulières.

L'homme est un concept abstrait, seuls les hommes existent.

« Nature humaine » voudraitdire le plus grand dénominateur commun entre les hommes.

Or, ce qui fait qu'un être humain est ce qu'ilest, c'est justement ce qu'il possède en propre (une apparence physique, un caractère, une expérience,etc.) Ce qui fait de lui un homme, c'est qu'il est justement ce que les autres ne sont pas. - De même, en étant attentif au déplacement des lignes, on peut récuser, aujourd'hui, le sens la possibilité d'une entente entre les différentes cultures au nom de « la culture » intemporelle.

Si l'onécarte l'hypothèse d'un homme sorti tel quel de l'esprit d'un Dieu créateur, reste une durée longue etlente (plusieurs millions d'années) qui a vu émerger à partir de ses ancêtres simiesques, cet être singulierqu'on appelle « homme ».

Depuis 10 000 ans, l'histoire proprement dite, qui est le temps humain, aremplacé l'évolution naturelle. - Dès lors, l'entente entre les hommes de cultures différentes constitue ce qu'en cinéma on appelle un arrêt sur image.

Comment peut-on qualifier la culture (au singulier), tant au niveau individuel(un homme), que collectif (l'homme) si son aventure est encore en cours ? Solon, le sage grec, en effet,disait qu'on ne peut dire heureux un homme avant sa mort : la mort seule, en effet, transforme la vie enun destin qu'on ne peut plus changer. - Tel est le sens du célèbre énoncé de Sartre « l'existence précède l'essence » (L'existentialisme est un humanisme).

On ne peut dire en quoi consiste la culture au sens universelle (essence del'humanité) tant que son existence n'est pas achevée.

L'homme n'a pas de nature, il a une condition etune histoire, une histoire individuelle qui prend place dans une histoire collective.

Or, tout ce qui a unehistoire n'a pas de définition parce que tout ce qui a une histoire est en devenir et on ne peut définir quece qui ne devient pas, ce qui est déterminé de telle sorte que quoi qu'il arrive, ce qui est ne devient pas,ou pas foncièrement, pas essentiellement.

Si la culture est ce que l'homme se fait, alors les différencesde cultures apparaissent comme autant de visions du monde différentes qui rendent toute communicationinterculturelle impossible. II.

L'unité culturelle comme idéal englobant dialectiquement la multiplicité des cultures - Le point de vue religieux : Les plus anciennes religions ont fait de l'homme le fils de la terre, le produit de la nature : dès lors, chaque peuple se pensait comme radicalement éloignés des autres. - En substituant Dieu à la nature, en faisant de l'homme le produit de l'Esprit et non plus celui de la terre, les religions monothéistes ont inventé cette idée nouvelle de genre humain qui serait comme unefamille immense : sont frères ceux qui ont le même père.

Or les monothéistes ont donné à tous le mêmePère.

De ce point de vue la notion de « la culture » en tant qu'appartenant à l'humanité comme espècecontinue d'avoir une signification forte : elle est ce que Dieu a conçu.

Et cet horizon de « la culture »apparaît comme la condition de possibilité d'une entente entre les différentes cultures, en tant que leshommes sont capables de se penser sur un mode plus universellement commun. - Le point de vue scientifique : Contre l'aberration raciste, la science a prouvé l'unité de l'espèce humaine.

Si les races existaient chez les hommes et si elles étaient séparées comme par des murs,comment expliquer l'efficacité d'un même vaccin à travers le monde ? Tous les hommes font partie d'unmême genre (Homo), d'une même espèce (sapiens), d'une même variété (sapiens une deuxième fois).

Laterre est peuplée de six milliards d'Homo sapiens sapiens.

La couleur de la peau est la différence la plusvisible (c'est pourquoi elle a pris une telle importance), mais au-delà de ces apparences, il existe entretous les homes une profonde unité biologique.

99% de nos gènes sont communs : nos différencesindividuelles tiennent seulement dans le dernier pour cent.

Il semble donc que la diversité culturelle nesoit qu'apparente et puisse, en droit, être unifiée suivant le terme de nature humaine.

La diversitéculturelle n'est dès lors qu'un accident, une contingence historique et géographique ; en droit, la cultureest une.

Et c'est à partir de là que peut se penser une entente possible entre les hommes de culturespourtant historiquement différentes.

Car ces différences ne sauraient abolir l'universalité de la culturecomme unité de l'humain. - Sur le plan de l'esprit, l'unité du genre humain n'est pas moins grande : tous les hommes appartiennent à une société, obéissent à des lois qui ne sont plus celles de la nature, parlent une langue,ont des idées, des projets, des rêves, créent des œuvres d'art, etc.

Des travaux d'anthropologie etd'histoire ont montré que des peuples très éloignés dans le temps et dans l'espace pouvaient aboutir àdes solutions (techniques, artistiques, religieuses, etc.) analogues. - La signification ethico-juridique : Les valeurs morales de la dignité et du respect sont corollaires. La dignité est la valeur attachée à une personne : elle signifie son caractère irremplaçable d'être humain.Le respect est la reconnaissance de la dignité de l'autre.. »

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