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DES FLEURS FANÉES

Publié le 14/02/2011

Extrait du document

Selon votre préférence, résumez le texte suivant en respectant son mouvement, ou bien analysez-le, en distinguant et ordonnant les thèmes et en vous attachant à rendre compte de leurs rapports.    Après ce résumé ou cette analyse, vous dégagerez du texte un problème auquel vous attachez un intérêt particulier : vous en préciserez les données, vous les discuterez s'il y a lieu et vous exposerez, en les justifiant, vos propres vues sur la question.    DES FLEURS FANÉES    La France, on l'a dit souvent, est en grande mue, en pleine transformation. Depuis cinq ou dix ans, ses villes, ses paysages, son visage en un mot ont plus changé qu'au fil des cinquante, des cent années précédentes. Que des bouleversements aussi rapides et profonds la défigurent et commandent qu'on s'indigne, ou au contraire qu'ils l'embellissent, la rajeunissent et engagent à s'extasier, c'est une autre affaire.    A vrai dire, ces changements-là, comme tous et toujours, dérangent et ils inclinent tout naturellement à regretter ce qu'ils détruisent, à défendre ce qu'ils menacent, bien plus qu'à apprécier ce qu'ils apportent. Et puis, il faut en convenir, le sentiment d'être ainsi happé par un mouvement que personne ne contrôle plus, entraîné par une sorte de fatalité que nul ne parvient à dominer, n'incite guère à la sérénité ni à la mesure dans le jugement.    Les Français changent également, et vite, et beaucoup. Leur système de vie et de pensée, leur vision du monde, des autres et d'eux-mêmes, leurs mœurs et leurs croyances, leurs traditions et leurs espérances, sont bousculés, renversés, parfois même carrément inversés.    Là encore, les uns acceptent de bonne grâce, voire avec plaisir, ces révisions déchirantes; d'autres, au contraire, et c'est humain, s'arc-boutent de toutes leurs forces à ce qui fut, refusent et même maudissent ce qui vient. Mais c'est un fait que, pour tous, tout bouge à la fois : le décor autour d'eux, leurs habitudes les plus enracinées, leurs idées les plus solidement ancrées.    Comment leur caractère, leur attitude, leur humeur ne s'en ressentiraient-ils pas?    Mettez un volant entre les mains d'un homme habituellement calme et courtois, il devient, c'est bien connu, un loup enragé. Donnez un képi, un sifflet et un bâton blanc à un garçon pacifique, et le voilà aussitôt rogue, impérieux, tyrannique; et c'est encore une chance qu'on ne lui confie pas un revolver pour régler la circulation ou distribuer des contraventions : il en est qui tireraient à la moindre algarade.    Bien sûr, ce n'est pas nouveau : il y a toujours eu des automobilistes hargneux et des agents autoritaires; et pas plus aujourd'hui qu'hier, tous les conducteurs et tous les policiers ne sont, Dieu merci, de cette espèce. Simplement, les furieux et les brutes sont, semble-t-il, de plus en plus nombreux et de plus en plus bruyants.    Oui, nous sommes entrés dans un monde dur, où les rapports humains sont régis de plus en plus par l'égoïsme, la nervosité, la sécheresse, et conduisent de plus en plus fréquemment à l'agressivité, à la brutalité, à la violence. Le caractère des Français tend à s'aigrir, leur attitude se durcit, leur humeur se gâte, ils deviennent vindicatifs, brutaux, méchants.    Certes, tout cela n'est rien au regard des drames et des tragédies qui secouent la planète : à peine un froncement de sourcils, est-ce que cela pèse en face des guerres et des révolutions, des oppressions et des répressions, des famines et des crimes? Qu'un peuple perde ainsi quelques-unes des qualités qui faisaient son charme, qu'un pays  abandonne un peu de ce qui faisait la douceur d'y vivre, cela ne compte guère.    Pourtant, la vie en France était dominée traditionnellement par deux idées qui la soutenaient comme les poutres maîtresses tiennent debout l'édifice : l'idée d'équilibre, l'idée de civilisation. Ne pas déranger le rythme sacré de la vie. Pousser aussi loin que possible l'harmonie entre les êtres et avec les choses. Certes, c'étaient là parfois de commodes alibis pour les classes dominantes, d'exquis concepts réservés aux plus cultivés et aux plus favorisés. Mais aujourd'hui l'équilibre est menacé et la civilisation semble plutôt s'éloigner.    « Les Français ont en eux quelque chose de poli et de galant que n'ont pas les autres nations «, assurait Molière1. « On dit que l'homme est un animal sociable «, exposait Montesquieu : « sur ce pied-là, il me paraît que le Français est plus homme qu'un autre, c'est l'homme par excellence, car il me semble être fait uniquement pour la société2 «. Concluant une étude sur notre pays, deux gros volumes publiés en 1935-1937, simultanément en France et en Allemagne, un écrivain d'Outre-Rhin, Paul Distelbarth, allait plus loin encore : « Ainsi est fait, écrivait-il, le peuple de France : sociable, accueillant, gai, modeste, pacifique, humain 3 «.    Que de fleurs!... Hélas! elles sont fanées...    P. VIANSSON-PONTE, Le Monde (30 décembre 1973)    1, Le Sicilien ou l'Amour peintre.    2, Lettres persanes.    3, France vivante.    CORRIGÉ    remarques préalables    Le texte proposé est un article de fond qui, s'élevant au-dessus de l'actualité du jour adopte, sur la transformation de la France, les points de vue des moralistes classiques.    Le journaliste se souvient avec nostalgie de la « douceur de vivre « (celle du Second Empire ou de l'époque 1900). Il donne une définition vague et académique du caractère français — qui rappelle à la fois P. Valéry et J. Giraudoux. La conclusion est assez précieuse. Enfin, tristesse noble du moraliste qui assiste, tel Sénèque ou Montaigne, à la fin d'un monde.   

« 2, Lettres persanes. 3, France vivante. CORRIGÉ remarques préalables Le texte proposé est un article de fond qui, s'élevant au-dessus de l'actualité du jour adopte, sur la transformationde la France, les points de vue des moralistes classiques. Le journaliste se souvient avec nostalgie de la « douceur de vivre » (celle du Second Empire ou de l'époque 1900).

Ildonne une définition vague et académique du caractère français — qui rappelle à la fois P.

Valéry et J.

Giraudoux.

Laconclusion est assez précieuse.

Enfin, tristesse noble du moraliste qui assiste, tel Sénèque ou Montaigne, à la find'un monde. I.

résumé En dix ans, la France a plus changé que dans les cent années précédentes.

Les uns s'en indignent, les autress'extasient; on peut surtouts'inquiéter d'un mouvement qui n'est plus contrôlé.Changent aussi le système de vie et de pensée des Français, leurs croyances, leurs espérances, ce que tousn'acceptent pas. Notre comportement s'en ressent. L'automobiliste devient hargneux, l'agent autoritaire, ce qui n'est ni nouveau ni général, mais la fureur et la brutalitése multiplient. Dans un monde dur, l'égoïsme et la nervosité conduisent à la violence, les Français sont devenus vindicatifs etméchants. Peut-être, au regard des malheurs de l'humanité, n'est-il pas important qu'un peuple perde ses qualités d'équilibre etsa civilisation.

Mais le Français risque de n'être plus l'homme par excellence, sociable, gai, humain. II.

Discussion d'un point intéressant : suggestions a) Le problème le plus intéressant soulevé par ce texte? Pour un Français né sous la IIIe République, qui a connul'ordre moral de l'État français, difficulté d'admettre que ce qui était vrai hier ne l'est plus aujourd'hui, que lacolonisation —jadis noble entreprise et devoir sacré — est devenue un crime contre l'humanité, que l'avortement —naguère crime capital — est reconnu par la loi, que la pornographie — proscrite jusqu'à la Ve République — s'étalemaintenant dans les kiosques, les librairies et les cinémas...

C'est cela, au sens étymologique, la subversion.

Lerenversement total des notions morales.

M.

V.

P.

n'analyse pas les raisons économiques ou politiques du passage àla société de tolérance.

Il n'essaie pas de relier l'évolution des mœurs à celle de la consommation.

Et, puisqu'enFrance, les partisans du libéralisme, de la tolérance, se situent plutôt à gauche (Droite = Ordre moral), il seraitintéressant de distinguer chez les partis révolutionnaires la tendance hédoniste et la tendance austère. b) Le problème de la violence serait aussi intéressant.

Il faudrait faire une analyse sociologique globale pour éviterles explications triviales : carence de la Police, influence du cinéma et de la télévision, nécessité d'une « bonneguerre » pour calmer la jeunesse, etc. Note : L'hédonisme est une conception morale fondée sur la valeur du plaisir comme but de la conduite humaine.. »

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