Devoir de Philosophie

«Des goûts et des couleurs, on ne discute pas.» ?

Publié le 12/03/2004

Extrait du document

Partie 1: La différence des goûts.

* Les goûts varient d'une personne à l'autre, selon les époques différentes. Irréductible diversité que rien ne semble pouvoir résoudre.

* Si le goûts sont la chose du monde la moins partagées. Ils nous sont ce qu'il y a de plus intime, de moins partageables. Le goût est critiqué. Nous ne nous lassons pas de critiquer le mauvais goût des autres: le goût est presque toujours le dégoût des autres (Bourdieu).

* Les goûts sont affaire de la sensibilité et par conséquent sont l'expérience la plus directe de la subjectivité.

• Les goûts, et les objets sur lesquels ils portent, sont-ils d'une nature telle qu'aucune discussion sur eux n'est possible?

• Que veut-on dire par : « On ne discute pas « ? Veut-on simplement dire qu'on ne peut pas en parler? C'est là s'en tenir à l'aspect extérieur de la discussion. Et de toute évidence, cette interprétation est démentie par l'expérience. Veut-on dire plus profondément que les goûts ne peuvent pas être l'enjeu d'une discussion rationnelle, et, partant, qu'on ne peut pas se mettre d'accord sur eux? Cette seconde piste est plus féconde. Elle entraîne la réflexion sur le terrain des questions suivantes : les goûts sont-ils intrinsèquement (c'est-à-dire en eux-mêmes, en tant que tels) indiscutables? En va-t-il de ce que nous jugeons beau comme de ce qui nous plaît simplement?

« KANT : Lorsqu'il s'agit de ce qui est agréable, chacun consent à ce que son jugement, qu'il fonde sur un sentiment personnel et en fonction duquel ilaffirme d'un objet qu'il lui plaît, soit restreint à sa seule personne.

Aussi bien,disant : « Le vin des Canaries est agréable il admettra volontiers qu'un autrecorrige l'expression et lui rappelle qu'il doit dire : cela m'est agréable.

Il en estainsi non seulement pour le goût de la langue, du palais et du gosier, maisaussi pour tout ce qui peut être agréable aux yeux et aux oreilles de chacun.La couleur violette sera douce et aimable pour celui-ci, morte et éteinte pourcelui-là.

Celui-ci aime le son des instruments à vent, celui-là aime lesinstruments à corde.

Ce serait folie que de discuter à ce propos, afin deréputer erroné le jugement d'autrui, qui diffère du nôtre, comme s'il lui étaitlogiquement opposé ; le principe : « A chacun son goût (s'agissant des sens)est un principe valable pour ce qui est agréable.Il en va tout autrement du beau.

Il serait (tout juste à l'inverse) ridicule quequelqu'un, s'imaginant avoir du goût, songe en faire la preuve en déclarant :cet objet (l'édifice que nous voyons, le vêtement que porte celui-ci, leconcert que nous entendons, le poème que l'on soumet à notre appréciation)est beau pour moi.

Car il ne doit pas appeler beau, ce qui ne plaît qu'à lui.Beaucoup de choses peuvent avoir pour lui du charme et de l'agrément ;personne ne s'en soucie ; toutefois lorsqu'il dit qu'une chose est belle, ilattribue aux autres la même satisfaction ; il ne juge pas seulement pour lui, mais pour autrui et parle alors de la beauté comme si elle était une propriété des choses.

C'est pourquoi il dit : lachose est belle et dans son jugement exprimant sa satisfaction, il exige l'adhésion des autres, loin de compter surleur adhésion, parce qu'il a constaté maintes fois que leur jugement s'accordait avec le sien.

Il les blâme s'ils jugentautrement et leur dénie un goût, qu'ils devraient cependant posséder d'après ses exigences ; et ainsi on ne peutdire : « A chacun son goût Cela reviendrait à dire : le goût n'existe pas, il n'existe pas de jugement esthétique quipourrait légitimement prétendre à l'assentiment de tous. Avez-vous compris l'essentiel ? 1 La beauté est-elle une propriété des choses ?2 Le principe du « A chacun son goût est-il acceptable lorsqu'il s'agit de l'agréable ?3 Les objets beaux font-ils l'unanimité ? Réponses: 1 - Non : la beauté n'est pas dans les choses, mais dans le jugement sur ces choses.

Cependant ce jugement esttel que tout se passe comme si la beauté était une propriété de l'objet.2 - Oui, parce qu'il n'y a aucune contradiction logique dans le fait que ce qui est agréable pour quelqu'un ne le soitpas pour quelqu'un d'autre.3 - Non : lorsque l'on interroge plusieurs personnes sur une oeuvre d'art, on ne constatera rien de tel.

L'universalitéest ici une exigence du jugement esthétique, nullement la constatation sociologique d'une unanimité. • "Quadrature du cercle" (Kant) % au jgt de goût = Comment affirmer à la fois que les goûts sont indiscutablementpropres à chacun, et que leur accord doit être néanmoins possible?• Solution kantienne: le jgt de goût ne peut être que subjectif: il n'est pas possible qu'un tableau plaise également àtous, alors qu'ils peuvent se mettre d'accord sur la démonstration d'un théorème mathématique.

Il ne peut existerd'objectivité en matière de goût; il est juste question d'éprouver une satisfaction, un plaisir.• Cela dit, distinguer ce qui fait plaisir de ce qui plaît: "Chacun appelle agréable ce qui lui fait plaisir; beau ce qui luiplaît simplement".

Est agréable ce qui cause un plaisir au niveau de la simple sensation.

Et c'est bien relativement àl'agréable que le jugement est propre à chacun sans discussion possible.

Pour ce qui est de l'agréable: "A chacunselon ses goûts".• Quant à ce qui plaît simplement, cad le beau = objet du jgt de goût à l'état pur.• Nous distinguons ce qui nous plaît (beau) et ce qui nous fait plaisir (agréable):• "Il serait ridicule que quelqu'un, s'imaginant avoir du goût, songe en faire la preuve en déclarant: cet objet (cevêtement, ce concert, ce poème) est beau pour moi.

Car il ne doit pas appeler beau ce qui ne plaît à lui...

Lorsqu'ildit qu'une chose est belle, il attribue aux autres la même satisfaction; il ne juge pas seulement pour lui mais pourautrui et parle alors de la beauté comme si elle était une propriété des choses.

C'est pourquoi il dit: la chose estbelle et dans son jgt, il exige l'adhésion de tous".• Pour bien comprendre Kant, il faut distinguer le fait et le droit.

De fait, les hommes ne se sont peut-être jamais misd'accord sur ce qu'il convenait d'appeler beau.• Le beau est de droit universel.

Il doit plaire universellement.

Dans ce cas, affirmer du beau: "A chacun son goût"reviendrait à nier l'existence du goût, du jugement purement esthétique que l'on porte sur les choses sansconsidération du plaisir qu'on y prend.

Quand bien même les hommes ont des goûts divers, il faut supposer une idéeuniverselle du beau, ne serait-ce que comme le fondement d'une discussion toujours possible en matière esthétique.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles