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Y a-t-il des guerres de religion ?

Publié le 24/04/2004

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Si une religion se veut la seule vraie pour tous les hommes, comment peut-elle tolérer qu'il y en ait qui ne la pratiquent pas ? Il y a un rapport fort entre religion, guerre, peuple et vérité, qu'il faut élucider. Références utiles : Bayle, Traité sur la tolérance ; Spinoza, Traité théologique-politique. CITATIONS: « Salut à la guerre ! C'est par elle que l'homme, à peine sorti de la boue qui lui sert de matrice, se pose dans sa majesté et sa vaillance. C'est sur le corps d'un ennemi battu qu'il fait son premier rêve de gloire et d'immortalité. « Proudhon, La Guerre et la Paix, 1861. « La guerre est un acte de violence destiné à contraindre l'adversaire à exécuter notre volonté. « Clausewitz, De la Guerre, 1833. La guerre « est une continuation de la politique par d'autres moyens. « Clausewitz, De la Guerre, 1833.

 À première vue, on ne peut que constater l'existence de guerres de religions : croisades, guerre de cent ans, conflit entre les musulmans et les juifs au Moyen-Orient. Mais est-ce que ce sont bien des guerres de religion ? la religion n'est-elle pas qu'un prétexte ? L'expression "guerre de religion" est paradoxale : le mot religion dérive du mot latin "religio" qui renvoie a l'idée de "lien", un lien puissant entre les hommes et dieu mais aussi entre hommes et hommes. La guerre est un conflit entre les hommes, ce qui est contradictoire. Des hommes peuvent-ils se battre pour une foi, ou se battent-ils pas pour autre chose (territoire etc.) — auquel cas quel est le rôle de la foi là-dedans ? Comment la religion peut-elle justifier la guerre ? Il n'y a guerre que lorsqu'une religion se veut unique, valable pour tous les hommes. Mais la religion n'est-elle pas basée sur l'idée de tolérance ? Comment la religion peut-elle être fondée par la force ? Quel est le rôle de la guerre dans la religion ? Si une religion se veut la seule vraie pour tous les hommes, comment peut-elle tolérer qu'il y en ait qui ne la pratiquent pas ?

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« c) Et c'est bien ce qui explique alors ce développement des religions sans texte et avec la seule référence au cœur et à la moralecomme on peut le voir dans la Profession de Foi du Vicaire Savoyard de Rousseau : « il avait vu, dans la subtilité des vaines disputes, le paradis et l'enfer mis pour prix à des jeux de mots ; il avait vu la sublime et primitive idée de la Divinité défigurée parles fantasques imaginations des hommes ; et, trouvant que pour croire en Dieu il fallait renoncer au jugement qu'on avait reçu delui, il prit dans le même dédain nos ridicules rêveries et l'objet auquel nous les appliquons.

Sans rien savoir de ce qui est, sans rienimaginer sur la génération des choses, il se plongea dans sa stupide ignorance avec un profond mépris pour tous ceux quipensaient en savoir plus que lui ».

Ainsi il abolit le fondement même de la guerre de religion qui l'existence d'un texte sacré pourun retour à une religion du cœur. Transition : Ainsi s'il y a bien des guerres de religion, il faut bien voir qu'elles ont pour fondement la passion des hommes et leur concurrencequi n'est rien d'autres qu'une mécompréhension de la religion en tant qu'acceptation de l'autre : c'est-à-dire comme amour del'humanité.

II – La religion amour de tous a) Si l'on parle d'amour de l'humanité, il faut définir tout d'abord ce que peut être l'amour, l'humanité et le rapport qu'ils peuvententretenir notamment puisque l'amour est un sentiment si ce dernier est instinctif, c'est-à-dire nature à l'homme ou bien acquis ets'il est en vue de quoi.

Or comme le remarque Bergson dans Les deux sources de la morale et de la religion , l'amour de l'humanité n'est pas premier ou naturel à l'homme en tant qu'il serait instinctif mais bien acquis : « Qui ne voit que la cohésionsociale est due, en grande partie, à la nécessité pour une société de se défendre contre d'autres, et que c'est d'abord contre tousles autres hommes qu'on aime les hommes avec lesquels on vit ? Tel est l'instinct primitif.

Il est encore là, heureusement dissimulésous les apports de la civilisation ; mais aujourd'hui encore nous aimons naturellement et directement nos parents et nosconcitoyens, tandis que l'amour de l'humanité est indirect et acquis.

» En effet, s'il peut apparaître normal ou intuitif d'aimer sesparents ou ses proches.

Il n'en reste pas moins que l'humanité dans sa totalité suppose une pensée qui aille au-delà de soi, versl'inconnu, même le méchant, en tout temps et en tout lieu.

Autrement dit, cet amour est l'amour plus d'un concept que d'une réalitépalpable pour l'individu.

Dès lors comment peut-on en venir à aimer l'humanité. b) En effet, si l'amour de l'humanité est une affection, ou un sentiment qui n'est pas naturel c'est qu'il dérive de la religion etnotamment de l'idée de Dieu c'est-à-dire de l'homme en tant qu'il est une créature divine fait à son image.

Dès lors, aimerl'humanité c'est aimer la création et la puissance de Dieu, lui rendre hommage et faire preuve de charité et de compassion enversles hommes comme le note Bergson dans Les deux sources de la morale et de la religion : « A celle-ci nous ne venons que par un détour ; car c'est seulement à travers Dieu, en Dieu, que la religion convie l'homme à aimer le genre humain ; comme aussic'est seulement à travers la Raison, dans la Raison par où nous communions tous, que les philosophes nous font regarderl'humanité pour nous montrer l'éminente dignité de la personne humaine, le droit de tous au respect.

Ni dans un cas ni dans l'autrenous n'arrivons à l'humanité par étapes, en traversant la famille et la nation.

Il faut que, d'un bond, nous nous soyons transportésplus loin qu'elle et que nous l'ayons atteinte sans l'avoir prise pour fin, en la dépassant.

» c) Et c'est en ce sens alors que l'on peut comprendre « qu'on parle d'ailleurs le langage de la religion ou celui de la philosophie,qu'il s'agisse d'amour ou de respect, c'est une autre morale, c'est un autre genre d'obligation.

» ( Bergson , Les deux sources de la morale et de la religion ).

Or dire qu'il s'agit là d'un nouveau type d'obligation c'est insister sur le fait que cet amour de l'humanité a pour vocation que créer un ordre social c'est-à-dire de pousser l'homme à cohabiter avec son prochain comme lamorale.

Il s'agit d'un autre subterfuge afin de rendre l'homme sociable.

Il s'agit d'une des conditions qui permettent l'établissementde communauté.

Et c'est en ce sens que la religion est statutaire. Transition : Ainsi les guerres de religion sont une vision erronée de l'enseignement des concepts fondamentaux de la religion qui ne dériventque de l'intolérance et du refus d'autrui ayant pour ressort une crispation sur l'idée de Vérité.

III – Guerre des hommes & intolérance. »

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