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Y a-t-il des leçons de l'histoire ?

Publié le 22/01/2004

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histoire
La thèse selon laquelle de telles leçons existent permettrait pourtant de répondre à la question : comment les grands hommes de l'histoire ont-ils fait pour réussir les coups d'éclat que celle-ci retient d'eux et qui ont fait leur grandeur ? La réponse ordinaire consistait à affirmer qu'ils ont su tirer parti des leçons de l'histoire, par une lecture attentive de ses mécanismes et de ses enseignements.À l'appui de cette réponse, on cite souvent les exemples de personnages historiques qui ont su, dit-on, utiliser les fruits de cet enseignement. Le prince Laurent de Médicis, par exemple, régnant sur Florence, en Italie, sut profiter de la clairvoyante analyse que fit Machiavel des mécanismes politiques, dans on ouvrage Le Prince, au XV` siècle. En outre, en Europe, à l'époque où Hegel écrit le texte dont est présenté ici un extrait, on admire déjà Napoléon Bonaparte pour la lucidité de ses décisions, et l'on affirmera bientôt que la réussite de ses conquêtes est en partie liée à la lecture attentive qu'il fit des exploitsd'Alexandre le Grand et à la manière dont il sut tirer parti des leçons que ceux-ci pouvaient lui fournir.Mais ces exemples ne sont pas recevables, selon Hegel. « Les grands caractères » sont ceux qui, à chaque fois, ont trouvé la solution appropriée à un problème donné, la solution originale à une difficulté nouvelle, création de leur génie et de leur inventivité.Il faut donc conclure que dans « le tumulte des événements » une maxime générale est, non seulement une illusion, mais même un obstacle. Elle propose, en effet, aux hommes politiques qui doivent affronter une crise, des solutions nécessairement inadaptées à la nouveauté de la situation présente. Cette maxime paralyse, au contraire, l'action du Génie historique, en l'empêchant d'inventer des solutions nouvelles.
De même que l'homme tire des leçons de ses expériences passées, le genre humain prend conscience des tâches qu'il lui reste à réaliser en tirant enseignement de sa propre histoire. Mais, il n'y a pas de lois scientifiques de l'histoire comme il y a des lois de la nature. Chaque période est unique. Voilà qui rend doublement impossible le fait que l'on puisse prétendre tirer d'elle des leçons. Elle n'est que la connaissance du passé.


histoire

« "L'expérience et l'histoire nous enseignent que peuples etgouvernements n'ont jamais rien appris de l'histoire, qu'ils n'ont jamaisagi suivant les maximes qu'on aurait pu en tirer.

Chaque époque,chaque peuple se trouve dans des conditions si particulières, formeune situation si particulière, que c'est seulement en fonction de cettesituation unique qu'il doit se décider : les grands caractères sontprécisément ceux qui, chaque fois, ont trouvé la solution appropriée.Dans le tumulte des événements du monde, une maxime générale estd'aussi peu de secours que le souvenir des situations analogues qui ontpu se produire dans le passé, car un pâle souvenir est sans force dansla tempête qui souffle sur le présent ; il n'a aucun pouvoir sur le mondelibre et vivant de l'actualité." Georg W.

E Hegel, Leçons sur la philosophie de l'histoire (1837), trad.'.Gibelin, Vrin Ce que défend ce texte: Ce texte d'Hegel tient à revenir sur un préjugé admis par le sens commun etqui consiste à dire que l'histoire nous donne des leçons, que nous pouvons «tirer des leçons de l'histoire ».

Une telle idée suppose que l'histoire puissenous offrir un enseignement comparable à celui qu'un physicien tire de la nature quand il établit les lois qui la régissent.Or, selon Hegel, « l'expérience et l'histoire nous enseignent que peuples et gouvernements n'ont jamais rien apprisde l'histoire ».

C'est là le seul véritable enseignement de l'histoire et il est paradoxal, puisqu'il porte sur sa proprenégation.

Autrement dit, l'Histoire nous enseigne qu'elle ne nous enseigne rien.

Les peuples et leurs gouvernantsn'ont, en effet, jamais agi suivant lesrègles d'action (ou « maximes ») qu'ils auraient pu tirer des événements du passé, car pour que de telles maximesaient quelque valeur et efficacité, il faudrait qu'elles soient générales et puissent s'appliquer à toute situation futurequi présenterait les mêmes conditions que la situation passée.Or cela n'est pas possible, car « chaque époque, chaque peuple, se trouve dans des conditions si particulières,forme une situation si particulière, que c'est seulement en fonction de cette situation unique qu'il doit se décider ».Ainsi, c'est la singularité et l'originalité de chaque époque qui empêchent d'opérer des généralisations, d'établir deprétendues règles ou lois générales d'action, car les faits historiques sont absolument uniques.

¦ Ce à quoi s'oppose cet extrait: Hegel s'oppose ici à une certaine manière d'utiliser l'histoire, celle qui consiste à justifier une politique en s'appuyantsur les prétendues leçons du passé.

La thèse selon laquelle de telles leçons existent permettrait pourtant derépondre à la question : comment les grands hommes de l'histoire ont-ils fait pour réussir les coups d'éclat quecelle-ci retient d'eux et qui ont fait leur grandeur ? La réponse ordinaire consistait à affirmer qu'ils ont su tirer partides leçons de l'histoire, par une lecture attentive de ses mécanismes et de ses enseignements.À l'appui de cette réponse, on cite souvent les exemples de personnages historiques qui ont su, dit-on, utiliser lesfruits de cet enseignement.

Le prince Laurent de Médicis, par exemple, régnant sur Florence, en Italie, sut profiterde la clairvoyante analyse que fit Machiavel des mécanismes politiques, dans on ouvrage Le Prince, au XV` siècle.En outre, en Europe, à l'époque où Hegel écrit le texte dont est présenté ici un extrait, on admire déjà NapoléonBonaparte pour la lucidité de ses décisions, et l'on affirmera bientôt que la réussite de ses conquêtes est en partieliée à la lecture attentive qu'il fit des exploitsd'Alexandre le Grand et à la manière dont il sut tirer parti des leçons que ceux-ci pouvaient lui fournir.Mais ces exemples ne sont pas recevables, selon Hegel.

« Les grands caractères » sont ceux qui, à chaque fois, onttrouvé la solution appropriée à un problème donné, la solution originale à une difficulté nouvelle, création de leurgénie et de leur inventivité.Il faut donc conclure que dans « le tumulte des événements » une maxime générale est, non seulement une illusion,mais même un obstacle.

Elle propose, en effet, aux hommes politiques qui doivent affronter une crise, des solutionsnécessairement inadaptées à la nouveauté de la situation présente.

Cette maxime paralyse, au contraire, l'action duGénie historique, en l'empêchant d'inventer des solutions nouvelles.Aussi est-elle « d'aussi peu de secours que le souvenir des situations analogues qui ont pu se produire dans lepassé, car un pâle souvenir est sans force dans la tempête qui souffle sur le présent ».

Un tel souvenir n'a donc pasplus de pouvoir sur le présent que ces prétendues maximes générales.

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