Devoir de Philosophie

Y a-t-il des pensées dangereuses ?

Publié le 02/01/2010

Extrait du document

 

 

DOCUMENT PLAGIE.

« savoir.

Mais encore faut-il pour cela prendre conscience de sa propre ignorance.

Or c'est justement ce savoir de sapropre ignorance qui fait défaut à ce collectionneur d'opinions, à ce philodoxe qu'est Ménon, ce personnage dans ledialogue de Platon du même nom.

Ce qui apparaît à la lecture de cette oeuvre, c'est que Ménon ne sait pas penseret qu'il refuse de le faire, comme s'il incarnait toutes les réticences de l'esprit à penser et la tentation qui estsouvent la sienne de céder à la paresse.La pensée réfléchie et rationnelle rejette donc la pensée irréfléchie et irrationnelle.

"L\'opinion pense mal ; elle nepense pas" déclare ainsi Gaston Bachelard dans La formation de l'esprit scientifique.

"On ne peut rien fonder surl'opinion, poursuit le philosophe : il faut la détruire.

Elle est le premier obstacle à surmonter." Qui recherche la véritédoit commencer par douter de tout ce qu'il croit savoir et qui n'est qu\'opinion infondée.

C'est bien ce que faitDescartes dans les Méditations métaphysiques et dans le Discours de la méthode.Le danger de cette forme de pensée passive qu'est l'opinion qui s'ignore ou la croyance qui ne doute pas d'elle-même est donc de détourner l'esprit de la recherche de la vérité.

Mais ce n'est pas tout : la croyance crédule placeaussi l'esprit à la merci d'illusions de toutes sortes qui ont tôt fait de l'asservir.

Renoncer à penser par soi-même et àfaire usage de sa propre raison, c'est prendre le risque d'être manipulé par autrui.

La pensée véritable ne se délèguepas.

Laisser à d'autres le soin de juger pour soi, c'est perdre son libre arbitre.

C'est pourquoi il convient de faire ensorte que chacun pense par soi-même.

Tel est le projet des philosophes des Lumières au XVIIIe siècle.

"Sapere aude! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des Lumières" déclare Kant dans l'opusculeRéponse à la question : "Qu'est-ce que les Lumières".

C'est "la vocation de tout homme à penser par soi-même" quepromeuvent les Lumières.

Toutefois "penser par soi-même", ce n'est pas penser seul avec soi-même.

Kant le montrebien lorsqu'il énonce les maximes du sens commun dans la Critique de la faculté de juger.

Si la première maxime estde penser par soi-même, la seconde est de "penser en se mettant à la place de tout autre être humain".

Chercher àse libérer des préjugés, c'est aussi se méfier de soi-même.

Chacun a en effet, selon son idiosyncrasie, ses proprespréjugés, ses propres opinions personnelles dont il convient de se méfier.

C'est ici contre le risque d'une penséebornée ou étroite d'esprit que Kant nous met en garde.

Il s'agit de réfléchir sur son propre jugement à partir d'unpoint de vue universel, c'est-à-dire de ne pas s'en tenir à la situation particulière dans laquelle on se trouve.Le projet des Lumières - faire en sorte que chacun se mette à penser par soi-même - les conduit à entrer en luttecontre l'obscurantisme religieux et la monarchie absolue.

L'obscurantisme religieux condamne la liberté de pensée etasservit les consciences.

La monarchie absolue instrumentalise la religion pour affermir son emprise sur le peuple car"pour gouverner la multitude, il n'est rien de plus efficace que la superstition " comme le rappelle déjà Spinoza,citant Quinte Cruce dans la Préface du Traité théologico-politique en 1670 :"Le plus grand secret du gouvernement monarchique et son intérêt majeur consistent à tromper les hommes et àmasquer du nom spécieux de religion la crainte qui doit les retenir, afin qu'ils combattent pour leur servitude commesi c'était pour leur salut et tiennent non pour une honte, mais pour le plus grand honneur de gaspiller leur sang etleur vie pour la vanité d'un seul homme".C'est ainsi que les hommes deviennent « prisonniers de la superstition » qui les persuade, par exemple, de verserleur sang et de risquer leur vie en prenant part à une guerre menée au nom de Dieu et qui ne sert en réalité que lesintérêts des puissants.

Tout comme Lucrèce, disciple romain du grec Epicure, qui, dès le 1er siècle après J.-C.,assignait à la raison, la tâche de "dissiper la terreur et les ténèbres", les Lumières entendent battre en brèchel'obscurantisme religieux en permettant à chacun de penser par soi-même.

Mais ce que la lecture de l\'opuscule deKant révèle, c'est que les hommes, par paresse et par lâcheté, sont eux-mêmes responsables de l'état de tutelledans lequel ils se trouvent :"Paresse et lâcheté sont les causes qui font qu'un si grand nombre d'hommes, après que la nature les eut affranchisdepuis longtemps d'une conduite étrangère, restent cependant volontiers toute leur vie dans un état de tutelle ; etqui font qu'il est si facile à d'autres de se poser comme leurs tuteurs.

Il est si commode d'être sous tutelle.

Si j'ai unlivre qui a de l'entendement à ma place, un directeur de conscience qui a de la conscience à ma place, un médecinqui juge à ma place de mon régime alimentaire, etc., je n'ai alors pas moi-même à fournir d'efforts.

Il n'est pasnécessaire de penser dès lors que je peux payer ; d'autres assumeront bien à ma place cette fastidieuse besogne.Et si la plus grande partie, de loin, des hommes (...) tient ce pas qui affranchit de la tutelle pour très dangereux etde surcroît très pénible, c'est que s'y emploient ces tuteurs."Nombreux sont ainsi ceux qui finissent par être persuadés qu'il est risqué de penser par soi-même et préférable delaisser ce soin à d'autres, alors que le danger n'est pas tant, comme on vient de le voir, de penser, au sens strict duterme, que de ne pas penser.

Ils en viennent aussi à considérer comme dangereux ceux qui ont l'audace de penserlibrement ou de ne pas penser comme eux, et c'est peut-être la première raison pour laquelle la pensée est uneactivité qui eut s\'avérer risquée. 3e partie Le droit accordé à chacun de penser ce qu'il veut, de pratiquer la religion qu'il choisit, d'exprimer ses idées, aussilicencieuses ou extravagantes soient-elles semble aller de soi pour nous aujourd'hui.

L'article 10 de la Déclarationdes droits de l'homme et du citoyen de 1789 stipule ainsi que "nul ne doit être inquiété pour ses opinions, mêmereligieuses, pourvu que leurs manifestations ne troublent pas l'ordre public établi par la loi", tandis que l'article 19 dela Déclaration universelle des droits de l'homme des Nations Unies reconnaît que "tout individu a droit à la libertéd'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir etde répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées, par quelque moyen que ce soit." Il n'estdonc pas dangereux d'exprimer ses pensées là où ces droits sont reconnus, mais ils sont dans les sociétésoccidentales modernes le fruit d'une histoire lourde de persécutions et ils sont encore menacés en de nombreusesrégions du globe.

En outre, que la liberté de pensée et d'expression soient reconnues signifie-t-il pour autant qu'iln'y ait pas de pensées qu'il soit dangereux d'exprimer ?Tout en reconnaissant que la liberté d'expression est un droit fondamental et inaliénable de tout homme, la loi. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles