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DESCARTES: ERREUR ET VOLONTE

Publié le 16/04/2005

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descartes
Mais, parce que nous savons que l'erreur dépend de notre volonté, et que personne n'a la volonté de se tromper, on s'étonnera peut-être qu'il y ait de l'erreur en nos jugements. Mais il faut remarquer qu'il y a bien de la différence entre vouloir être trompé et vouloir donner son consentement à des opinions qui sont cause que nous nous trompons quelquefois. Car encore qu'il n'y ait personne qui veuille expressément se méprendre, il ne s'en trouve presque pas un qui ne veuille donner son consentement des choses qu'il ne connaît pas distinctement : et même il arrive souvent que c'est le désir de connaître la vérité qui fait que ceux qui ne savent pas l'ordre qu'il faut tenir pour la rechercher manquent de la trouver et se trompent, cause qu'il les incite à précipiter leurs jugements, et prendre des choses pour vraies, desquelles ils n'ont pas assez de connaissance. DESCARTES

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« concerne ce que nous avons déjà à l'esprit ? Parce que ce désir ne s'oppose en rien à ce que nous pouvonslibrement vouloir puisque la vérité n'est pas dénuée de valeur pour nous. Toutefois, ce constat conduit à soutenir que l'erreur est toujours involontaire puisqu'elle n'est pas voulue,alors que pourtant elle dépend de nous, de notre volonté.

C'est bien cela qui rend l'erreur étonnante : ellen'existe que par nos affirmations volontaires, sans jamais être désirée, donc elle n'existe que par nous maismalgré nous.

Elle est volontaire, faite en toute liberté, et involontaire, en dépit de notre désir.

Ce qui pour lemoins est contradictoire. De sorte qu' "on s'étonnera peut-être qu'il y ait de l'erreur en nos jugements." En effet, elle semble tout àfait impossible puisqu'elle n'est jamais voulue et qu'il nous appartient de ne pas nous tromper.

Pourtant, nousla constatons, elle existe bel et bien.

Donc, elle est mais sans paraître possible ! Faut-il réfuter ce qui vient d'être dit ? Ou, sans rien renier, est-il possible de rendre compte néanmoins del'existence de l'erreur ? Par une distinction qui éclaire ses affirmations précédentes, Descartes va pouvoir, sans revenir sur ce qu'il adéjà dit, dépasser la contradiction et par-là commencer à montrer comment l'erreur est possible. " Mais il faut remarquer qu'il y a bien de la différence entre vouloir être trompé et vouloir donner sonconsentement à des opinions qui sont cause que nous nous trompons quelquefois.

Car encore qu'il n'y aitpersonne qui ne veuille expressément se méprendre, il ne s'en trouve presque pas qui ne veuille donner sonconsentement à des choses qu'il ne connaît pas distinctement" Reformulation-explicitation. Se tromper ou être trompé ne supposent pas que l'on veuille faire des erreurs ou être induit en erreur.

Nousne voulons jamais l'erreur.

Mais nous pouvons tout à fait librement, c'est-à-dire donc par un acte de lavolonté, admettre comme vraie une proposition fausse.

C'est possible chaque fois qu'on ne connaît pas bience sur quoi on se prononce. Explication. Pour se tromper, il n'est pas nécessaire de le vouloir.

Il suffit de donner son accord à une proposition qui estfausse. "[...]il faut remarquer qu'il y a bien de la différence entre vouloir être trompé et vouloir donner sonconsentement à des opinions qui sont cause que nous nous trompons quelquefois." Il est tout à fait possible de se tromper ou d'être induit en erreur sans devoir nier que nous désirons lavérité.

L'existence de l'erreur n'est pas incompatible avec l'affirmation selon laquelle nous voulons la vérité.En effet, vouloir la vérité, c'est aspirer au vrai, désirer connaître la vérité.

Or, ce n'est pas du tout la mêmechose que pouvoir affirmer sans contrainte ou admettre sans y être forcé, donc en toute liberté et demanière totalement délibérée, une proposition qui pourrait être fausse. Vouloir la vérité d'un côté et affirmer ou consentir volontairement à quelque chose de l'autre sont deuxchoses très différentes l'une de l'autre.

La volonté n'y joue pas le même rôle.

D'un côté, elle est uneaspiration volontaire, un désir qui nous porte vers le vrai ; de l'autre, elle est un acte par lequel j'affirmequ'une chose est vraie, qu'elle le soit ou non.

Désirer n'est pas affirmer ou consentir.

Le désir de la véritéporte sur des propositions qui ne sont pas encore présentes en mon esprit et que je veux découvrir ; pouvoirlibrement affirmer ou nier une proposition n'a de sens que par rapport à celles qui sont présentes en moi, enma pensée. Ainsi est-il possible de soutenir simultanément que l'erreur dépend de notre volonté et que nous ne voulonspas nous tromper.

L'erreur n'est jamais voulue, mais elle est possible pour peu que j'admette librementcomme vraie une proposition fausse. Mais comment est-il possible d'admettre comme vraie une proposition fausse ? "Car encore qu'il n'y ait personne qui ne veuille expressément se méprendre, il ne s'en trouve presque pas unqui ne veuille donner son consentement à des choses qu'il ne connaît pas distinctement" Reformulation - explicitation. On peut ne pas vouloir se tromper et en même temps vouloir admettre quelque chose comme vrai.

Or chaquefois que j'admets comme vraie une chose que je ne connais pas assez bien, je prends le risque de tenir pourvraie une chose fausse, puisque, ne la connaissant pas bien, j'ignore si en réalité elle est vraie ou fausse. Explication.. »

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