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« La description chez Balzac »

Publié le 23/05/2011

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balzac

INTRODUCTION

On a souvent remarqué l'importance quantitative des passages descriptifs chez Balzac, sans s'interroger suffisamment sur leur fonction narrative et considérer leur incidence sur la signification du roman. Cette étude thématique est l'occasion de sensibiliser un public jeune aux atouts d'un tel choix esthétique, qu'on accuse volontiers de faire obstacle à la lecture.

balzac

« Elle va tomber en pourriture » (pp.

49-54).— Le Colonel Chabert : L'étude de Derville, depuis : « L'Étude était une grande pièce...

» jusqu'à : «...

des grandsambitieux » (pp.

64-66).2.

La description et l'« effet personnage »1— Le Père Goriot : La chambre de Goriot, depuis : « Eugène, qui se trouvait pour la première fois chez le pèreGoriot...

» jusqu'à : «...

couvert jusqu'au menton » (pp.

191-192).— La Peau de chagrin : La chambre de Raphaël, depuis : « Quand je fus bien résolu...

», jusqu'à « ...par des effetsnouveaux » (pp.

169-172).3.

Le rôle emblématique de la description : la métaphorisation d'un destin— Le Colonel Chabert : Le logis de Chabert au faubourg Saint-Marceau, depuis : «Le Comte Chabert...

» jusqu'à :«...

l'ensemble de ce spectacle ignoble » (pp.

90-92).— La Peau de chagrin : Le magasin d'antiquités, depuis : « Au premier coup d'œil...

» jusqu'à : «...

dédaigneusementamoncelés » (pp.

76-83).Sans ignorer les insuffisances d'un tel classement, nous voudrions surtout en souligner les commodités par rapport àl'approche que préconisent les Instructions Officielles concernant la lecture méthodique : il s'agira surtout, pourchaque texte, d'en extraire le caractère le plus saillant et pertinent, le plus susceptible de fournir un axe de lectureet de baliser efficacement l'exploration graduelle et progressive de la fonction descriptive dans les romans de Balzac.Chaque texte pourra d'ailleurs faire l'objet d'une approche spécifique : lecture d'ensemble pour les textes longs,comme par exemple la description de la pension Vauquer, commentaire plus systématique et linéaire pour desdescriptions plus courtes, comme celle de la chambre du Père Goriot. CATÉGORIES DE LA DESCRIPTION CHEZ BALZAC Après une introduction sur l' incipit balzacien, en particulier à travers la nécessité qu'éprouve le romancier àdépeindre un milieu, on peut passer aisément à ce que Ph.

Hamon nomme l'« effet personnage' », et qui consiste àdépeindre un être particulier par l'intermédiaire de ce qui l'entoure.

Pour compléter ces deux points, on pourra enfins'arrêter plus longuement sur la signification d'ensemble de la description au sein de la structure romanesque, ausens où elle métaphorise aussi bien un destin individuel qu'un état social ou historique'.Le sens précis qui s'attache à chacune des catégories définies ci-dessus, permet de bien souligner la progressionqu'autorise l'organisation d'un tel groupement dans la mise en évidence de la conception balzacienne du roman.

PLAN 1 — LA DESCRIPTION LIMINAIRE Elle apparaît comme la plus attendue dans le cadre du roman réaliste.

On peut en résumer les principaux traitscomme suit :— Situation à l'ouverture du roman, avec nécessité d'établir un cadre socio-historique ou géographique.— Priorité donnée à la description de lieu comme révélatrice d'un milieu, c'est-à-dire, au sens déjà naturaliste duterme, de conditions et d'influences.— À l'inverse, le lieu est aussi envisagé comme signe de la nature, des caractères et de l'identité sociale de sesoccupants.— Prédominance de la description longue, et d'autant plus étendue qu'elle fournit la clef de tout le récit (La pensionVauquer l'étude de Derville, au début du Colonel Chabert).— Caractère impersonnel de la description, limitée à l'évocation de lieux et d'objets, et ne pouvant conduire qu'à desconsidérations générales, de portée sociologique, sur l'espace envisagé dans un cadre historique donné. PLAN 2 — LA DESCRIPTION AVEC EFFET-PERSONNAGE Elle représente évidemment une étape plus complexe dans la caractérisation d'une société par l'intermédiaire de saconfiguration matérielle, puisqu'elle lie étroitement un personnage-type et le milieu qui l'entoure et le révèle.— Rarement en tête du roman, elle obéit à une nécessité narrative et correspond à un stade de prise deconscience, à un moment où le personnage principal parvient à établir un rapport d'identité entre un individu et sonenvironnement.— D'où le passage d'un narrateur omniscient au procédé de focalisation interne : Rastignac dans Le Père Goriot,Derville dans Le Colonel Chabert, représentent nettement la conscience en éveil, celle qui alerte le lecteur et l'inviteà la compassion.— La description de lieu n'est donc plus revêtue de cette gangue de considérations générales et impersonnelles,mais elle est directement associée à une situation qui suscite le commentaire et appelle une conclusion sur lesconditions offertes par l'époque.

« L'homme qui a décidé le gain de la bataille d'Eylau serait là ! » (p.

92), s'écrieDerville dont on devine l'indignation à la vue de l'infâme bouge réservé à Chabert : il y a là, déjà, l'annonce de cettemétaphorisation à valeur historique que nous aborderons en troisième partie.— Nombre de notations sont données, là aussi, à interpréter comme signes, mais appellent surtout à reconstituer undestin individuel au vu de sa situation présente (cf.

à ce propos la dédicace du Père Goriot à Geoffroy Saint-Hilaire,ou la comparaison, au début de La Peau de chagrin, entre le travail de reconstitution que suppose la description et. »

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