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Le désir entre-t-il nécessairement en conflit avec la raison ?

Publié le 28/02/2005

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Si nous supposons un monde dans lequel aucun être conscient et désirant ne serait présent, pourrions-nous accorder un sens à cet univers ? Pourrions-nous lui accorder une valeur quelconque ? Nous aurions affaire à un univers dans lequel tout se situerait sur le même plan, à un monde qui n'existerait pour personne et qui pour cette raison ne serait l'objet d'aucune sélection, d'aucun choix. C'est donc pourquoi sens et valeur ne peuvent être considérés comme des êtres en soi, des Idées, existant par soi, mais comme la création, la production de la conscience et du désir. Ce renversement instaure un relativisme radical, lequel renvoie toute morale qui se voudrait absolue à son statut d'illusion. Dieu ou la Nature n'ont pas de morale: il n'est de morale qu'humaine. C'est pourquoi nous pouvons considérer avec Spinoza que: "«Nous ne nous efforçons à rien, ne voulons, n'appétons ni ne désirons aucune chose parce que nous la jugeons bonne; mais, au contraire, nous jugeons qu'une chose est bonne parce que nous nous efforçons vers elle, la voulons, appétons et désirons.» Nous ne désirons pas une chose parce que nous la jugeons bonne mais nous la jugeons bonne parce que nous la désirons. Le désir produit ses objets et n'est pas produit par eux. Spinoza opère une véritable révolution copernicienne en invalidant la thèse (platonicienne) d'une objectivité absolue des valeurs.

« Epicure énumère les conditions d'un désir légitime, tant dans les domaines de la législation, des conventions sociales, de la morale, que de la santé et de l'économie.

Mais il s'agit là d'une formule de rhétorique ; une tellesomme d'exigences s'avère être une gageure, ou plutôt l'exposé des griefs d' Epicure envers la passion ; puisqu'elles sont non seulement inutiles, mais nuisibles. Dans d'autres textes, Epicure distingue parmi les plaisirs , ceux qui sont naturels et nécessaires, ceux qui sont naturels mais non nécessaires, et enfin ceux qui ne sont ni naturels et non nécessaires.

Or, le sagerecherche les premiers et méprise les autres.

L ‘épicurisme est donc une morale du plaisir, mais dans les limitesdu simple besoin ; sa finalité est l'ataraxie ; sa méthode consiste à se contenter de peu, à ne désirer que cequi est nécessaire, et à fuir tout ce qui peut stimuler des impulsions artificielles et excessives, comme nous yinvite la fin de notre texte.

Contrairement à une réputation infondée, la morale épicurienne est doncincompatible avec les passions. [La raison est soumise aux passions.] Dans son Traité de la nature humaine, Hume observe que «rien n'est plus habituel en philosophie, etmême dans la vie courante, que de parler du combat de la passion et de la raison, de donner lapréférence à la raison et d'affirmer que les hommes ne sont vertueux que dans la mesure où ils seconforment à ses décrets.

Toute créature raisonnable, dit-on, est obligé de régler ses actions par laraison ; si un autre motif ou un autre principe entre en lutte pour diriger sa conduite, elle doit lecombattre jusqu'à complète soumission ou du moins jusqu'à ce qu'il soit amené à un accord avec ceprincipe supérieur» (Aubier, II, p.

522).

Or ce que Hume dit des passions vaut également pour les désirs.Une créature raisonnable ne peut donc en tant qu'elle est raisonnable, condamner ou approuver lesdésirs : être raisonnable ce n'est ni renoncer à ses désirs, ni souhaiter les satisfaire.

Hume rejette en effet l'opposition traditionnelle entre la raison d'une part, les désirs et les passions del'autre, ainsi que la prééminence supposée de la raison sur les désirs et les passions, en montrant«premièrement, que la raison ne peut être à elle seule un motif pour un acte volontaire, etdeuxièmement, qu'elle ne peut jamais combattre la passion sans la direction de la volonté» (id.). b) La raison ne peut s'opposer aux désirs Qu'est-ce en effet que la raison ? Au sens strict, c'est la faculté de former et de combiner logiquementdes concepts et des propositions.

La raison nous permet de dire si de telles combinaisons, ou jugements,sont cohérentes ou incohérentes, c'est-à-dire si ces jugements sont formellement vrais ou faux.

D'autrepart, en confrontant ces jugements à l'expérience, la raison nous permet de dire s'ils correspondent àdes faits, c'est-à-dire s'ils sont réellement vrais ou faux. HUME : LA RAISON EST ÉTRANGÈRE À LA MORALE Malebranche, comme Descartes, voit dans la raison une faculté debien juger en général, c'est-à-dire de distinguer tant le bien dumal que le vrai du faux.

Mais n'est-ce pas là une conceptionerronée de la raison ? En effet (comme le remarque ici Hume àpropos des passions) la raison étant la faculté de raisonner, c'est-à-dire de combiner logiquement des concepts ou des propositions,elle ne peut se prononcer que sur le vrai et le faux, et non pas surle bien et le mal. « Si une passion ne se fonde pas sur une fausse suppositionet si elle ne choisit pas des moyens impropres à atteindre lafin, l'entendement ne peut ni la justifier ni la condamner.

Iln'est pas contraire à la raison de préférer la destruction dumonde entier à une égratignure de mon doigt.

Il n'est pascontraire à la raison que je choisisse de me ruinercomplètement pour prévenir le moindre malaise d'un Indienou d'une personne complètement inconnue de moi.

Il estaussi peu contraire à la raison de préférer à mon plus grandbien propre un bien reconnu moindre.

Un bien banal peut, enraison de certaines circonstances, produire un désir. »

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