Devoir de Philosophie

La désobéissance peut-elle être civique ?

Publié le 03/03/2005

Extrait du document

Il faudrait donc qu'il y eût un chef au-dessus du chef pour trancher entre ce dernier et le peuple, ce qui se contredit. » Une première piste peut consister à refuser toute qualité civique à la désobéissance, parce qu'elle menace le fonctionnement de l'ordre politique, ou, pire encore, ses fondements : pour que l'Etat puisse convenablement fonctionner, il faut qu'il existe un consensus de fait sur les bases de son système, et la désobéissance sape ces bases en les mettant en doute aux yeux de l'opinion publique ; elle est donc une grave menace de désordre et de dysfonctionnement politique. * La désobéissance comme réflexion critique sur la politique Rawls « La désobéissance civile peut être définie comme un acte public, non-violent, décidé en conscience, mais politique, contraire à la loi et accompli le plus souvent pour amener un changement dans la loi ou bien dans la politique du gouvernement. En agissant ainsi, on s'adresse au sens de la justice de la majorité de la communauté et on déclare que, selon une opinion mûrement réfléchie, les principes de coopération sociale entre des êtres légaux ne sont pas actuellement respectés. » S'il semble juste de refuser un droit à la désobéissance gratuite et immotivée, il apparaît en revanche que cette désobéissance, si elle se fonde sur une réflexion politique réelle, puisse être un des moyens d'amendement de l'exercice du pouvoir politique lorsque celui-ci se montre injuste. Sans que la désobéissance soit conçue comme un acte civique, elle peut néanmoins servir à une régulation et à un ajustement des pratiques politiques, ce qui empêche d'opposer radicalement désobéissance et civisme. * La valeur politique du concept de désobéissance civique Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, article 2 « Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression. » Constitution montagnarde de 1793, article 35 : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. » La désobéissance peut même devenir un concept pris en charge de manière positive par la réflexion sur le civisme : si la possibilité de la désobéissance est inscrite dans les textes fondateurs de l'ordre politique, il existe alors une exigence du pouvoir politique à l'égard de ses citoyens, cette exigence les sommant de se révolter et de désobéir au cas où le pouvoir deviendrait injuste et inacceptable.

A première vue, la désobéissance et le civisme semblent absolument distincts. Si l’autorité à laquelle il s’agit d’obéir pour l’individu est celle de l’état, alors il ne peut y avoir de désobéissance civique, car une telle attitude est précisément contraire au civisme, qui attend des membres de la communauté politique qu’ils agissent conformément aux intérêts de cette dernière, en abdiquant la poursuite de leurs fins privées dans l’intérêt de la « cité «. Cependant, il faut bien nous interroger sur la nature de la désobéissance, c'est-à-dire, sur l’identité de l’autorité dont l’individu choisit de s’affranchir. Si cette autorité n’est pas celle de l’état, alors la désobéissance pourrait être civique. Mais si la désobéissance est désobéissance à l’autorité étatique, n’est-il pas également possible qu’elle soit civique ? En effet, il se peut que les injonctions de l’autorité politique soient contraires aux intérêts de la communauté. La question au centre de notre réflexion sera donc de déterminer si la désobéissance est une attitude nécessairement contraire aux intérêts de la communauté politique, ou si, au contraire, elle peut servir les intérêts de cette dernière et représenter paradoxalement une attitude civique.

« Par désobéissance, on entend toute attitude qui manifeste un rejet immédiat ou implicite de l'autorité.

Ainsi,quelqu'un qui refuse de conformer son action désobéit, quand bien même il n'agit pas ; mais on parle également dedésobéissance lorsque quelqu'un agit en outre à l'inverse de ce qu'on lui a ordonné.

La désobéissance regroupe donctous les phénomènes de remise en cause, aussi bien actifs que passifs, d'une autorité qui prétend déterminer lanature et les buts recherchés par mon activité. On dit d'une chose qu'elle est civique lorsqu'elle sert la communauté, la « cité » (« civique » vient du latin « ciues »,la cité).

Une attitude civique est une attitude qui manifeste le sentiment d'appartenance de l'individu à un groupequi le dépasse et l'enveloppe, sentiment d'appartenance qui débouche sur des actions visant le bon fonctionnementdu groupe.

Cependant, il faut bien noter que par groupe on entend le groupe politique.

Car on ne dira pas del'attitude responsable d'un individu envers l'association, l'équipe sportive etc.

à laquelle il appartient qu'elle estcivique, mais plutôt qu'elle est juste, ou qu'elle manifeste un esprit collectif.

Le civisme désigne uniquementl'attitude d'un membre d'une communauté politique qui fait en sorte de la préserver et de la servir. A première vue, la désobéissance et le civisme semblent absolument distincts.

Si l'autorité à laquelle il s'agit d'obéirpour l'individu est celle de l'état, alors il ne peut y avoir de désobéissance civique, car une telle attitude estprécisément contraire au civisme, qui attend des membres de la communauté politique qu'ils agissent conformémentaux intérêts de cette dernière, en abdiquant la poursuite de leurs fins privées dans l'intérêt de la « cité ».Cependant, il faut bien nous interroger sur la nature de la désobéissance, c'est-à-dire, sur l'identité de l'autoritédont l'individu choisit de s'affranchir.

Si cette autorité n'est pas celle de l'état, alors la désobéissance pourrait êtrecivique.

Mais si la désobéissance est désobéissance à l'autorité étatique, n'est-il pas également possible qu'elle soitcivique ? En effet, il se peut que les injonctions de l'autorité politique soient contraires aux intérêts de lacommunauté. La question au centre de notre réflexion sera donc de déterminer si la désobéissance est une attitudenécessairement contraire aux intérêts de la communauté politique, ou si, au contraire, elle peut servir les intérêts decette dernière et représenter paradoxalement une attitude civique. I.

Non : la désobéissance à l'autorité étatique ne peut être civique a.

L'autorité de l'état doit être absolue dans l'intérêt de la communauté politique Nous commencerons par soutenir la thèse que la désobéissance à l'autorité étatique ne peut être civique, carl'autorité de cette dernière doit être absolue dans la communauté politique.

En effet, il est dans l'intérêt de lacommunauté politique que l'autorité de l'état soit absolue et qu'elle ne souffre aucune désobéissance.

C'est ainsique Hobbes analyse les mécanismes par lesquels l'Etat est institué, pour montrer que les hommes établissent auterme d'un calcul rationnel une puissance publique à laquelle est remise tous les moyens pour faire respecter sonautorité.

Pour Hobbes dans le Léviathan, les hommes choisissent d'obéir à l'état, car lui seul est capable de mettrefin à la guerre de chacun contre tous dans l'état de nature.

Par conséquent, on dira que la désobéissance estnécessairement incivique, car elle dessert l'intérêt de l'état dont la fonction est d'être utile à la communautépolitique. Comme l'écrit Hobbes dans le Léviathan (Iere partie, chapitre XVII): « La seule façon d'ériger un tel pouvoir commun, apte à défendre les gens de l'attaque des étrangers, et des tortsqu'ils pourraient se faire les uns aux autres, et ainsi à les protéger de telle sorte que par leur industrie et par lesproductions de la terre, ils puissent se nourrir et vivre satisfaits, c'est de confier tout leur pouvoir et toute leurforce à un seul homme, ou une seule assemblée, qui puisse réduire toutes leurs volontés, par la règle de lamajorité, en une seule volonté ». b.

La désobéissance à l'autorité étatique est une désobéissance à la propre volonté de l'individu Mais allant plus loin, nous dirons que la désobéissance à l'autorité étatique est non seulement incivique, maisentièrement paradoxale dans les sociétés démocratiques.

En effet, Rousseau montre dans le Contrat Social que lesindividus font un pacte par lequel chacun s'engage envers tous les autres à ne reconnaître d'autre autorité que lavolonté générale, celle-ci faisant abstraction des intérêts divergents et des passions particulières pour ne se soucierque du bien commun.

A la lumière de cette théorie, nous dirons que la désobéissance à l'autorité étatique, qui estconcrètement désobéissance à la loi, est non seulement contraire à l'intérêt de la communauté politique, mais. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles