Devoir de Philosophie

DESTINÉE DE L'HOMME. — PREUVES DE L'IMMORTALITÉ DE L'ÂME.

Publié le 18/06/2011

Extrait du document

Destinée de l'Homme. 1. Il ne faut point confondre la destinée de l'homme et sa destination. Sa destinée, c'est sa fin actuelle dans l'univers; sa destination , c'est sa fin à venir. De là deux questions. Par des remarques analogues à celles que nous avons faites au chapitre de l'origine des idées, on établirait facilement que la seconde question, c'est-à-dire celle de la destination de l'homme ou de son avenir ne peut se résoudre philosophiquement que par la première, c'est-à-dire par celle de sa destinée ou de sa fin présente. Nous procéderons donc dans cet ordre. 2. La question de la destinée humaine est complexe. Car la fin actuelle d'un être résulte, 1° de sa nature intrinsèque; 2° de ses rapports avec les autres êtres.

« humaine, l'ignorance humaine et la misère humaine.Non-seulement la volonté humaine n'est pas généralement remarquable par un déploiement énergique, mais elle estgénéralement vaincue, brisée, paralysée dès sa naissance.

Les vingt premières années de la vie suffisent à peineavec des soins extrêmes et persévérants à lui rendre quelque chose de sa force native , et à la soumettre à laraison.

Encore on sait sur combien peu d'hommes les meilleures éducations produisent des effets durables.

En unmot , la domination que la volonté exerce, ne ressemble point à un gouvernement, mais à une conquête, c'étaitdonc une domination perdue.

— La raison est l'attribut par excellence de notre nature; elle n'est rien moins que lesceau de notre origine divine.

Mais ses altérations sont visibles.

Sans parcourir l'histoire, ni les grossières croyancesdes peuples, ni les aberrations philosophiques, et sans traverser les mers pour compter les trop nombreusespeuplades soumises encore à d'incurables erreurs, il nous suffit de nous sonder nous-mêmes et de regarder aussi unpeu autour de nous.

Récapitulons les efforts, les douleurs de notre enfance et de notre jeunesse pour arriver àquelques idées justes, avec le secours incessant de l'éducation et de la civilisation au milieu de laquelle noussommes nés.

Sans doute, la science pour avoir du prix doit être soumise à la condition du travail Mais il s'en fautbien que chaque effort soit fructueux ; et d'ailleurs cet effort est non-seulement pénible, mais il semble contraire ànotre nature.

L'attention nous épuise, et l'oisiveté serait sans contredit l'état habituel de l'homme sans les aiguillonscontinuels et impérieux du besoin.

Si on passe en revue soit les divers états de civilisation des peuples, soit leursrelations mutuelles sur la plus grande partie du globe, soit surtout la position individuelle de chaque homme ici-bas,on voit partout des résultats qui contrarient l'idée théorique et utopique qu'on se fait de l'humanité.

Chez l'hommeseul il y a désordre et malheur à l'état chronique.

La fraternité générale n'est encore , même au sein de notrecivilisation européenne, qu'un rêve irréalisable, quoique ce soit incontestablement l'idée la plus noble, et en mêmetemps la conséquence la plus simple et la plus évidente de la commune origine des hommes.

Chez les peuples lesplus éclairés, il y a encore d'indicibles ignorances ; chez les plus fortunés, d'incalculables misères.

Dans notreFrance, la première des nations, vous trouvez autour de vous assez de moralité apparente ; mais que de corruptionréelle! et combien peu de grandes vertus, pour faire équilibre à l'égoïsme, à la ruse, au mensonge! nous passonspour avoir une large part dans la distribution soit des lumières morales, soit des ressources matérielles, mais il nefaut pas avoir visité dix familles de pauvres pour savoir combien d'hommes il existe à qui, dès leur enfance , n'ontété accordés qu'avec une extrême parcimonie, et achetés par les larmes et la douleur, le vêtement, le pain etl'enseignement fécondateur des intelligences, etc.

Sans aller plus avant, il est clair que l'état du monde actuel estbien loin de la conception qui nous est fournie par l'étude de la nature humaine considérée en soi.

Les utopies desphilosophes, les images chaleureuses sous lesquelles la jeunesse enthousiaste aime à se représenter l'humanité,images dont plus tard elle apprécie à regret l'inexactitude, ce ne sont certes point là des folies, ni des visions :nullement, c'est la conception de la nature humaine, il est vrai telle qu'elle n'est point, mais telle qu'elle aurait dûêtre.Ces considérations peuvent bien faire conclure à la philosophie même, à côté du dogme du bonheur par la vertu,celui d'une chute primitive, et par suite comme but offert à l'homme la réhabilitation, plus coûteuse nécessairementà conquérir que ne l'eût été le bonheur par la vertu dans un état régulier de notre nature.Le Christianisme alors ne ferait que compléter ces idées et leur donner une sanction admirable, en nous enseignantque Dieu même a entrepris cette réhabilitation de l'homme, et qu'après lui chacun de nous est appelé à y coopérer.De là deux buts, l'un individuel, l'autre social: la réhabilitation de chaque individu portant ses conséquences au delàde la tombe, et la réhabilitation sociale portant ses conséquences dès ce monde : d'où la civilisation et le véritableprogrès introuvables hors des sociétés chrétiennes. II.

Preuves de l'Immortalité de l'Arne. 1.

Le dogme de l'immortalité de l'âme est le complément de la psychologie, de la morale et de la théodicée.

Il n'estpas une vérité essentielle de ces trois sciences d'où on ne la déduise comme conséquence nécessaire.

Nous nousconformerons, dans la démonstration que nous avons à en faire, à la méthode ordinaire, qui distingue la preuvephysique, les preuves métaphysiques et la preuve morale.2.

Preuve physique.

L'âme est un être simple et indécomposable.

Les corps sont, au contraire, composés de parties.Or la mort, pour les corps, n'est pas autre chose qu'une décomposition; les parties, réunies auparavant, suivantcertaines lois et certaines affinités, se séparent et cessent de former un tout.

Rien de semblable ne se peutconcevoir de l'âme.

Les corps sont sujets à la mort parce qu'ils sont composés ; l'âme n'est pas sujette à la mortparce qu'elle n'est pas composée.

La mort n'est pas autre chose pour l'âme que la cessation de ses rapports avec lecorps.

Elle n'agit plus sur lui, il n'agit plus sur elle, le corps et l'âme retournent à leur indépendance propre, et, à cecompte, la mort est en un sens pour l'âme un véritable affranchissement : car si le corps est pour elle ici—bas lacondition des développements de sa nature spirituelle, il constitue en même temps comme une limite à ces mêmesdéveloppements.3.

Preuves métaphysiques.

La preuve précédente est en quelque sorte négative.

Elle consiste à rappeler que l'âmen'est point de la même nature que le corps, et à conclure qu'elle ne subit point les lois imposées à la matière.

Lespreuves métaphysiques sont tirées directement de la nature de l'âme.

L'immortalité peut se déduire de chacune destrois facultés essentielles de l'âme.

Ainsi l'intelligence de l'homme n'étant pas bornée à la perception comme celledes animaux, mais étant douée de l'idée de l'infini, est en ce point une véritable participation à l'intelligence infinie.

Ilrépugne qu'un être admis à cette participation cesse d'être.

De même, le désir placé au fond de notre âme commeprincipe radical de notre sensibilité morale, n'étant rien moins que l'aspiration vers l'infini, serait un contre-sens dansnotre nature, un motif sans but, si, par le fait, l'homme était dépouillé de l'immortalité et condamné àl'anéantissement prochain.

L'activité de l'âme, en tant que volontaire et libre, et soumise à la loi du devoir, conduit àla même conséquence.

Mais cette troisième preuve métaphysique a reçu le nom de preuve morale.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles