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Les déterminants de l'investissement

Publié le 02/06/2011

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Corrigé de l’épreuve de QSTP bac blanc. Les déterminants de l’investissement. Travail préparatoire. Q1. Cette citation de l'ancien chancelier allemand H. Schmidt, présentée parfois comme « le théorème de Schmidt », met l'accent sur le lien entre les profits, source de l'épargne des entreprises, et l'acte d'investissement qui est censé en résulter. Elle s'inscrit clairement dans une vision « néoclassique » du fonctionnement de l'économie, prônant implicitement une politique favorable à l'offre pour développer l'activité: ce sont les disponibilités financières engrangées sous forme de profits qui permettent l'autofinancement des acquisitions de biens de production, sous forme d'investissements. Ceux-ci, en augmentant les capacités productives permettront des créations d’emplois. Cette phrase célèbre a été souvent critiquée pour le caractère automatique du lien qu'elle suggère et plus encore pour le lien investissement/ emplois évoqué à la fin de la citation. 2pts Q2. Le taux d’investissement est le rapport en pourcentage entre la formation brute du capital fixe et le produit intérieur brut et le taux de croissance économique le rapport en pourcentage entre la variation du PIB et le PIB. Les années 1975 et 1993 sont marquées par une forte récession. Ce dernier exprimé en volume signifie qu’il est déflaté. On note pour les deux années que le PIB baisse de 1 % et le taux d’investissement d’environ 2 points. La diminution du taux d’investissement se prolonge cependant au-delà de la période de récession, après la reprise. 1pt Q3. Le taux d'investissement est, au moins partiellement, lié au taux de croissance du PIB. Mais les variations des deux indicateurs ne sont pas strictement parallèles. On constate assez clairement un décalage temporel entre les deux évolutions: les périodes de ralentissement économique sont accompagnées, de manière presque immédiate, d'un recul du taux d'investissement. Mais les périodes de reprise, elles, sont suivies d'une poursuite de la baisse antérieure de l'investissement. Ce n'est que lorsque la reprise se confirme que le taux d'investissement reprend sa progression. Ce décalage traduit la réticence des entreprises à reprendre les achats d'équipements tant que les surcapacités de production n'ont pas disparu. 2pts Q4. Parmi les éléments qui déterminent la décision d'investir, l'évolution de la demande semble être l'élément déterminant. Disposant d'une capacité de production donnée, le chef d'entreprise analyse l'évolution probable de la demande future. Si cette évolution se révèle positive et durable, et si la demande anticipée ne peut être satisfaite avec les capacités existantes, le chef d'entreprise prend la décision d'acquérir de nouveaux équipements qui lui permettront de profiter de la hausse attendue de la demande. Il n’accroît ses capacités productives que s’il est assuré de rentabiliser son investissement, donc si l’évolution de la demande y est favorable. D'autres déterminants entrent aussi en jeu dans cette décision, mais la demande anticipée, à travers l'évolution des carnets de commandes, en est le déterminant majeur. 2pts Q5. Le taux d'intérêt est un des éléments financiers qui interviennent dans la décision d'investissement. L'entreprise, devant un projet d'investissement, doit en effet comparer le rendement attendu de l'investissement et le rendement financier d’un placement, soit le taux d’intérêt. Le rendement de l’investissement attendu résulte d'un calcul prospectif qui intègre l'évolution anticipée de la demande et des hypothèses sur l'évolution des prix (prix de vente du produit et coûts de production). Le taux d'intérêt, lui, représente le coût des emprunts (si l'entreprise ne s'autofinance pas) ou le rendement d'un placement alternatif (si l'entreprise dispose de ressources de financement). Dans les deux cas, le rendement de l’investissement doit être significativement supérieur au taux d’intérêt, de manière à couvrir le risque et l'incertitude toujours liés à une opération d’investissement. 1pt Q6. Le taux d’utilisation des capacités de production représente la part (en %) du potentiel total des équipements productifs effectivement utilisés à un moment donné. Lorsque ce taux se rapproche de la limite théorique des 100 % (dans la réalité, entre 85 et 90 %), l'entreprise ne peut accroître son volume de production. La décision d'acquérir de nouveaux équipements s'impose alors, si les perspectives concernant la demande sont favorables. Le taux de profit (résultat net/ capitaux engagés) influence la décision d’investir d'une part, le profit antérieur conditionne l'état des ressources financières de l'entreprise, notamment sa capacité d'autofinancement, d’autre part. Le taux de profit escompté, qui 2 exprime la rentabilité de l’investissement projeté, est comparé par l'entrepreneur au taux d'intérêt. De cette comparaison découlera la décision de réaliser l'investissement (si le taux de profit est supérieur au taux d'intérêt) ou de ne pas le faire, dans le cas inverse. 2pts Synthèse. Introduction L’investissement des entreprises, opération qui consiste à acquérir des biens ou de services qui serviront durablement dans la production, est une variable qui, au côté de la consommation des ménages et des exportations, constitue un moteur de la croissance économique. La décision d'investir, acte microéconomique, obéit aux règles du calcul rationnel, aux contraintes de la rentabilité et elle est aussi influencée par d'autres facteurs (document 4), parfois macroéconomiques, qui en font un phénomène complexe et instable. 1. Au coeur de la décision, un calcul rationnel de rentabilité. 1.1. L'estimation de la rentabilité économique. Le chef d'entreprise peut avoir trois motifs de décision d'investissement: le remplacement des équipements usagés, l'accroissement de la capacité de production, l'amélioration de la productivité. Quel que soit le motif, la décision relève, au moins théoriquement, d'une analyse chiffrée qui permet d'évaluer la rentabilité escomptée de l'investissement. Cette estimation, qui laisse bien sûr une place non négligeable à l'incertitude, s'appuie sur une anticipation de l'évolution de la demande future et de la part de marché captée par l'entreprise (document 3). Cela permet d'évaluer le volume de production prévisible. Il faut, par ailleurs, faire des hypothèses sur l'évolution du prix du produit et des coûts de production en capital et en travail. L’entreprise peut alors estimer le profit attendu de l’investissement qui, rapporté aux sommes investies, permet de calculer le « taux de rentabilité attendue » 1.2. La prise en compte du taux d’intérêt pour calculer la rentabilité financière. Ce taux va servir de critère majeur de décision. Deux circonstances peuvent en effet se présenter: l'autofinancement ou l'appel à l'emprunt. Si l'entreprise a les moyens de s'autofinancer (ce qui dépend largement de la rentabilité antérieure et des profits accumulés) (document 3), le chef d'entreprise comparera le taux de rentabilité attendu et le taux d'intérêt que lui rapporterait un placement alternatif sans risque (emprunt d'État, par exemple). Si la rentabilité est sensiblement plus élevée que ce taux d'intérêt, couvrant ainsi une « prime de risque » liée aux éléments d'incertitude, la décision d'investir sera prise (notion de profitabilité). Dans le cas contraire, la décision d'investir ne serait pas rationnelle. Le taux d'intérêt servira aussi de critère dans le cas d'un financement de l'investissement par l'emprunt: il faut en effet que le rendement de l'investissement couvre nettement le coût financier de l'emprunt. 1.3. Le niveau de fiscalité affecte aussi le niveau de rentabilité des investissements La fiscalité entre aussi en ligne de compte dans la décision d'investir. Sans être un critère majeur, elle peut cependant accélérer (ou retarder) cette décision: un régime fiscal plus favorable sur les profits réinvestis peuvent avoir une certaine influence. Une fiscalité sur les bénéfices trop importante peut être un facteur incitatif pour les délocalisations. Elle fait baisser les résultats nets après impôts. II. Les autres déterminants de la décision d'investir Il semble donc clair que l'estimation par l'entreprise de la rentabilité nette du projet d'investissement qui prend en compte la demande anticipée, le coût du capital et également le niveau de la fiscalité est au coeur de la décision d'investir. Cependant, d'autres éléments jouent, dans la réalité quotidienne de l'entreprise, un rôle non négligeable: L’impératif de compétitivité, le taux d'utilisation du capital, le délai de réalisation des investissements. II.1. L’impératif de compétitivité. La rapidité des innovations technologiques peut, dans certains cas, représenter pour l'entreprise une contrainte à laquelle elle ne peut échapper. L’obsolescence accélérée, qui frappe aujourd'hui certaines technologies (informatique, biotechnologies...), peut amener l'entreprise à bousculer ses prévisions antérieures d'investissement, en rendant caduc le calcul de rentabilité et en la contraignant à remplacer des équipements non encore totalement amortis, pour intégrer l'innovation. Cette contrainte tient de ce que la plupart des entreprises sont confrontées à un environnement concurrentiel qui leur interdit l'immobilisme. Une entreprise opérant dans un secteur ouvert à la 3 concurrence doit se mettre à jour sur le plan technologique, à moins de se délocaliser dans les pays à bas salaires, sinon elle disparaît. C’est le théorème de Michel Albert. On peut observer la mise au rebut accélérée de matériels informatiques rendus obsolètes par l'arrivée de nouveaux systèmes aux plus performants au cours de ces dernières années. L’impératif de compétitivité engendre plus généralement une course à la de productivité qui passe souvent par des besoins en équipements nouveaux, soit pour gagner en compétitivité par rapport aux concurrents, soit plus simplement pour ne pas se faire distancer par eux. II.2. Le taux d’utilisation des capacités productives Le taux d'utilisation des capacités de production (document 4) constitue également, pour l'entreprise, un « avertisseur » de la nécessité d'investir. En période d'expansion de la demande, l'entreprise confrontée à la limite physique de ses équipements (taux d'utilisation des capacités se rapprochant du seuil des 90 %) doit procéder à des investissements de capacité en dehors même d'un calcul de rentabilité, pour conserver ses parts de marché et assurer sa survie. II.3. Le délai de réalisation des investissements. L’une des caractéristiques majeures du capitalisme contemporain, c’est la recherche de la rentabilité immédiate. L’évolution disproportionnée de la sphère financière comparativement à la sphère réelle s’explique par ce fait. Aussi, l’investissement est-il plus facilement envisageable pour une entreprise quand les délais de réalisation ne sont pas très longs et donc s’il peut être plus rapidement rentabilisé. (doc.4) Conclusion La décision d'investir s'alimente donc à partir de déterminants complexes parmi lesquels le calcul de rentabilité se révèle un élément de premier ordre. Mais la vie de l'entreprise conduit souvent le chef d'entreprise, notamment dans les PME, à des décisions qui s'appuient en partie sur l'intuition ou le pari, ou qui découlent de contraintes non maîtrisables lies du contexte dans lequel l'entreprise évolue. John Maynard Keynes parlait à ce propos des « esprits animaux» qui fondent le jugement des hommes sur des éléments « irrationnels » comme le mimétisme ou la volonté de démonstration.

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