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LES DEUX MODELES DU SYSTEME BIPOLAIRE

Publié le 16/01/2011

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Les deux modèles qui s’affrontent à partir de 1947 présentent de fortes oppositions politiques, tout en se voulant universels. 

Le modèle américain s’est construit  à partir de l’indépendance proclamée en 1776, au nom des valeurs libérales des Lumières. Le modèle soviétique s’est construit à partir de la Révolution d’octobre 1917 qui met fin à une tentative de république parlementaire initiée en février 1917. Au nom de principes marxistes et léninistes, l’URSS se présente comme une alternative à la démocratie parlementaire et au capitalisme.

Chacun des deux systèmes exerce une force d’attraction. A la fin de la 2GM, les EU bénéficient d’une large reconnaissance en Europe ou en Asie. La puissance de leur économie les place comme le recours principal face aux difficultés de l’après-guerre. Ils apparaissent comme le pays de la liberté et de la réussite. L’URSS jouit d’un prestige nouveau nourri par son rôle dans la défaite du nazisme. Son modèle est admiré en Europe occidentale et ailleurs, il est défendu par les partis communistes et de nombreux intellectuels proches des communistes (les « compagnons de route «). 

 

A Le modèle américain

 

1 Des valeurs propres

 

Les Etats-Unis se conçoivent et se présentent comme le pays qui incarne la liberté, le pays de la libre recherche du bonheur ou encore comme le pays où la réussite pour tous est possible. Peuplé de colons et d’immigrants, les EU ont pu apparaître comme une sorte de terre promise.   Par l’origine même de son peuplement, ce pays compte une population diverse, provenant d’horizons variés. Le multiculturalisme y est donc fort. Mais l’idée qui prévaut est que toutes ces populations peuvent s’intégrer au sein de la nation américaine. La diversité culturelle des EU n’empêche pas un fort patriotisme. L’identité américaine se fonde aussi sur le mythe de la frontière. Les premiers colons installés sur la côte est ont progressivement conquis l’ouest du  territoire. Les Américains ont conservé l’idée de nouvelles frontières à faire reculer. 

 

2 La démocratie s’y appuie sur une savante séparation des pouvoirs.

 

Le régime présidentiel américain repose sur la Constitution de 1787, modifiée par 27 amendements qui garantissent les libertés publiques et sur l’organisation régulière d’élections libres. Deux partis principaux (républicain et démocrate) s’y présentent et alternent au pouvoir. Le président dispose de pouvoirs étendus mais encadrés : il choisit les orientations de la politique intérieure, il dirige la politique extérieure et il est le chef des armées. Face à lui, un pouvoir législatif sourcilleux et disposant d’amples prérogatives est détenu par le Congrès (Sénat + Chambre des représentants). L’indépendance du pouvoir judiciaire est incarnée par la Cour suprême, composée de juges inamovibles. 

 

 La presse et des médias, protégés par la liberté d’expression, font figure de « quatrième pouvoir «, capable de pousser à la démission le président Nixon lors de l’affaire du Watergate. 

Enfin, l’Etat fédéral voit son champ d’action limité par l’ampleur des compétences des Etats fédérés. 

 

3 Le modèle économique et social repose les principes de l’économie de marché et sur l’affirmation d’une société de consommation.

 

Les EU sont une terre d’élection du capitalisme libéral. La propriété privée, la liberté d’entreprendre, l’initiative individuelle ou la libre concurrence y sont des principes incontournables. L’économie américaine n’ignore pas pour autant les interventions de l’Etat : la concentration des entreprises est limitée depuis la fin du 19ème par une législation antitrust, la crise des années 1930 a renforcé l’action économique de l’Etat fédéral et la tendance s’est poursuivie après la 2GM jusqu’aux années 1970. 

 

La société américaine exalte l’idéal de réussite individuelle, symbolisée par les histoires de  self made man. Parallèlement l’essor économique du pays a permis un accès précoce à l’American way of life par lequel les Américains sont les premiers à accéder à la consommation de masse.  

 

Le modèle américain est largement diffusé dans le monde, notamment le monde occidental, à partir de la 2GM. Il y est relayé par la diffusion des productions culturelles américaines. 

 

4 Les limites et les adaptations du modèle américain 

 

Au début des années 1950, la Guerre froide débouche sur une psychose anticommuniste alimentée par l’espionnage soviétique aux EU. Elle atteint des proportions démesurées et elle est orchestrée par le sénateur McCarthy. Le parti communiste américain n’est pas interdit mais y adhérer ou s’en inspirer expose à bien des tracasseries. Des fonctionnaires, assimilés à des agents soviétiques sont renvoyés et la commission parlementaire, créée à cette occasion, brise de nombreuses carrières en entretenant un climat de suspicion général. Cependant, dès 1954, l’influence politique du sénateur McCarthy s’effondre et les enquêtes sont abandonnées.

 

Par ailleurs, les discriminations civiques et sociales touchent une part importante de la population jusqu’aux années 1950. Ce n’est qu’en 1954 que la ségrégation raciale commence à être condamnée par la Cour suprême, mais le combat pour l’égalité, mené par Martin Luther King, doit ensuite se poursuivre contre un racisme enraciné dans la société américaine. Le combat est particulièrement difficile dans les Etats du sud où Noirs et Blancs vivent séparés et où il faut obtenir le démantèlement des législations locales. Il mobilise le « Mouvement pour les droits civiques «.  

 

Enfin, en dépit d’un contexte d’abondance, la pauvreté touche 30 à 40 millions d’Américains en 1960 et les autorités fédérales, comme sur la question noire,  ont tardé à intervenir sur ce sujet. 

 

Dans ces deux domaines, il faut attendre les années 1960 pour assister à l’adoption de réformes ambitieuses. Envisagées par le Président Kennedy (1960-1963), elles sont souvent lancées par le président Johnson (1963-1968). Ce sont les lois fédérales de 1964 (loi sur les Droits civils) et de 1965 (loi sur les Droits de vote) qui interdisent toute forme de ségrégation. Ce sont les lois Medicare (aide médicale aux personnes âgées) et Medicaid (aide médicale aux plus démunis) qui entament la formation d’un Etat-providence à l’américaine. D’autres lois suivent sur le logement, l’assistance sociale ou la « discrimination positive «. 

 

5 Les réformes n’empêchent pas une montée de la contestation interne

 

Certains leaders noirs des années 1960 cherchent une radicalisation politique sous le concept de Black Power. De 1965 à 1968, les quartiers noirs de plusieurs villes s’enflamment. La plus importante de ces émeutes urbaines se déroule à Los Angeles dans le faubourg de Watts. L’émeute dure 5 jours. Le bilan est lourd : 34 morts, 1 032 blessés, 977 bâtiments détruits ou endommagés. En 1966 et 1967, 207 émeutes éclatent. Et en 1968, l’assassinat de MLK déclenche une nouvelle vague d’agitation.

 

Les années 1960 voient également se constituer une contestation plus générale. Inspirée par les mouvements beatniks ou hippies, une partie de la jeunesse dénonce le conformisme de la société américaine et s’oppose aux engagements militaires des EU, en particulier au Vietnam. Des étudiants tentent d’échapper à la conscription. 

 

 Dans les années 1970, le modèle américain semble en perte de vitesse. Le scandale du Watergate empoisonne la vie politique sous le deuxième mandat de R. Nixon. Accusé d’avoir fait espionner le parti démocrate en cours de campagne, le président doit démissionner en 1974. Dans le domaine économique la croissance s’essouffle. En 1971, les EU abandonnent la convertibilité du dollar en or et le premier choc pétrolier provoque une brutale récession. A la même époque, les EU subissent plusieurs revers internationaux.

 

B Le modèle soviétique  

 

1 L’idéologie de référence est le marxisme léninisme 

Né de la révolution de 1917, le système communiste se pose en alternative au modèle capitaliste. Lénine met en place un parti unique qui élimine les contre pouvoirs. La victoire sur le nazisme en 1945 rehausse le prestige de ce modèle et donne à Staline l’occasion de l’étendre. 

Le but théorique c’est l’établissement d’une société sans classe où chacun aura selon ses besoins. Le Parti Communiste joue le rôle essentiel car il est chargé de diriger la société. Le marxisme est fondé sur le principe de la lutte des classes. Le prolétariat doit à terme prendre le pouvoir et renverser donc la bourgeoisie.

Lénine a développé l’idée du parti unique censé guider les masses vers la révolution. Le Parti communiste, au côté de l’armée, est conçu comme l’instrument de l’unité. Il s’agit, sous des discours démocratiques, d’une dictature personnelle conduite par celui qui dirige le parti (le secrétaire général du parti). Les opposants sont éliminés.

 2 L’organisation politique et économique

 

L’URSS est en théorie un état fédéral qui regroupe des républiques fédérées et des républiques autonomes. Officiellement, l’URSS respecte les peuples vivant en son sein ce qui n’est pas le cas dans les faits. En réalité c’est le parti communiste de Russie qui dirige. Le secrétaire général définit la ligne politique qui doit être suivie par tous. Staline cumule de nombreuses fonctions et il fait l’objet d’un véritable culte de la personnalité. Les opposants sont envoyés au Goulag. Les institutions sont au service du parti communiste qui est le seul parti politique autorisé.

Tous les moyens de production sont contrôlés par l’Etat, c’est-à-dire aussi bien les usines que les terres ou les moyens financiers. C’est le système de la planification. Des plans quinquennaux encadrent l’économie. C’est une politique autoritaire et centralisatrice et ce système asphyxie l’économie comme en rendra compte le bilan économique de l’URSS. La priorité est donnée à l’industrie lourde au détriment des biens de consommation. Pendant des années les chiffres de production sont truqués.

3 Le rayonnement du modèle soviétique

L’URSS apparaît comme le laboratoire de la révolution et cette position lui confère une réelle autorité morale. Elle a vaincu le nazisme et a favorisé la décolonisation. La réussite du programme spatial dans les années 1950, semble démontrer alors la validité de la voie soviétique. Le sport est aussi mis à contribution. 

Dans les pays occidentaux, de nombreux intellectuels ont contribué au rayonnement du modèle soviétique. On les appelle les compagnons de route. Persuadés que le pays qui a vaincu le nazisme ne peut être pareil que celui qu’il a combattu, ils défendent le modèle soviétique et certains jusqu’à l’aveuglement, en succombant au mirage communiste soviétique.

La diffusion du modèle s’effectue par des méthodes non démocratiques. En Europe de l’est, Staline obtient l’installation de régimes communistes à la suite d’élections truquées et de coups de force comme à Prague en 1948. Les "démocraties populaires" sont intégrées dans un dispositif idéologique (Kominform) et économique (Comecon) et militaire piloté par Moscou. Comme en URSS tous les opposants sont éliminés. Avec la victoire des communistes par les armes en Chine en 49, le modèle soviétique semble en pleine expansion tout, particulièrement en Asie.

Sous Khrouchtchev l’influence soviétique s’établit à Cuba et elle se diffuse dans le Tiers Monde. Sous Brejnev la poussée de l’URSS reprend en direction de l’Afrique. 

 

4 Un modèle rigide

Khrouchtchev, successeur de Staline, souhaite procéder à des évolutions du système soviétique. En 1956, il avait lancé en la déstalinisation. Il dénonce des erreurs de Staline notamment le culte de la personnalité ou le truquage des procès. En mai 1957, il lance le slogan « Rattraper et dépasser les EU «. La réussite spatiale de l’URSS semble lui donner raison (1957, premier satellite artificiel- 1961, premier vol spatial habité). Il cherche aussi à améliorer le niveau de vie, en orientant la production industrielle vers les biens de consommation. Parallèlement des réformes visent à améliorer les conditions de vie des soviétiques (abaissement de la durée hebdomadaire du travail, construction de logements…)

Mais Khrouchtchev procède en fait à une réforme limitée, il ne remet pas en cause les structures de l’URSS. En outre ses initiatives sont freinées au sein du PCUS. Profitant de ses échecs sur le plan économique, ses adversaires réussissent à l’écarter du pouvoir en 1964.  

Brejnev, au pouvoir de 1964 à 1982, est l’incarnation typique de l’immobilisme du système soviétique. Les blocages se situent à plusieurs niveaux. Ils sont d’abord économiques et tiennent aux insuffisances de l’économie collectivisée. Les travailleurs, à qui tout esprit d’initiative ou d’entreprise est dénié,  manquent de motivation et d’implication. Les pénuries matérielles démotivent : pourquoi gagner plus si l’on ne peut rien acheter ? Le marché noir prospère. La vie quotidienne des Soviétiques ne s’améliore pas : le niveau de vie stagne. Les blocages sont donc aussi sociaux : il y a dans la société une sorte de double jeu : on fait mine de croire au discours officiel mais on est de moins en moins dupe des bonnes nouvelles annoncées par les médias officiels. Le conformisme et la tradition dominent. Il en va de même sur le plan politique. La nomenklatura et la bureaucratie du parti verrouillent le système. Des dissidents existent mais ils sont tenus à l’écart.

5 Le modèle soviétique subit des contestations au sein de son propre bloc 

Dès 1948, la Yougoslavie de Tito, construit un modèle communiste qui échappe au contrôle de l’URSS

Une autre contestation s’exprime à Berlin-Est en 1953. Elle est rapidement réprimée.  

En 1956, c’est au tour de la Pologne et de la Hongrie d’exprimer leur soif de liberté et en août 68, c’est au tour de la Tchécoslovaquie à l’occasion du printemps de Prague. A chaque fois c’est la même réponse à ces demandes d’ouverture : l’URSS  met fin aux espoirs de libéralisation (en ménagement en Pologne, avec brutalité dans les deux autres pays). 

 

Enfin à partir de 1960, La Chine conteste à l’URSS sa position de leader du monde communiste. Les relations entre les deux pays se dégradent rapidement. Des pays comme la Corée du sud et l’Albanie se placent du côté de la Chine. 

 

Conclusion

 

A la fin des années 1970, vu de l’extérieur et malgré la perte de prestige de l’URSS, le modèle américain semble davantage fragilisé que le modèle soviétique. Pourtant dans les années 1980, sous l’autorité du président Reagan, les EU réussissent à se renouveler sur le plan économique en démontrant de formidables capacités d’innovation. Cela leur permet de conserver un leadership réel dans la politique internationale. 

En URSS, les grandes réformes politiques entreprises par M. Gorbatchev ne vont pas avoir les résultats escomptés.

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