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Le développement du principe d’égalité dans nos sociétés prémunit-il nécessairement contre toute forme de tyrannie ?

Publié le 17/09/2011

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Au-delà d’un point de vue plus strictement politique , il apparaît que l’Etat, l’appareil d’Etat moderne, va venir s’articuler à cette tyrannie de la société, à travers une certain prise que le pouvoir politique va se donner sur les individus. Corrigé Bossy.  En effet, Tocqueville l’a aussi montré dans des pages célèbres, la condition même pour promouvoir ainsi la liberté et l’égalité est de placer les individus sous la tutelle d’un Etat qui, pour garantir au mieux cet égalitarisme, va voir ses attributions et ses prérogatives s’étendre considérablement.

« pour tous les individus, de quelque catégorie que ce soit.

Ressort de cette dynamique juridico-politique la valeurabsolue accordée à chaque individu, (donc sa liberté ou autonomie et sa dignité) donc la valeur absolue accordée àses opinions et à ses choix, tout ceci résultant de sociétés sorties de la tradition, où le groupe et sa moralecommune, au contraire, écrasaient les individus.Or, c’est bien cette dynamique égalisatrice dans le domaine juridico-politique qui semble prémunir contre toute unesérie de tyrannies.

La tyrannie de la communauté, de ses valeurs et de ses pratiques, ou la tyrannie de la tradition,remplacée ici par le droit à l’opinion individuelle de chacun, à son expression publique et le droit de chacun de menerla vie comme il l’entend, avec ses valeurs, sa propre idée du bien.

La tyrannie d’un pouvoir politique caractérisé parl’arbitraire et le caprice d’une volonté individuelle, celle d’un seul, le tyran ( et de sa clique) pesant sur tous.

Lestatut de sujet de droit accordé aux individus est le premier rempart contre toute tentative d’empiètement dupouvoir politique sur la vie des gens, du moins d’un pouvoir politique qui ne serait pas l’expression de la volonté dupeuple et se mêlerait de ce qui ne le regarde pas.

D’autre part, l’élaboration d’un pouvoir politique émanant dupeuple en son entier nous dissocie de toute tyrannie.Enfin, toute une série de tyrannies dans les rapports sociaux inter-citoyens, qui pouvaient, dans un régime politiquepersonnalisé, et en l’absence de protection du droit, faire jouer la concurrence (entre groupes ou entre individus)pour la captation des faveurs du tyran au détriment des autres (groupes ou individus) semblent également effacés,ainsi que toute la série des tyrannies dans les rapports privés ou domestiques, particulièrement concernés parl’absence de sphère juridique protectrice : ce fut le problème des rapports tyranniques naguère subis par la femme,l’enfant, le travailleur, et même pourrait –on dire l’animal, tous soumis pendant longtemps à l’arbitraire du dominantdans la sphère domestique (le mari, le père, le patron etc.).Qu’est-ce qui faisait en effet la tyrannie dans tous ces cas ? L’idée d’un pouvoir caractérisé par son arbitraire(pouvoir sans lois, pouvoir d’un plus fort qui a su s’imposer, lui et sa clique), et qui pèse sur des individus nonprotégés, et donc totalement exposés, condamnés à subir.

C’est ce type de réalité qui semble rendu obsolète dansnos sociétés (le pouvoir d’un chef).Dans le fond, le devenir juridique du pouvoir (Etat de droit), et la constitution d’un pouvoir fort, au-dessus de tousles hommes et des groupes, la régulation de ce pouvoir par le droit semblent protéger les individus contre touteforme personnelle du pouvoir, et donc toute tyrannie (pouvoir personnel se caractérisant par son arbitraire, soncaprice et l’impossibilité de nous y soustraire, de nous en protéger).Mais de plus, le développement d’un statut de sujet de droit accordé à tous prémunit contre des tyrannieshorizontales, entre citoyens ou individus, ou dans la sphère privée.

Même l’enfant a aujourd’hui des droits et lesparents ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent de lui, de même le patron vis-à-vis de ses employés, ou l’élève vis-à-vis de son professeur.

Corrigé Bossy.Au-delà, on peut même dire que cette dynamique égalitaire correspond aussi à un principe anthropologique.

Que lesconditions deviennent de plus en plus égales entre les hommes aujourd’hui signifie que ceux-ci deviennent des égauxdans toutes les dimensions de leur vie et pas seulement dans celle, strictement politique, du choix desreprésentants.

De ce fait, c’est un nouveau type d’homme, un nouveau type de vie qui fait son apparition : un typede vie uniforme, le même pour tous, celui de l’homo democraticus, un type d’homme non tyrannisé, et nontyrannique.

A l’arrivée, non seulement les hommes deviennent de plus en plus des égaux mais aussi de plus en plusdes semblables tenus à distance respectueuse les uns des autres, par le pouvoir de la loi, par un pouvoir qui est demoins en moins un pouvoir des hommes et de plus en plus un pouvoir anonyme et juste de la loi. Transition : Cependant, s’il est vrai que l’égalisation des conditions a pu délivrer les individus des formes personnalisées detyrannie (politiques et sociales), le retrait de cette forme tyrannique personnalisée n’a t-elle pas emis les individuspieds et poings liés à la tyrannie de la société ? Les individus, dans nos sociétés contemporaines, ont-ils réellementbénéficié d’une égalité favorable à leur liberté ? Celle-ci ne s’est-elle pas accompagnée d’un phénomène demassification, d’homogénéisation constant de nos modes de vie et de nos opinions ? Et l’Etat lui-même, censégarantir cette égalité des hommes n’a t-il pas pris, à cette faveur, le relais de cette homogénéisation massificatricede nos vies , et n’a t-il pas revêtu l’habit du despote doux et bienveillant gérant nos vies ?Dès lors, si les individus ont pu échapper à la tyrannie de la communauté et du tyran, à celle des despotes en toutgenre, domestiques ou publics, ne sont-ils pas retombés dans la tyrannie des masses, dans celle de l’opinion ou dela majorité ? L’égalisation des conditions ne conduit-elle pas à des formes nouvelles de tyrannie sociale d’autant plusredoutables qu’impersonnelles ? II/ Les nouvelles formes impersonnelles et anonymes de tyrannies, engendrées par la sortie de l’âge tyrannique. Le développement du principe de l’égalité dans nos sociétés modernes s’articule à l’émergence de l’individualismedonc du principe de la liberté individuelle.

Il signifie le passage de sociétés holistes où règne la hiérarchie (en véritéleur vrai nom serait communautés, communautés organiques) à des sociétés individualistes et égalitaires.

En cesens, il est vrai, la dynamique de l’égalisation des conditions décrite par Tocqueville conduit tout d’abord à uneémancipation morale et intellectuelle des individus vis à vis de la tradition que portait, en son unité, la communauté,avec sa morale commune.

La liberté d’opinion qui est aussi liberté de choisir son mode de vie devient le nouveauprincipe fondateur de la société comme société libérale.Mais cet arrachement à la tyrannie de la tradition ne débouche pas nécessairement sur ce magnifique espace dediscussion et de liberté d’opinion rêvé par le libéralisme : la “décommunautarisation” des populations peut faire placeaussitôt à des formes typiquement modernes de massification qui vont impacter des individus préalablement isolés,atomisés, séparés.

Or les masses sont tout aussi tyranniques que les communautés organiques traditionnalistes.

Lesindividus, aussitôt délivrés de leurs appartenances de groupes communautaires tombent dans une sorte d’isolement. »

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