Devoir de Philosophie

Y a-t-il un devoir d'être heureux ?

Publié le 11/01/2004

Extrait du document

.../...

Cela signifierait donc que tout homme doit être heureux? Mais, devient-il dès lors coupable s'il n'y parvient pas? - Le devoir suppose une responsabilité. Or être heureux relève aussi de conditions extérieures sur lesquelles je peux n'avoir aucune influence.

- Pour que l'accès au bonheur corresponde à un devoir, il faut en venir à définir ce dernier par rapport à ce qui m'est accessible et à ce qui dépend de moi, de ma volonté (cf. le stoïcisme). Mais dans ce cas c'est un devoir singulier, non universalisable, puisque les conditions de l'existence ne sont pas les mêmes pour tous, ce qui signifierait que le bonheur varierait d'un individu à l'autre. On aboutit donc à une contradiction.

- La notion de devoir relève de la morale, le bonheur ne fait pas partie de cette dernière.

• Prendre « devoir « dans le sens le plus rigoureux.

• La recherche du bonheur ne paraît-elle pas davantage relever de la spontanéité, ou du désir, que du devoir?

• S'il y a devoir, quelles en sont les conséquences sur la conception du bonheur?

« § 3.

Bonheur et moralité chez Kant. C'est avec le christianisme qu'est apparue la distinction, voire l'opposition,entre la vertu et le bonheur, du moins le bonheur terrestre.

Certes, ditPascal.

malgré les misères de la vie humaine, l'homme « veut être heureux, etne veut i qu'être heureux, et ne peut ne vouloir pas l'être », mais c'est illusionde croire qu'il peut «être réjoui par le divertissement», car le bonheur «vientd'ailleurs î et de dehors, et, ainsi, il est dépendant, et, partant, sujet à êtretroublé par mille accidents, qui font les afflictions inévitables ».

Et, avanttout.

comment pourrait-on mettre en balance, comme il est dit dans lefameux pari, des «plaisirs empestés» et «une infinité de vie infinimentheureuse»?Mais c'est Kant qui, sur le plan philosophique et de façon systématique, afondamentalement dissocié du bonheur la moralité.

Kant commence parreconnaître que le bonheur est une fin réelle visée effectivement par tous leshommes en vertu d'une nécessité naturelle, parce qu'ils ont une sensibilité,c'est-à-dire des inclinations qui aspirent à se satisfaire.

Pour l'atteindre, laraison intervient pour le choix des moyens qui doivent nous conduire à notreplus grand bien-être.

Ainsi l'action est ici commandée, non pas absolument,mais seulement comme moyen pour un autre but.

En d'autres termes,l'impératif du bonheur est toujours hypothétique, alors que l'impératif dudevoir est catégorique et commande absolument, par la seule considération de «l'intention, quelles que soient les conséquences», même contraires au bonheur.Or, dans la recherche du bonheur, non seulement la raison lui est subordonnée, mais le concept du bonheur est siindéterminé qu'aucun homme ne peut avec précision dire ce qu'il désire et ce qu'il veut.

C'est que les éléments dece concept sont empiriques.

Veut-il la richesse ? beaucoup de connaissances et de lumières? une longue vie? lasanté? Dans tous ces cas, il est incapable de déterminer avec certitude, d'après un principe, ce qui le rendraiteffectivement heureux.

L'expérience ne nous enseigne que des conseils, non des commandements, et « le bonheurest un idéal, non de la raison, mais de l'imagination ».De plus et surtout, des principes empiriques sont toujours impropres à servir de fondement à la loi morale, qui doitvaloir pour tout être raisonnable, parce qu'ils sont dérivés à la fois «de la constitution particulière de la naturehumaine et des circonstances contingentes dans lesquelles elle est placée ».

Le principe du bonheur personnel necontribue donc en rien à fonder la moralité, car «c'est tout autre chose de rendre un homme heureux que de lerendre vertueux, de le rendre prudent et perspicace pour son intérêt que de le rendre vertueux ».

Le calcul del'intérêt peut aussi bien pousser au vice qu'à la vertu et « l'expérience contredit la supposition que le bien-être serègle toujours sur le bien-faire ».Il est donc radicalement faux et funeste d'ériger la recherche du bonheur en loi morale.

Est-ce à dire que le bonheurdoive être absolument exclu de la conduite morale ? Certainement non, à la condition, comme Kant ne cesse de lerépéter, que l'action proprement morale n'aura jamais pour principe le bonheur.D'abord, au pur mobile de la raison pratique, peuvent fort bien s'associer des charmes et agréments de la vie.

« Ilpeut même être utile de lier cette perspective d'une jouissance agréable de la vie avec le mobile suprême et déjàpar lui-même déterminant, mais seulement pour contrebalancer les séductions que le vice ne manque pas de fairemiroiter du côté opposé, ou pour y placer la puissance proprement motrice, même au moindre degré, quand il s'agitdu devoir.

»Ensuite, parce que « de même que grâce à la liberté, la volonté humaine peut être immédiatement déterminée par laloi morale, l'exercice fréquent, en conformité avec ce principe déterminant » peut « produire subjectivement unsentiment de contentement de soi-même » et « c'est un devoir d'établir et de cultiver ce sentiment, qui seul mérited'être appelé le sentiment moral ; mais le concept du devoir ne peut en être dérivé ».Enfin, et c'est sans doute par cette analyse que Kant tempère le plus son rigorisme, « cette distinction du principedu bonheur et du principe de la moralité n'est pas pour cela une opposition et la raison pure pratique ne veut pasqu'on renonce à toute prétention au bonheur, mais seulement, qu'aussitôt qu'il s'agit du devoir, on ne le prenne pasdu tout en considération.

Ce peut même, à certains égards, être un devoir de prendre soin de son bonheur : d'unepart, parce que le bonheur (auquel se rapporte l'habileté, la santé, la richesse) fournit des moyens de remplir sondevoir, d'autre part, parce que la privation du bonheur (par exemple la pauvreté) amène avec elle des tentations devioler son devoir.

Seulement travailler à son bonheur ne peut jamais être immédiatement un devoir et encore moinsun principe de tout devoir ».

Ainsi il faut « assurer son propre bonheur (au moins indirect) ; car le fait de n'être pascontent de son état, de vivre parmi de nombreux soucis et au milieu des besoins non satisfaits », peut aisémentconduire à « enfreindre ses devoirs ».

Kant rejoint ici l'idée commune que.

sous toutes ses formes, la misère estmauvaise conseillère. § 4.

Le devoir d'être heureux selon Alain. C'est à l'inspiration du stoïcisme que revient Alain, sans toutefois prétendre comme lui nous mettre à l'abri desgraves malheurs ni nier la réalité de la douleur et de la peine.

Ce qu'il en retient, ainsi qu'il ressort des traits épars àtravers ses célèbres Propos.

c'est une doctrine familière qu'on pourrait appeler un art de vivre et de savoir-vivre, quiporte sa marque propre en ceci qu'elle dépasse l'attitude passive du stoïcisme et fait du bonheur la récompense del'action difficile.Alain commence par distinguer deux genres de bonheur, le bonheur de hasard, que Descartes nommait heur, bonheur. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles