Devoir de Philosophie

Devons-nous nous méfier de nos certitudes ?

Publié le 22/09/2005

Extrait du document

Spinoza pensait qu'une idée vraie était une idée qui s'expliquait par notre pouvoir de penser, c'est à dire par notre faculté d'enchaîner les unes aux autres nos idées, si bien que, pour lui, une idée vraie n'était jamais un atome de sens. Une idée perd en effet tout pouvoir explicatif dès qu'elle n'est plus reliée à d'autres idées dans une problématique. Ce qui fait la force d'une idée c'est justement les liens que la pensée est en mesure d'établir entre elle et d'autres idées, sans quoi elle n'est qu'une intuition vague et tronquée qui ne s'explique pas : conséquence coupée de ses conditions, à quoi se reconnaît justement le faux.Toutefois, cela reste formel et insuffisant. Formel, parce qu'à ce compte, toute construction théorique cohérente, pourrait s'imposer à nous comme vraie. Insuffisant, parce que bien souvent les idées qui s'imposent avec le plus de force sont celles qui procèdent, non pas de notre pouvoir de penser mais de nos sentiments, de nos passions ou de nos intérêts. Nous savons tous, par exemple, qu'il est difficile de se débarrasser d'une première impression, même si elle se révèle fausse. Nous ne sommes donc pas plus libres devant une idée fausse que devant une idée vraie. C'est la faiblesse de l'évidence, même rationnelle, que d'envelopper toujours une dimension psychologique qui la rend bien fragile. Comment distinguer entre les vraies et les fausses évidences si elles en appellent toutes finalement à une preuve de simple «vue« ?

« l'âme et en l'existence de Dieu sur les postulats de la raison ; il s'agit alors de certitudes rationnelles mais non pasde vérités démontrables selon le cheminement de la science. Quand on regarde dans le domaine des sciences (qui est couramment considéré comme le lieu même de la vérité),on est étonné de voir que c'est ici que l'idée de vérité définitive semble la plus proche de celle de la croyance.

On apar exemple longtemps tenu pour vérité définitive que la Terre était plate ! Au-delà de ces exemples dont regorge l'histoire des sciences, il faut interroger notre rapport à la vérité.

Quand onest en présence d'une « idée claire et distincte », l'esprit ne peut qu'admettre son évidence, elle s'impose.

Ainsi, ons'y soumet comme à une croyance.

L'esprit est totalement passif face à ce qu'il considère comme une véritédéfinitive de la même façon qu'il l'est dans un acte de foi. Enfin, si toute vérité scientifique ne peut être définitivement vraie (du fait du caractère instable du réel qu'elles'efforce de décrire), alors une vérité définitive ne peut être que métaphysique.

Or Kant, dans la Critique de laraison pure, explique que les objets métaphysiques tels que l'existence de Dieu, l'immortalité de l'âme ou encorel'infinité du monde ne sont pas appréhendables en terme de vérité.

Il nous est impossible de trancher théoriquementsur ces questions, y répondre relève non pas d'une démarche intellectuelle objective mais d'une prise de positionmorale. C'est le sens de la maxime célèbre contenue dans la préface de la Critique de la Raison Pure : "Il faut abroger lesavoir pour laisser place à la foi". Cette foi même qui peut conduire à croire sans les preuves et même quelquefois contre les preuves. C - RÉHABILITATION DU DOUTE. En fait, n'est-ce pas aussi la certitude entrave la dynamique de la pensée et qui ainsi empêche tout progrès de laréflexion. Hegel nous enseigne que la philosophie, la pensée sont inquiétude, c'est-à-dire perpétuelle tension vers la vérité. La pensée n'avance que par crises, contradictions résolues, puis dépassées, certitudes sans cesse remises encause. Descartes, quant à lui, décide de rejeter toutes les certitudes, de pratiquer un doute systématique et méthodiqueafin de fonder toutes ses connaissances futures : c'est même là la preuve de l'exigence d'intégrer le doute dans laséquence des étapes qui conduisent jusqu'au savoir. Comment puis-je savoir que ce que je pense est vrai ? Je crois détenir des preuves.

Pour approcher de la vérité del'être, une réflexion sur le savoir semble le meilleur moyen.

En soumettant son entendement à l'expérience du doutehyperbolique, c'est-à-dire en suspendant son jugement sur l'ensemble de ses perceptions, sur l'existence même deses sens, Descartes est conduit à découvrir un critère certain de la connaissance. Voilà pourquoi ce peut être la certitude qui rend fou là où le doute apaise et tranquillise. III - LES REFERENCES UTlLES. PLATON, La République , livres 6 et 7. DESCARTES, Méditations Métaphysiques . KANT, Critique de la Raison Pratique . NIETZSCHE, Considérations Inactuelles . IV - LES FAUSSES PISTES. Ne pas distinguer la certitude sensible (fondée sur l'arbitraire du sentiment) de la certitude morale (qui répond àl'impuissance de la raison).Ne pas assimiler certitude et vérité. SUPPLEMENT: Vérité et certitude : Toute erreur qui n'est donc pas simple étourderie a une nécessité, qui explique justement pourquoi nous nepossédons pas immédiatement la vérité et que nous devons apprendre et chercher.

Mais, plus profondément, onpeut encore se demander si nos illusions ne sont pas en réalité la contrepartie de notre désir de la vérité.

Car est-ce bien la vérité elle-même que nous aimons ou simplement la certitude qu'elle nous procure ? Tout ce qui est vraiest certain mais à l'inverse tout ce qui nous donne une certitude n'est pas vrai.

La certitude n'est que le critèresubjectif de la vérité.

Elle se confond le plus souvent avec le sentiment intime d'être «dans» le vrai.

Mais est-ce unepreuve suffisante ? On peut en douter.

Si être certain consiste simplement à tenir fermement quelque chose pour. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles