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DIDEROT: Jacques le fataliste

Publié le 18/11/2010

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«Comment s'étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s'appelaient-ils ? Que vous importe ? D'où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. Où allaient-ils ? Est-ce que l'on sait où l'on va ? Que disaient-ils ? Le maître ne disait rien ; et Jacques disait que son capitaine disait que tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas était écrit là-haut.«

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« Cette structure gigogne de récits qui s'emboîtent les uns dans les autres, évoque celle du roman picaresque auquelfait également penser le voyage de Jacques et de son maître.

Mais, d'avantage que les multiples épisodes eux-mêmes, ce sont les discussions qu'ils engendrent qui apparaissent au premier plan.

Car Jacques est un bavard, quise pique d'avoir un avis sur tout.

Il aime philosopher et a son opinion sur les sujets les plus divers : l'art, la morale,la nature, et surtout l'inéluctable enchaînement des causes et des effets.

C'est la première originalité de l'oeuvre,qui se présente comme une longue conversation entrecoupée de digressions.

Comme dans Le Rêve de D'Alembert ou dans son autre roman, Le Neveu de Rameau, Diderot a recours au dialogue pour montrer successivement les multiples facettes de sa pensée, la faire progresser grâce à la contradiction. Cette prédominance du discours sur l'action rapproche Jacques le fataliste du «conte philosophique».

Au-delà des péripéties du voyage, le texte a en effet une triple portéesociale, morale et philosophique : — sociale d'abord, car, à l'instar du Figaro de Beaumarchais, Jacques est le véritable maître du jeu,son maître étant réduit à un rôle secondaire.

L'attitude passive de ce dernier s'oppose à la vivacitédu valet.

Diderot renverse la relation traditionnelle entre la figure dominante du maître et celle,dominée, du valet ; — morale et philosophique ensuite, parce que Diderot prolonge, dans Jacques le fataliste, sa réflexion sur le déterminisme.

C'est au plan de la liberté et de la morale qu'il aborde désormais laquestion.

Le déterminisme est en effet la grande affaire de Jacques, celle qui lui vaut son surnom de «fataliste» et qui lui fait répéter à l'envi que «tout estécrit là-haut» : «Comment s'étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde.

Comments'appelaient-ils ? Que vous importe ? D'où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain.Où allaient-ils ? Est-ce que l'on sait où l'on va ? Que disaient-ils ? Le maître ne disait rien ; et Jacques disait que son capitaine disait que tout ce qui nous arrive de bien et de malici-bas était écrit là-haut.» Les premières lignes de Jacques le fataliste affirment d'emblée que toute liberté est illusoire, et qu'en conséquence, on ne peut juger les hommes pour des actions dont ils ne sont pasresponsables : «Jacques ne connaissait ni le nom de vice, ni le nom de vertu ; il prétendait qu'on étaitheureusement ou malheureusement né.

Quand il entendait prononcer les mots récompenses ou châtiments, il haussait les épaules.

Selon lui la récompense était l'encouragement des bons ; lechâtiment, l'effroi des méchants.

Qu'est-ce autre chose, disait-il, s'il n'y a point de liberté, et quenotre destinée soit écrite là-haut ?» Jacques cependant, s'il affirme haut et fort son fatalisme, ne peut s'empêcher de réagir aux événements et d'éprouver comme il le peut son autonomie : «D'après ce système, on pourrait imaginer que Jacques ne se réjouissait, ne s'affligeait de rien ; cela n'était pourtant pas vrai.

Il se conduisait à peu près comme vous et moi.

Il remerciait son bienfaiteur, pour qu'il lui fit encore du bien [...].

Souventil était inconséquent comme vous et moi, et sujet à oublier ses principes, excepté dans quelques circonstances où sa philosophie le dominait évidemment ; c'est alors qu'il disait : "Ilfallait que cela fût, car cela était écrit la-haut".» À l'image de Diderot, qui refuse l'esprit de système, Jacques est une figure romanesque complexe, nonfigée.

Il incarne ce paradoxe de l'esprit humain qui éprouve le sentiment de la fatalité en même temps qu'ilrevendique sa liberté. ...

OU UN ANTI-ROMAN ? À cette interrogation sur la liberté de l'homme, Diderot en ajoute une autre, sur la liberté du romancier.Jacques le fataliste est en effet une formidable remise en question du genre romanesque. II renouvelle d'abord le roman en proposant une forme de réalisme non plusfondée sur la description physique et psychologique, mais sur un mouvementdu texte qui prétend imiter celui de la vie.

C'est ainsi que, dans les dialogues,. »

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