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Diderot, le philosophe de l'Encyclopédie

Publié le 15/05/2011

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I. — LE PHILOSOPHE  

Diderot, dans ses ouvrages personnels et dans sa direction de l'Encyclopédie, a été un philosophe au sens ordinaire du mot ainsi qu'au sens spécial du XVIIIe siècle. « Philosophe a, il a uni ses efforts à ceux de Voltaire et des Encyclopédistes pour la lutte contre l'absolutisme. Il a été, comme la plupart d'entre eux, modéré et partisan de réformes dans le cadre monarchique. Comme eux, il voulait la fin des abus et la liberté de penser; comme eux, il aurait aimé un roi détaché des préjugés religieux et sociaux, favorable au progrès des lumières, et, comme Voltaire, il trouvait son idéal en la personne royale de Frédéric H de Prusse et en la personne impériale de Catherine II de Russie. Ces deux souverains, qui firent — non sans habileté intéressée et hypocrite — figure, de réformateurs, protégèrent, traitèrent en amis les philosophes français et leur offrirent asile. Les voeux de Diderot ne dépassaient pas ce « despotisme éclairé «.

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« but philosophique (exposer l'ordre et l'enchaînement des connaissances humaines); 2° un but pratique (publier lesprincipes généraux qui servent de base à chaque science et à chaque art libéral ou mécanique, avec les détails lesplus essentiels, éclairés par des illustrations documentaires).L'Encyclopédie parut de 1751 à 1772, précédée d'un « Discours préliminaire » rédigé par d'Alembert, qui contenait :1° une classification des connaissances (histoire, philosophie, beaux-arts); 2° une histoire des sciences et des artsdepuis la Renaissance.L'Encyclopédie compta parmi ses collaborateurs la plupart des philosophes et économistes du temps : Montesquieu,Voltaire, Rousseau, Helvétius, Condillac, Marmontel,, Quesnay, Turgot, etc.

Diderot personnellement rédigea plus demille articles sur les arts mécaniques, l'histoire de la philosophie, l'esthétique, la morale.Les jansénistes, les jésuites, beaucoup de pamphlétaires s'acharnèrent sur l'Encyclopédie, cherchant à en fairearrêter la publication, — au point que le trop prudent d'Alembert fit défection.

Mais Diderot tint bon et acheval'oeuvre, grâce à l'appui de protecteurs puissants, et même à une certaine tolérance du pouvoir hésitant àcompromettre les intérêts pécuniaires engagés.Non seulement les « philosophes » du siècle étaient rédacteurs de l'Encyclopédie, non seulement elle adoptait lapsychologie de Locke, la physique de Newton et, par là, sapait le dogme catholique, mais elle avait ouvertementdéclaré la guerre à l'intolérance et elle n'hésitait pas à publier certains articles dangereux.

(Par exemple, l'articleBible où elle osait énumérer tous les problèmes que la Bible soulève chez les non-croyants.) Si elle présentait, enpolitique, à peu près le programme critique et réformateur de Voltaire avec mesure, avec respect pour le pouvoirroyal, néanmoins elle se proposait un but non avoué de propagande pour le parti philosophique, pour la confiance enla raison, pour l'indépendance à l'égard de l'autorité, de la tradition et de la foi.

Et dans ce but, elle possédait toutun matériel de guerre, camouflé pour échapper à la censure : d'où le système des « renvois », que voici.

Onexposait respectueusement les « préjugés », ou vérités imposées, mais en renvoyant à des articles sur des sujetsanodins, que la censure ne prenait pas la peine de lire, et où l'on avait exposé les principes servant de base auxvérités opposées.

Par exemple, l'article Cordeliers est tout à fait orthodoxe et déférent, mais on renvoie à l'articlecapuchon où les Cordeliers sont moqués; la critique du principe d'autorité est faite, non pas à l'article Monarchie ouRoyaume, mais à l'article Agnus scythicus; la critique de la croyance à la Vierge ne se trouve pas à Vierge, mais àJunon, etc.L'Encyclopédie a été, dans l'ensemble, un passable ouvrage de vulgarisation.

Il faut noter cependant qu'elle fourmilled'erreurs et de contradictions.

La raison en est que les collaborateurs illustres, Diderot à part, donnèrent peud'articles, que Diderot et son fidèle second, le chevalier de Jaucourt, ne purent tout de même pas tout faire, et quefinalement le dictionnaire s'est trouvé rédigé en grande partie par des compilateurs.L'Encyclopédie fait figure d'entreprise de grande portée, parce qu'elle vulgarisa les idées nouvelles.

Aussi a-t-elleexercé une énorme influence.

Elle a contribué puissamment à modifier l'esprit public, en le persuadant que l'avenir del'humanité était dans la pensée libre et la curiosité intellectuelle, et que le bonheur des hommes était dans leprogrès.. »

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