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Si dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer ?

Publié le 19/02/2004

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dieu
Ces actions ne sont pas morales, car elles n'obéissent pas à une loi ayant la même valeur pour tous, une loi universelle. La morale est donc une affaire purement humaine, purement immanente. Tout n'est pas permis, non parce que Dieu existe, mais parce que la voix du devoir ne nous permet pas de tout faire. Personne ne peut ignorer son devoir; on peut s'y dérober, mais le remords nous le rappelle. C'est d'abord un devoir vis-à-vis de nous-même et des autres hommes. L'homme qui agit moralement a le droit d'espérer faire son salut et gagner la vie éternelle. Mais une telle espérance vient de surcroît : elle n'est pas ce qui doit le motiver à agir moralement. Freud apportera en quelque sorte la confirmation psychologique de l'idée selon laquelle la moralité est indépendante de l'existence de Dieu. Il ajoute à l'analyse une dimension historique : la thèse de Freud est que l'humanité primitive n'a pu d'abord se montrer capable de moralité qu'en en attribuant fictivement l'origine à Dieu. Faute de comprendre les motifs rationnels des prescriptions culturelles majeures, elle les a imputés à Dieu, leur donnant du coup une origine transcendante.
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« « Qui fait le bien...

par connaissance vraie et amour du bien, agit librement etd'une âme constante ; qui au contraire le fait par crainte du mal, agitcontraint par le mal qu 'il redoute et, en esclave, vit sous le commandementd'autrui.

» (Traité théologico-politique, chapitre 4). La moralité véritable ne peut donc pas procéder de la seule crainte de faire lemal ou de transgresser les interdits divins, encore moins de la seule peur duchâtiment. D'autre part, tant que les hommes considèrent les prescriptions moralescomme de simples lois, ou commandements de Dieu (comme ceux que pourraitdonner un roi à ses sujets), ils ne comprennent pas la nécessité de lesobserver, mais ne voient en elles que des contraintes pesantes qu'ilss'empressent de transgresser.

Ainsi, faute de connaître toutes lesconséquences de son acte, et parce qu'il ne comprenait pas la parole de Dieumais ne voyait en elle qu'une loi, Adam a mangé le fruit en dépit del'interdiction divine.

Ainsi les Juifs, après l'interdiction faite par la bouche deMoïse d'adorer tout autre que Dieu, adorèrent-ils une idole païenne. Spinoza en conclut : « Dieu ne peut être qualifié de législateur, de prince, etn'est appelé juste, miséricordieux, etc., que suivant la façon de comprendre du vulgaire et par un défaut de connaissance.

» Ses décrets ne sont pas des lois, mais des vérités éternelles quechacun peut comprendre par le seul secours de sa raison, comme la nécessité d'aimer son prochain comme soi-même. Le commentaire biblique de Spinoza nous apprend donc que la morale se distingue du droit : les règles de celui-cirelèvent de la loi humaine, celle-là de la loi divine : « Par loi humaine, j'entends une règle de vie servant seulement à la sécurité de la vie et de l'État ; par loi divine,une règle ayant pour objet seulement le souverain bien, c'est-à-dire la vraie connaissance et l'amour de Dieu.

» Mais cette loi divine est inscrite dans la raison de chaque homme, qui lui fait comprendre qu'il lui faut faire le bien,éviter le mal, et aimer son prochain.

Nous ne devons pas nous imaginer un Dieu législateur, un Dieu interdisant,punissant ou pardonnant : c'est là de l'anthropomorphisme pur et simple.

Spinoza nous enseigne que la morale estchose intérieure, est affaire de connaissance et de raison, non de foi ni d'obéissance aveugle à des commandementsextérieurs.

La capacité morale de l'homme réside donc en lui-même ; elle ne tient pas à une interdiction ou à unchâtiment divins extérieurs à lui, et à l'efficacité incertaine. [Partie III.

La morale sans Dieu.] La philosophie des Lumières a prolongé et radicalisé l'effort déployé par Spinoza pour désimpliquer la morale de la foiet de la croyance en Dieu-législateur.

Il s'agit alors de donner un fondement humain à la morale, en montrant,comme Kant, que l'homme est capable de moralité du seul fait de sa raison. Pour Kant, la moralité humaine se caractérise par la capacité de régler sa conduite d'après des lois.

Mais, pas plusque pour Spinoza, ne peuvent être gages de moralité des lois extérieures à l'homme, comme peuvent l'être desdécrets divins.

Une des notions les plus importantes est pour Kant la notion d'autonomie.. »

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