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Dieu est-il mort ?

Publié le 27/02/2011

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dieu

• Il convient sans doute moins de s'interroger sur la question des « preuves de l'existence de Dieu « que sur les sens de la négation de Dieu, sur l'existence et les sens de différentes espèces d'« athéisme «. • « L'athéisme « dit pratique. — Selon Bossuet « il y a un athéisme caché dans tous les cœurs, qui se répand dans toutes les actions : on compte Dieu pour rien «.

Cet athéisme dont il parle est l'athéisme pratique de gens déclarant croire en Dieu. Athéisme ici renvoie à l'idée qu'un idéal (ici religieux) n'informe pas réellement les pratiques. Inversement on pourrait se demander si tout acte informé par un idéal moral ne témoigne pas que son auteur n'est pas athée. — En ce sens, il a été soutenu par Le Roy que : « Il n'y a point d'athées, car il n'y a personne qui se contente absolument de ce qu'il a et de ce qu'il est..., personne qui admette au moins pratiquement comme principe moteur de sa vie un idéal et un au-delà de l'ordre spirituel dont les sollicitations le travaillent. « — Le Dantec dans son livre L'Athéisme déclare (p. 101) : « Il n'y a pas d'athées parfaits; la conscience morale impose au plus libéré des athées des devoirs qu'il ne sait pas éviter... Je suis tout aise, pour ma part, d'avoir, à côté de mon athéisme logique une conscience morale résultant d'une quantité d'erreurs ancestrales, et qui me dicte ma conduite dans des cas où ma raison me laisserait noyer. «

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« Comment Dieu pourrait-il être mort puisque c'est un être divin ? La phrase de Nietzsche est provocante.

" Dieuest mort ", cela semble absurde.

Et cela n'implique-t-il pas que Dieu n'est pas, n'a jamais été, sinon une illusionrassurante ? C'est à partir du moment où la croyance en Dieu décline dans les sociétés européennes que Nietzscheprononce son aphorisme.

Si Dieu se définit par sa fonction sociale, psychologique, à partir du moment où il estremplacé dans cette fonction par une autre illusion, il devient inutile, donc n'est plus.

Le sujet demande de rendrecompte du caractère paradoxal de la phrase de Nietzsche, de voir exactement ce qu'elle signifie et ce qu'elleimplique pour le destin de la civilisation et son rapport à Dieu, mais d'un point de vue général, sans aller chercher lesdétails de la déchristianisation historique.

L'expression de Nietzsche permet une série de questions : si Dieu estmort, qui l'a tué ? De quoi est-il mort ? Comment est-il né ? Qu'est-ce qui l'a remplacé ? N'est-ce pas une autreforme de Dieu, ou une idole de plus ? Ou est-ce vraiment le crépuscule des idoles, la fin de toutes les valeursprétendument transcendantes ? Le Profil sur Nietzsche de G.

Décote ou l'introduction au Crépuscule des idoles (coll.Hatier) seront un bon point de départ Où est allé Dieu ? Je vais vous le dire ! Nous l'avons tué - vous et moi ! Nous sommes tous ses assassins ! « Ce tout ce qui est écrit, je n'aime que ce que l'on écrit avec son sang.

» Cette phrase de Nietzsche suffit àcaractériser son oeuvre.

Car, même si Nietzsche a beaucoup lu, le véritable laboratoire de sa pensée est son proprevécu.

D'où une pensée angoissée, lucide, qui oscille entre le pessimisme et la gaieté.

Une pensée éclatée,contradictoire.

Un immense pied de nez à la morale hypocrite, à l'érudition bête, à l'Etat oppresseur.

Une entreprisede Nietzsche est totalement originale dans l'histoire de la philosophie occidentale.

Que se propose-t-il, en effet,sinon, dans une philosophie « à coups de marteau », de « briser les vieilles tables », de « surmonter la métaphysique», de « surmonter les philosophes par l'annihilation dumonde de l'être » ? Pourquoi ? Parce que ce monde fictif a nié la vie terrestre, en faisant croire qu'elle n'était rien.Les philosophes « essentialistes » et les prêtres ont dévalorisé la vie, le corps, les instincts.

Ils ont accolé à leuroeuvre de nihilisation de l'idée de Dieu, de Vérité, de Bien.

Ces valeurs, assumant un rôle répressif, exténuent enl'homme « le vouloir-vivre ».

C'est ce pessimisme qui a engendré le « dernier homme », las, épuisé, qui voudraitmourir, se fondre dans « le grand néant ».

C'est pourquoi Nietzsche se sépare de Schopenhauer, philosophe quiaffirme que le fond de toute vie est souffrance, qui prône la sanctification par la douleur, qui affirme la béatitude dela mort.

A ce nihilisme passif, Nietzsche oppose un nihilisme actif afin de détruire tout ce qui s'oppose à la vie. Dans « Ainsi parlait Zarathoustra », qui est son oeuvre la plus célèbre, publiée au cours des années 1883-1885, onvoit Zarathoustra redescendre de la montagne où il est resté dix ans, se nourrissant de sagesse et de solitude.

Dixans au cours desquels il a laissé le feu couver sous la cendre.

Et voici qu'il veut maintenant embraser le monde deshommes, proclamer la nouvelle qui le réjouit.

Cette nouvelle ce n'est pas moins que « la mort de Dieu ».

Nouvelledéjà proclamée, pour la première fois, par un insensé, au livre troisième du « Gai savoir » (1882) :« N'avez-vous pas entendu parler de cet homme insensé qui, ayant allumé une lanterne en plein midi, courait sur laplace du marché, criant sans cesse : Je cherche Dieu Je cherche Dieu! - Et comme là-bas se trouvaientprécisément assemblés beaucoup de ceux qui ne croyaient pas en Dieu, il provoqua une grande hilarité.

L'a-t-onperdu ? dit l'un.

S'est-il égaré comme un enfant ? dit un autre.

Ou bien se cache-t-il quelque part ? A-t-il peur denous ? S'est-il embarqué ? A-t-il émigré ? L'insensé se précipita au milieu d'eux et les perça de ses regards.

Où estallé Dieu ? cria-t-il, je vais vous le dire! Nous l'avons tué - vous et moi! Nous sommes tous ses assassins ! »Nietzsche est convaincu que l'humanité est arrivée au seuil d'une nouvelle période que l'on pourrait qualifier denihiliste et qui se caractérise par l'apparition d'immoralistes, de libres penseurs qui vivent en marge de la religion,mais aussi et surtout par une irréligiosité pratique chez une majorité d'hommes - irréligiosité induites par la viemoderne et l'habitude du travail qui a détruit de génération en génération « l'instinct religieux ». Au siècle du « positivisme » scientifique, de l'industrialisation et des révolutions politiques, la croyance au Dieuchrétien est tombée en discrédit.

« Dieu est mort », c'est d'abord un fait, une évidence.

Tant que valait lechristianisme, l'homme savait pourquoi il était là, il pouvait donner un sens à sa souffrance, combler le vide, « laporte se fermait à un nihilisme suicidaire ».

Certes, tout cela s'accompagnait d'un renoncement à la vie, mais ce«nihilisme passif » restait une volonté, car « l'homme préfère le néant à ne rien vouloir ».

Dieu mort, la fameusequestion de Schopenhauer: « L'existence a-t-elle un sens ? », prend toute sa force.

Et il insensé, dans « Le Gaisavoir », de s'écrier: «Comment avons-nous pu vider la mer ? Qui nous a donné l'éponge pour effacer l'horizon toutentier ? Qu'avons-nous fait, à désenchaîner cette terre de son soleil ? ». »

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