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La discussion met-elle fin aux différends ?

Publié le 26/09/2005

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  Hegel: la passion dans le monde « Rien de grand ne s'est accompli, dans le monde, sans passion » nous dit Hegel: mais comment comprendre cette sentence si souvent détournée de son véritable sens? Parce qu'au départ de la confrontation, les opinions sont plurielles, elles rentrent bientôt les unes et les autres en contradictions, elles s'affrontent. Comprenons bien que ce qui s'affronte alors ce sont des visions d'une seule et même chose. Or, pour Hegel, c'est de ce choc des particuliers, de ces opinions relatives en l'occurence, que va naître la vérité. Dans la Raison dans l'histoire, Hegel parle du droit qui a pour fonction de faire que les relations inter-humaines soient régies par la justice. Sauf que ce n'est jamais le cas: chacun défend ses intérêt particuliers, les lois elles-mêmes étant faites par des privilégiers dans le but d'assurer leur domination et leurs privilèges. Mais, parce qu'il existe une résistance de la part des exploités, il s'installe peu à peu un équilibre entre ces intérêts, et donc une société un peu plus juste. Si l'on transpose cet exemple à la connaissance, on découvre que les différents chocs entre les opinions font naître au fil de l'histoire un équilibre compris comme vérité. En somme, l'opinion n'est ici obstacle à la vérité qu'à partir du moment où elle est seule, à partir du moment où on ne la croise pas avec d'autres opinions afin de créer progressivement une ligne médiane et véridique. Ce sont en somme les différend qui générent la vérité.

Une discussion, c'est avant tout un échange interhumain qui peut, soit être le simple examen collectif d'un sujet, ou encore faire fond sur un désaccord quand au sujet traité (disputatio). C'est cette deuxième perspective qui nous intéresse, puisque c'est dans le désaccord entre deux positions tenues qu'apparaît bien souvent le différend, soit une différence de point de vue qui peut porter au conflit. Mais si de la discussion émerge des positions radicalement différentes, la question est encore de savoir si elle peut y mettre fin. En effet, finit-on toujours par tomber d'accord, et le faut-il d'ailleurs? Quoiqu'il en soit, cela laisse présupposer que la discussion peut amener ses protagonistes vers une vérité objective et extérieure ainsi découverte par le débat entre les deux parties. Ou encore, que cette vérité n'est pas découverte, mais bien construite, générée au sein de la discussion, du désaccord. Dans les deux cas, on saisit que la dispute, le désaccord reste une étape dans l'émergence progressive de la vérité.

Mais lorsque deux personnes se disputent, sommes-nous toujours dans une alternative forcée où c'est forcément l'un des parties qui détient la vérité, ou encore aucun des deux? En d'autres termes, n'est-ce pas possible de penser une discussion où les deux parties ont en fait raison? Comment cela peut-il arriver? Ceci peut être une question de perspective, ou encore, et cela est à vrai dire bien souvent le cas, les deux protagonistes qui croient s'être entendu sur la définition des termes, ne parlent en vérité pas du tout de la même chose. D'où la nécessité, au sein de l'exercice philosophique, d'offrir une place de choix et principielle à l'exercice définitionnel pour éviter ce type de discussion qui ne tient qu'à un vaste quiproquo. Mais, admettons que les termes soient bien définis: nous sommes progressivement menés vers une autre question, plus centrale cette fois-ci: la vérité n'est-elle qu'une question de discussion,c'est-à-dire d'argumentation? Ne risquons-nous pas là, en accordant un tel privilège à la raison, d'oublier le vécu, de faire fi en somme du coeur?

 

« exemple, peut être intégralement expliqué à partir de sa simple composition, à partir de la somme des pièces quirentrent dans son fonctionnement global.

Nul besoin de recourir à des hypothèses explicatives supplementaires etmystiques, comme l'existence éventuelle de forces internes ou externes au x corps, susceptibles d'être responsablesde leur fonctionnement.

Le foie, le coeur, ou d'ailleurs n'importe quel autre organe, ne sont que les pièces d'unemachine sophistiquée certes, mais explicable à partir de simple causes efficientes (c'est à dire de causes matérielles qui ne font intervenir rien d'autre que ce que l'on a sous les yeux, sans regard pour une éventuelle force cachée). Dans cette perspective, tout est constitué en somme de corpuscules qui, par leur diverses combinaisons,rencontres, chocs, génèrent le visage du monde que nous connaissons.

Ainsi, on peut rendre le vivant intelligiblesans recours à de l'inconnaissable, à du mystérieux: tout corps peut s'étudier partes extra partes , i.e par parties matérielles strictement déterminées et limitées.

Face à cette approche surgit ce que l'on nomme l'approche finaliste , qui introduit une finalité au coeur même du vivant.

Kant, dans sa Critique de la faculté de juger , illustre cette vision du vivant de la manière suivante: « Les fleuves, par exemple, charrient avec eux toutes sortes de terres utiles à la croissance des plantes, qu'ils déposent parfois à l'intérieur du pays, souvent à leurs embouchures.

Le flux, sur denombreux côtés, conduit ce limon dans les terres où les dépose sur ses berges; et si les hommes surtout, aident àce que le reflux ne l'emmène pas à nouveaux, la région féconde augmente et le règne végétal s'installe là où,auparavant, poissons et crustacés avaient leur séjour ».

On l'aura compris, dans le cadre de cette approche du vivant, émerge l'idée qu'un phénomène x serait là pour répondre à un objectif précis, une fin y: en ce sens, on peut dire que x est la condition même de possibilité de y. Si le différend entre les deux approches semble irréductible, Kant va précisément résoudre ce dilemme qu'unediscussion jamais ne dénoue réellement.

Cette antinomie du jugement sur le vivant va conduire à montrer que le point de vue mécaniste n'est pas le seul valable : au delà d'une étude strictement matérielle, strictement physico-chimique, axée entièrement sur la causalité matérielle, le point de vue finaliste n'est pas forcément hors-jeu.

Ensomme, les deux thèses sont vraient en même temps, à propos du même objet, mais selon un point de vue différent.Le mécanisme permet de développer une analyse scientifique de l'objet du point strictement phénomènal, mais nonontologique.

Entendons qu'il ne nous dit pas ce qu'est l'objet en soi, dans son essence même.

Face à certainsphénomènes réfractaires à une simple approche phénoménale, matérielle, on peut, à côté d'un mécanisme légitimede fait, mobiliser l'approche finaliste.

Cette dernière n'a pas la prétention de décrire l'être en soi, mais elle permet unautre point de vue, et surtout une autre méthode d'approche du vivant.

L'erreur du mécanisme et du finalisme, c'esten somme d'avoir cru donner une sentence définitive sur le réel, l'essence même des choses, alors que leurapproche n'est qu'une perspective différente mais qui peut être à certains endroits tout aussi légitime.

Les deuxsont en somme vraie lorsqu'elles ne prétendent ni l'une ni l'autre à l'intégrisme Hegel: la passion dans le monde III. « Rien de grand ne s'est accompli, dans le monde, sans passion » nous dit Hegel: mais comment comprendre cette sentence si souvent détournée deson véritable sens? Parce qu'au départ de la confrontation, les opinions sontplurielles, elles rentrent bientôt les unes et les autres en contradictions, elless'affrontent.

Comprenons bien que ce qui s'affronte alors ce sont des visionsd'une seule et même chose.

Or, pour Hegel, c'est de ce choc des particuliers,de ces opinions relatives en l'occurence, que va naître la vérité. Dans la Raison dans l'histoire , Hegel parle du droit qui a pour fonction de faire que les relations inter-humaines soient régies par la justice.

Sauf que ce n'estjamais le cas: chacun défend ses intérêt particuliers, les lois elles-mêmesétant faites par des privilégiers dans le but d'assurer leur domination et leursprivilèges.

Mais, parce qu'il existe une résistance de la part des exploités, ils'installe peu à peu un équilibre entre ces intérêts, et donc une société unpeu plus juste.

Si l'on transpose cet exemple à la connaissance, on découvreque les différents chocs entre les opinions font naître au fil de l'histoire unéquilibre compris comme vérité.

En somme, l'opinion n'est ici obstacle à lavérité qu'à partir du moment où elle est seule, à partir du moment où on ne lacroise pas avec d'autres opinions afin de créer progressivement une lignemédiane et véridique. Ce sont en somme les différend qui générent la vérité.

Loin de la dispute d'argument, du retranchement sur l'unique champ de la raison, on saisit que chacun, guidé par sa propre passion,entendons ses intérêts collectifs, contribue pourtant à l'avènement de la vérité au sein du monde, une vérité qui sedévoile progressivement dans l'histoire.

Hegel parle en ce sens d'une ruse de la raison, d'une raison qui ne se montrequ'en se jouant de nos passions, de nos intérêts strictement individuels.

La vérité peut semble-t-il échapper à lamanoeuvre argumentative des protagonistes, apparaître dans leur dos, générée ainsi par tout autre chose que larecherche pure et honnête de la vérité.

Ceci nous rappelle aussi combien la vérité n'appartient à personne mais peutse dénouer dans de champs où jamais elle ne fût pourtant attendue. Conclusion. »

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