Dissertation sur l'apologue: l'apologue est il un moyen d'argumentation efficace?

« « L' apologue est proprement un charme, il rend l'âme attentive, Où plutôt, il la tie nt captive, Nous attachant à des récits».

(Jean de La Fontaine) La Fontaine définit l'apologue comme contenant un charme caractéristique qui nous électrise et nous attire.

L'apologue est un discours narratif démonstratif à différentes visées, rédigé en vers ou en prose, attaché à une morale qu'il nous doit d'être tirée.

Un texte dit «argumentatif» est un texte qui défend une thèse et tente de la faire partager à son lecteur.

Cet objectif particulier ne concerne pas que le «fond»: il a une influence sur la forme même du texte.

Mais de quelles façons l'apologue tient-il le lecteur? De quelles manières il tend à le convaincre tout en étant influent? C'est ce que nous tenterons d'épiloguer en premier lieu, par l'historique éducatif de l'apologue pour la jeunesse, sa construction, son aisance à la compréhension et son plaisir, et enfin, l'efficacité de l'apologue à travers sa beauté. L'apologue est le berceau de l'enseignement perpétué sur toutes époques.

Il s’agit avant tout d’instruire, de transmettre une morale, une idée, de dénoncer ou critiquer. Celui-ci a fait son entrée par deux chemins: Les paraboles de l’Évangile, mettant en scène des humains qui trouveront morales les paroles du Christ, visibles et appliqués par les jeunes croyants de la paroisse, et les apologues d’Ésope, considéré comme l'unique fondateur de ce genre.

Cet ancien esclave, ayant vécu, selon les historiens, au VIème siècle avant JC, aurait laissé sur son passage de simples histoires mettant en scènes des animaux, accompagnées d'une morale facile à comprendre pour les enfants.

Les fables d’Ésope devinrent rapidement la base de l'enseignement des jeunes grecs de l'Antiquité, qui purent emprunter un chemin précoce dans la droiture et l'intelligence, et cette tradition éducative se perpétua plus tard, avec la Fontaine, qui considéra Ésope comme «l'Oracle de la Grèce», s'inspira de ses fables pour en rééditer le genre, dénoncer les disparités sociales, et aussi lui rendre hommage dans «A Monseigneur le Dauphin»: « Je chante les héros dont Ésope est le père, Troupe de qui l'histoire, encore que mensongère, Contient des vérités qui servent de leçons.» Pour l’Époque Moderne, se fut ce défilement similaire d'artistes voulant à son tour, éduquer la société, et la critiquer pour avancer ses inégalités sociales.

L'apogée du célèbre fabuliste, Jean de La Fontaine, qui puisa son aspiration dans les récits Antiques d’Ésope, et même à des sources orientales comme dans le « Pañchatantra» , recueil de contes et de fables qui fit son immense effet sur toutes les populations orientales, fut la plus écrasante de toutes.

«Les Fables», achevées en 1694, furent rédigées dans le but d'éduquer le jeune Dauphin.

De part ses fréquentations (La Fontaine côtoyait les salons, comme celui de Madame de la Sablière, et demeurait au service de la duchesse d'Orléans), La Fontaine put aisément établir des critiques implicites sur la noblesse, et au mieux dénoncer cette société de privilèges qui abuse de ses pouvoirs pour écraser les castes secondaires.

Ces œuvres sont toujours estimées comme des succès actuels, non seulement pour leur intelligence de rédaction, mais pour leur utilité complète au fil des siècles.

Au siècle suivants, deux autres fabulistes percèrent le voile d'honneur qu'avait posé la Fontaine: Jean-Pierre Claris de Florian considéré comme deuxième meilleur fabuliste après La Fontaine.

«Tous ceux qui ont fait des fables depuis La Fontaine ont l’air d’avoir bâti de petites huttes sur le modèle et au pied d’un édifice qui s’élève jusqu’aux cieux la hutte de Florian est construite avec plus d’élégance et de solidité que les autres et les domine de plusieurs degrés ».

Plusieurs morales éducatives pour enfant de Claris dominent encore le langage actuel comme « rira bien qui rira le dernier » (Les deux paysans et le Nuage) ou, «pour vivre heureux, vivons cachés » (Le Grillon).

Fénelon fut aussi le créateur de fables, en premier lieu, à but distractif, mais remarquées surtout comme éducatives.

En effet, «Les Aventures de Télémaque» furent éditées en premier lieu pour instruire Louis de France, son jeune élève, même elles furent vite considérées comme une critique de la politique de Louis XIV.

Il faut savoir que l'influence littéraire de Télémaque fut considérable pendant plus de deux siècles.

C'est un livre pour jeune des plus lus.

( Aragon et Sartre l'avaient parcouru dans leur jeunesse) Fénelon fut également le précepteur du Duc de Bourgogne , petit fils de Louis XIV, auquel il administra quantité de ces fables pour lui faire connaître les abus de pouvoir.

Quant à l'époque Contemporaine, l'on assiste à des reliques des apologues, tout de même présente. »