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Le doute est-il une force ou une faiblesse de l'esprit ?

Publié le 12/01/2011

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Le doute est-il une force ou une faiblesse de l'esprit ? Le doute, du latin dubitare (qui signifie littéralement balancer) évoque l'hésitation qu'un être peut ressentir à l'égard d'une idée, ou d'un fondement qui n'a pas été ou ne peut pas être démontré. On distingue cependant différentes formes de doutes, dont le doute sceptique (le « pyrrhonisme «, tiré du fondateur de l'école sceptique Pyrrhon, et qui affirme que l'esprit humain est incapable d'atteindre aucune connaissance certaine) et le doute cartésien (énoncé dans les méditations métaphysiques du philosophe Descartes ; selon ce dernier il faut remettre en questions tous les fondements même les plus élémentaires et les démontrer pour prouver qu'ils sont bien vrais).

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« Cependant, à l'inverse de la philosophie sceptique, certains philosophes voient le doute comme étant au contraireune preuve de grande sagesse, car celui qui doute est capable de prendre du recul, de la distance par rapport à seschoix, c'est un Homme mûr qui ne fonce pas tête baissée, et qui réfléchit avant d'agir et s'efforce de démontrer sesidées avant de les affirmer.

Pour Aristote (4ème siècle avant JC) un des pères de la philosophie grecque, « Le douteest le commencement de la sagesse.

».

Car, évidemment l'homme qui ne doute jamais peut commettre des erreursirréparables car il ne dispose pas d'un temps de réflexion assez long et d'assez de recul.

C'est pourquoi le doute estune force, celle de l'intelligence, car le doute permet de ne pas céder à la naïveté et la facilité : c'est enréfléchissant que l'on parvient à la solution espérée.

Car, à l'inverse des Dieux, l'Homme n'a pas un savoir universelsur la totalité : il doit apprendre par lui-même sans se laisser influencer ou affirmer des idées sans les démontrer.Chez Hume par exemple dans son Enquête sur l'entendement humain, ce dernier dénonce la tendance que l'Homme ade penser qu'il a toujours raison : « Les hommes, pour la plupart, sont naturellement portés à être affirmatifs etdogmatiques dans leurs opinions ».

Cette citation nous laisse perplexe, car si l'Homme est sûr de tout, commentpouvons nous déceler le vrai du faux ? Si l'on doit se fier aux dires de chacun alors il y aurait forcément des idéescontradictoires et l'on serait forcés d'admettre qu'un ou plusieurs hommes se sont trompés.De plus, Hume nous explique qu'il y a une certaine « confusion universelle inhérente à la nature humaine » ; l'Hommeest enclin à commettre des erreurs : il affirme impunément tout et n'importe quoi du moment qu'il pense avoir raison,il se laisse diriger par ses émotions et croyances et non par des faits prouvés et authentiques.

Le doute est alorsindispensable car sans lui, l'Homme n'est rien de plus « qu'une feuille sur un arbre » une machine à penser qui selaisse guider par son imagination et ses émotions sans chercher à exercer de démonstrations au préalable.

C'estpourquoi des philosophes comme Descartes (17ème siècle) ont longtemps médité à ce propos, mais ce dernier resteun des personnages les plus éminents pour ses Méditations métaphysiques.

Dans la première méditation : Deschoses que l'on peut révoquer en doute, Descartes décide de renoncer aux préjugés, en particulier ceux de sonenfance, car il juge qu'à cet âge la raison n'est pas encore bien formée : il veut des connaissances certaines et nondes idées vagues et des préjugés.

Il se rend également compte de la pauvreté intellectuelle de son enseignementpassé, qu'on lui a surtout demandé d'apprendre sans jamais comprendre.

Descartes, par une action remarquable vaalors rejeter toute chose conformément à trois arguments majeurs :-les sens sont trompeurs, donc ils ne sont pas toujours fiables ;-les rêves eux aussi sont trompeurs, car pendant qu'un Homme rêve il est difficile de discerner la réalité du rêve,donc quelque chose de réel peut être une illusion ;-l'existence d'un malin-génie : Descartes annonce qu'un Dieu pourrait faire en sorte de le tromper en permanence :« Je supposerai donc qu'il y a, non point un vrai Dieu … mais un certain mauvais génie, non moins rusé ettrompeur que puissant qui a employé toute son industrie à me tromper ».Ces méditations sont très bouleversantes au premier abord, car Descartes remet même en cause les fondements lesplus élémentaires qui semblent « évidents » mais que l'on ne peut réellement expliquer (par exemple commentprouver qu'à un moment précis on ne rêve pas).

Selon lui le doute est indispensable, c'est la base de tout : on nepeut pas avancer si l'on ne sait pas d'où on vient.

Douter est alors le signe de la sagesse, l'Homme qui doute estcapable de prendre du recul sur soi-même et les autres, pour fonder son jugement.

Cette idée est à la base dudoute cartésien : pour être sage et pouvoir progresser il faut être capable de démontrer ce que l'on avance, ce quipasse par une étape de doute et de réflexion, de remise en question de soi-même et de ses idées : « Au fond, onne sait que lorsqu'on sait peu ; avec le savoir croît le doute.

», citation de Johann Wolfgang Von Goethe qui sembleparticulièrement bien illustrer cette idée : plus l'homme est sage, plus il doute. Conformément aux idées exprimées précédemment, il serait bon de différencier dans quel cas l'Homme peut appliquerou non le doute ; faut-il un doute intégral ou un doute raisonné et modéré?Le doute est à mon avis indispensable pour tous les hommes, car personne sauf Dieu n'a un savoir infaillible, doncdouter est primordial pour s'approcher au plus près de la vérité et ne pas céder à la naïveté ; pour rester bienconvaincu de la véracité de nos idées et de nos propos et, si l'on en est incertain, « de pouvoir suspendre sonjugement » comme nous le dit Descartes à la fin de sa première méditation.

Bien sûr, à mon avis il ne faut pas nonplus douter de tout, selon quoi la folie pourrait s'emparer de nous, à moins d'être totalement conscient de sadémarche, comme Descartes ; car douter de tout signifie l'incapacité de trouver des réponses ce qui au final estune grande faiblesse.A mon avis il serait incomplet de synthétiser un tel devoir sans citer le texte de Hume dans son Enquête surl'entendement humain : « En général il y a un degré de doute, de prudence et de modestie qui, dans les enquêtes etles décisions de tout genre, doit accompagner l'homme qui raisonne correctement ».

Ici encore, Hume exprime lesentiment qui est aussi le mien à présent : ce degré de doute dont il est question doit rester modéré et utile dansl'obtention de la réponse, sous peine de paralyser la réflexion si le degré de doute était trop élevé. En conclusion, nous pouvons dire que le doute est le signe d'une force de l'esprit pour l'Homme sage qui l'utiliseraisonnablement et utilement, car il permet d'atteindre la vérité en minimisant les erreurs.

Cependant ce doute doitrester circonspect et vigilant sous peine d'empêcher le raisonnement de l'Homme et de le confiner dans uneconnaissance inexistante qui ne l'amènerai pas à son but au final. Sujet désiré en échange : L'homme est-il gouverné par le désir ?. »

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