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Le doute s'oppose-t-il à la vérité ?

Publié le 21/01/2004

Extrait du document

La suspension du jugement, ou époché, est alors définitive. Le doute s'oppose à la vérité au sens où il résulte de la prise de conscience du caractère illusoire de cette dernière. Le second stade consiste à soutenir que la vérité existe, mais que l'esprit humain, notamment en raison de sa limitation, ne peut y accéder. Le doute ne s'oppose alors pas directement à la vérité. Mais il définit l'attitude lucide de celui qui se sait incapable d'y accéder.

Dans le dernier stade enfin, on reconnaît l'existence d'une vérité et la capacité de l'esprit humain à l'atteindre. Mais on nie qu'il puisse la reconnaître. L'esprit peut donc être dans le vrai, mais sans le savoir. Le doute résulte de la reconnaissance de cette impuissance. Il fait écran au vrai au sens où il peut même empêcher l'esprit de l'atteindre.

  • 1) Le doute s'oppose à la vérité. Douter, c'est remettre en cause la vérité.
  • 2) Le doute comme condition d'accès à la vérité.

« 2.

Le doute comme condition de l'accès à la vérité. • Dans la Logique, Kant distingue très nettement le scepticisme, qui consiste à«traiter les connaissances de façon à les rendre incertaines et à montrerl'impossibilité d'atteindre à la certitude», et la méthode sceptique, qui consiste àmener une chose « au plus haut degré de l'incertitude dans l'espoir de trouver surson chemin la trace de la vérité ».

Le doute apparaît ainsi comme ayant une utilitéméthodologique certaine dans la quête du vrai.

Il peut servir comme un instrumentpour progresser dans la connaissance. • Descartes en fait même la condition absolue de la découverte de la vérité.

Parceque « nous avons tous été enfants avant que d'être hommes » (Discours de laméthode), nous avons en effet l'esprit rempli d'idées reçues dont nous n'avons jamaispris la peine d'examiner le bien-fondé.

Afin de rebâtir l'édifice des connaissances surun fondement indubitable, l'esprit doit donc faire table rase de tous ces préjugés.Comment puis-je savoir que ce que je pense est vrai ? Je crois détenir des preuves.Pour approcher de la vérité de l'être, une réflexion sur le savoir semble le meilleurmoyen.

En soumettant son entendement à l'expérience du doute hyperbolique, c'est-à-dire en suspendant son jugement sur l'ensemble de ses perceptions, sur l'existencemême de ses sens, Descartes est conduit à découvrir un critère certain de laconnaissance. • Descartes utilise l'image du panier de pommes.

Lorsqu'on veut s'assurer qu'unpanier ne contient bien que des pommes saines, il faut commencer par vider tout le panier.

Après les avoir examinées une à une et sous tous les angles, on peut remettre les pommes dans le panier, ou bienles en écarter.

Si l'on remet une seule pomme pourrie, elle contaminera tous les autres fruits.

Il arrivera bien sûr qu'onremette des pommes identiques dans le panier.

Mais on sera cette fois certain qu'elles sont bien saines. • Le doute n'est donc pas seulement une aide dans la quête de la vérité.

Il en est la condition absolue.

C'est pourquoiAlain le qualifie de «sel de l'esprit» : il donne leur goût aux connaissances et empêche les vérités de pourrir.

Mais Alainprécise bien qu'il s'agit des connaissances théoriques.

Car douter de tout est impossible dans la pratique : autant s'arrêterde vivre ! • Si on l'envisage uniquement en lui-même, le doute semble davantage s'opposer à la vérité que la favoriser.

Mais à moinsd'opter pour le scepticisme radical, le doute n'est souvent qu'une étape pour l'esprit.

À l'homme de savoir ensuite l'utiliserà bon escient pour en faire l'instrument fécond de la découverte du vrai, loin du dogmatisme qui, sous couvert d'avoirtoujours raison, présente comme indubitable (ce dont on ne peut pas douter) ce qui résulte en réalité de ses illusions. « Douter, c'est examiner, c'est démonter et remonter les idées comme des rouages, sans prévention et sansprécipitation, contre la puissance de croire qui est formidable en chacun de nous.

» Alain, Propos du 8 juin 1912. Socrate: « Je suis plus sage que cet homme-là.

Il se peut qu'aucun de nous deux ne sache rien de beau ni de bon; maislui croit savoir quelque chose, alors qu'il ne sait rien, tandis que moi, si je ne sais pas, je ne crois pas non plus savoir.

»Platon, Apologie de Socrate, ive s.

av.

J.-C. « La formule "je suspends mon jugement" signifie pour nous que le sujet est incapable de dire à quelle chose il convientd'accorder ou au contraire de refuser sa créance.

» Sextus Empiricus, Hypotyposes pyrrhoniennes, Ile-Ille s. « Je pensai qu'il fallait E...] que je rejetasse comme absolument faux tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindredoute, afin de voir s'il ne resterait point, après cela, quelque chose en ma créance qui fût entièrement indubitable.

»Descartes, Discours de la méthode, 1637. « Je nie que nous ayons le libre pouvoir de suspendre notre jugement.

Car, lorsque nous disons qu'on suspend sonjugement, nous ne disons rien d'autre sinon qu'on voit qu'on ne perçoit pas une chose de façon adéquate.

» Spinoza,Éthique, 1677 (posth.) « Qui voudrait douter de tout n'irait pas même jusqu'audoute.

Le jeu du doute lui-même présuppose la certitude.

» Wittgenstein, De la certitude, 1969 (posth.). »

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