A-t-on le droit de sacrifier sa vie pour une cause ?

« Vivre n'est pas forcément digne La vie pour la vie n'a pas de sens si elle est mal vécue ou devient insupportable.

Il revient à chacun d'estimer si le poids de sa souffrance est tolérable ou non.

Alors le sacrifice peut redonner un sens à la vie.

De tend re humaine est une absiraction C e dont il s'agit en réalité, ce n'est pas de «la» vie humaine, mais de vies humaines, «En général, le temps entier de la vie s'emploie à acquit-ter cette dette, et cependant on n'en amortit ainsi que les intérêts.

Le paiement du capital ne se fait que par la mort.» Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation qui ne sont pas forcé- ment désirables.

Pour Sénèque, le suicide d'un homme peut être justi- fié à ses yeux, «aussitôt que la fortune lui est devenue suspecte» (Let- tres).

C'est parce que la vie ne nous retient pas que nous sommes libres de disposer d'elle.

La vie humaine est impersonnelle M otre attachement à l'existence ne tient qu'à notre affectivité.

Car la réalité, le mon- de sont impersonnels et indifférents au fait que nous vivions ou non.

C'est l'homme qui fait de la vie une valeur sacrée; en soi, elle n'est rien.

Selon Sartre, l'hom- me est une «passion inu- tile» (L'Être et le néant).

Jailli du néant et destiné à y retourner, on s'at- tache à une vie qui ne dure pas.

La vie est ce que nous en faisons S i la vie humaine se distingue de la simple survie, la vie ne trouve son sens qu'au service d'une cause ou d'un enga- gement.

Ainsi, je me distingue de l'esclave en ne subissant pas la dégra- dation que provoque en moi une grave maladie, ou bien la tyrannie d'un despote, ou en me sacri- fiant pour la patrie.

Le refus de vivre, en nous soustrayant à un mal, peut alors être un acte de liberté.

Nous sommes d'autant plus libres de sacrifier notre vie à une cause ou à un idéal que la vie ne nous retient pas.

Au nom de la dignité, on peut vouloir sacrifier une vie humaine.. »