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La durée et la mémoire ?

Publié le 02/02/2004

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Il s'agit de tenter une description directe de l'apparaître du temps qui mette à nu la constitution de la durée. « Comment se constituent le temps lui-même, la durée et la succession des objets ? » Telle est la question directrice de l'enquête husserlienne. Pour dégager ces phénomènes, Husserl propose de suspendre l'examen du « temps objectif », c'est-à-dire du temps mesuré par l'horloge, du temps cosmologique (temps de la nature) pour s'en tenir uniquement à la description du flux temporel originaire de la conscience, c'est-à-dire la manière dont le temps se constitue en apparaissant à la conscience. A l'aide du concept de rétention, Husserl va montrer que la succession temporelle n'est pas de l'ordre d'une juxtaposition linéaire d'instants, mais d'un flux unifié et continu. L'ÉNIGME DE LA SUCCESSION ET LA MÉMOIREUn tel flux mérite bien le nom de durée puisqu'il naît de l'interpénétration des trois moments du temps : le passé se prolonge dans le présent et le présent s'enfle déjà des possibles que lui ouvre l'avenir. Le philosophe français Bergson consacre à la durée de très profondes analyses en la définissant comme « la masse fluide de notre existence psychologique tout entière », c'est-à-dire la manière dont les états psychiques se succèdent en se fondant les uns dans les autres. Cette fusion, cette « zone mobile » de devenir forme le tissu même de la temporalité. Bergson va opposer ce temps originaire de la durée au temps mathématique, objectif, mesurable, temps recomposé par notre intelligence pour les besoins de son action. Pour Bergson, il est clair que « la durée vécue par notre conscience est une durée au rythme déterminé, bien différente du temps dont parle le physicien ».

« notre conscience est une durée au rythme déterminé, bien différente du temps dont parle le physicien ».

Mais quelphysicien ? Il faut bien voir que, dans la première moitié du XXe siècle, un bouleversement intervient dans laconception scientifique du temps.

La physique galiléenne, qui présuppose un ordre déterminé entre cause et effet,est en effet remise en question par la théorie einsteinienne de la relativité, telle que nous en parle ici le physicienHeisenberg.

Certes, la physique classique a toujours affirmé la réversibilité des processus physiques, mais elle tienttoutefois pour assuré l'ordre strict de détermination causale.

Désormais, le temps ne pourrait plus accompagner enson ordre l'ordre même du déterminisme.C'est donc tout à la fois la philosophie et la physique du XXe siècle qui remettent en cause un temps physiqueconçu comme une succession d'instants homogènes, c'est-à-dire de même nature, identiques, superposables etsubstituables les uns aux autres.Pour nous en tenir à la philosophie, insistons sur le fait qu'ainsi définis, ces instants sont quantifiables.

Pour Bergson,le temps de la durée au contraire ne se laisse pas nombrer.

Les instants qui le composent sont hétérogènes, chacuna son individualité propre, qui ne peut se confondre avec une autre.

La durée implique donc une succession del'hétérogène, par compénétration mutuelle du passé, du présent et du futur.

Le vieillissement n'est pas un processusarithmétique au sein duquel les années s'ajoutent les unes aux autres, mais une métamorphose, c'est-à-dire unchangement qualitatif de l'individu, qui, en durant « fait boule de neige » avec lui-même.Une question se pose alors.

Si le temps véritable n'est pas constitué d'une juxtaposition d'instants qui disparaissentà mesure qu'ils se forment, si les trois moments du temps s'interpénètrent, comment penser avec précision le rôle dela mémoire? Selon Bergson, le passé ne s'oppose pas au présent comme le néant à l'être, mais comme l'inactuel, ou le virtuel, à l'actuel.

Il est de la nature du passé de se conserver en seprolongeant dans l'actuel; il n'y aurait jamais que du présent si le passédisparaissait dans le néant aussitôt que passé, puisqu'alors succéderait, à unpur présent, un présent sans passé.

La mémoire n'est donc pas à proprementparler un lieu de conservation du passé, comme on le croit trop souvent.

Lepassé se conserve tout entier de lui-même, et sa virtualité constitue un moded'être spécifique, entre présence et absence, un mode d'être que Bergsonnommera spectral.C'est parce que le passé se conserve automatiquement, et donc ne cesse des'accumuler sur lui-même, que chaque circonstance de notre vie, chaque foisenrichie d'une expérience toujours plus longue, n'est jamais parfaitementidentique à une autre.

Nous n'avons pas une mémoire, comme si ce bagage étaitun appendice de nous-mêmes.

Nous sommes notre mémoire qui n'accumule pas,dans la quantité homogène, des choses à d'autres choses, mais qui fait de nous,à mesure que nous durons, une totalité qualitativement toujours nouvelle,analogue à une oeuvre d'art dont nos souvenirs seraient les créateurs. CITATIONS: « La durée vécue par notre conscience est une durée au rythme déterminé, bien différente de ce temps dont parle lephysicien et qui peut emmagasiner, dans un intervalle donné, un nombre aussi grand qu'on voudra de phénomènes.

»Bergson, Matière et Mémoire, 1896.La durée, telle que l'expérimente notre conscience, s'oppose au temps des physiciens. « La pure durée pourrait bien n'être qu'une succession de changements qualitatifs qui se fondent, qui sepénètrent, sans contours précis, sans aucune tendance à s'extérioriser les uns par rapport aux autres, sans aucuneparenté avec le nombre : ce serait l'hétérogénéité pure.

» Bergson, Sur les données immédiates de la conscience, 1889. « La durée toute pure est la forme que prend la succession de nos états de conscience quand notre moi se laissevivre, quand il s'abstient d'établir une séparation entre l'état présent et les états antérieurs.

» Bergson, Sur les données immédiates de la conscience, 1889.. »

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