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Les échanges fondent-ils la société ? (Pistes de réflexion seulement)

Publié le 27/03/2004

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* Pour le libéralisme moderne, c'est dans les échanges que se construit le bien commun. II rejette toutefois l'idée d'une organisation «par le haut» du travail et des échanges. Se référant à l'image de la «main invisible» d'Adam Smith (1776), il préfère penser que les échanges s'autorégulent, l'offre et la demande tendant spontanément à s'entre-équilibrer, sans intervention de l'État. Smith dira: "On n'a jamais vu de chien faire de propos délibéré l'échange d'un os avec un autre chien." Adam Smith, La Richesse des nations, 1776. L'espèce humaine occupe dans l'histoire de la vie une place particulière. Si les hommes partagent avec tous les êtres vivants la même condition matérielle, ils n'en ont pas moins développé un monde qui échappe à la seule logique des besoins naturels. En effet, l'homme ne se contente pas de vivre dans la nature mais il la transforme, il produit des richesses qui font l'objet d'échanges. Par la circulation des marchandises mais aussi des hommes, il acquiert une maîtrise sur la nature et traduit ainsi le désir de construire un monde à son image. Derrière les échanges : l'exploitation.

« vastes forêts se changèrent en des campagnes riantes qu'il fallut arroser de la sueur des hommes, et danslesquelles on vit bientôt l'esclavage et la misère germer et croître avec les moissons.» Rousseau, Discours surl'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755). • Rousseau montre que, dans les échanges, la situation de départ est en fait rarement égalitaire.

Du coup, leséchanges, même s'ils semblent équitables, creusent les inégalités. • Ainsi, avec l'invention de la propriété privée (distincte de la simple possession), un système apparemmentéquitable d'égalité devant le droit de propriété, est venu recouvrir et renforcer les inégalités de fait.

Telle a été la«ruse des riches», de faire passer l'inégalité de fait pour une égalité apparente.• La notion marxiste de «lutte des classes» reprend cette idée, en montrant que les acteurs sociaux n'ont, face auxéchanges, ni le même statut ni le même pouvoir selon qu'ils sont propriétaires des moyens de production (les«bourgeois» dans la société industrielle) ou qu'ils n'ont que leur force de travail (les prolétaires).

Puisque « la production économique et la structure sociale qui en résulte nécessairement forment, à chaque époque, la base de l'histoire politique et intellectuelle de l'époque », le « Manifeste » affirme que « toute l'histoire a été une histoire de lutte de classes ».

Mais la démonstration à laquelle se livre Marx ne s'arrête pas là: rendant intelligible le passé de l'humanité, elle en annonce également l'inéluctable avenir.

En effet, « Cette lutte a actuellement atteint une étape où la classe opprimée et exploitée (le prolétariat) ne peut plus se libérer de la classequi l'exploite et l'opprime sans libérer en même temps et pour toujours la société entière de l'exploitation, del'oppression et des luttes de classes.

» Réfutant un certain nombre d'interprétation fautives du Marx isme, Lénine affirme dans « L‘Etat & la Révolution » que l'oeuvre de Marx ne saurait se limiter à cette seule découverte de la lutte des classes : l'idée de la « lutte des classes » n'est rien en effet si on ne la combine pas à celle de « dictature du prolétariat ». RAPPEL: La dictature du prolétariat chez MarxLe passage du capitalisme au communisme se fait par un acte révolutionnaire:comme le prolétariat constitue l'immense majorité de la population, il devraittriompher aisément de la bourgeoisie, mais comme celle-ci truste tous lespouvoirs (économique, industriel, financier et militaire, etc.), Marx pense quepour supprimer les structures de l'Etat capitaliste, une dictature transitoiresera nécessaire.

Durant cette brève période, un pouvoir autoritaire devra enfinir avec le mode bourgeois de production (propriété privée, exploitation del'homme par l'homme, etc. Elle reste pourtant l'un des concepts clés de la théorie Marx iste et Lénine le reconnaissait bien qui, dans un texte de 1914 consacré à Marx déclarait : « Que, dans une société donnée, les aspirations des uns aillent à l'encontrede celles des autres, que la vie sociale soit pleine de contradictions, quel'histoire nous montre une lutte entre les peuples et les sociétés, aussi bienqu'en leur sein, qu'elle nous montre en outre une alternance de périodes derévolutions et de périodes de réaction, de guerres et de paix, de stagnationet de progrès rapide ou de déclin, ce sont là des faits universellementconnus.

Le Marx isme a fourni le fil conducteur qui permet de découvrir l'existence de lois dans ce labyrinthe et ce chaos apparents : c'est la théoriede la lutte des classes.

» La théorie de la lutte des classes est donc, aux yeux d' Engels , l'idée maîtresse de Marx comme elle est, aux yeux de Lénine , le fil conducteur qui permet de comprendre l'histoire humaine.

C'est sur elle en tout cas que s'ouvre le texte du « Manifeste ». Ce que pose en son début ce texte est bien une règle d'interprétation générale de l'histoire. Quelle que soit l'époque que l'on considère, la société est en effet le lieu du conflit –ouvert ou dissimulé- que selivrent oppresseurs et opprimés : « Hommes libres et esclaves, patricien et plébéien, baron et serf, maître d'un corpsde métier et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerreininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre qui finissait toujours soit par une transformationrévolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction de deux classes en lutte.

» Marx & Engels proposent donc bien une vision de l'histoire.

Celle-ci est totalement en accord avec leur philosophie matérialiste telle qu'ils ont pu déjà l'exposer en partie dans « L'idéologie allemande ».

Dans le devenir de l'humanité,ce sont, en dernière instance, les infrastructures qui déterminent les superstructures.

Ce qui signifie que ce sont lesrapports économiques qui définissent, dans tous les cas, la société et les classes qui, s'y affrontant, sont elles-mêmes définies par la place qu'elles occupent dans le système de production.

De ce fait, dire de l'histoire qu'elle estl'histoire de la lutte des classes revient donc à rappeler que l'histoire n'est pas un pur chaos d'événementsinintelligibles ou encore l'épopée de l'Esprit en marche vers sa réalisation : tout à l'inverse, elle est le produit del'affrontement de classes sociales qui sont elles-mêmes le produit du développement économique de l'humanité.. »

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