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Les échanges sont-ils fondés sur l'égalité ?

Publié le 29/01/2004

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  [Introduction] L'inégalité des échanges économiques existant entre pays « riches » et pays «pauvres », telle que l'analysent périodiquement les commentateurs et théoriciens, a de quoi choquer. Pourquoi des pays sont-ils ainsi défavorisés, ne pouvant exporter que des produits sans grande valeur mais devant importer des produits qui valent beaucoup plus ? Cette inégalité, que l'on déplore, semble renvoyer à une absence de justice, dont on est prêt à admettre qu'elle devrait trouver sa place dans les échanges. Mais est-ce possible ? [I. L'échange initial] a. Proprement humain par définition, l'échange implique initialement la volonté d'échapper au rapt et à la violence. Il suppose un accord, la mise en place d'une relation entre interlocuteurs se respectant, et la définition d'une équivalence entre des objets différents. On n'échange en effet que des choses de valeur égale, ce qui suppose que l'on apprécie d'abord cette dernière - au départ par l'usage attendu de l'objet. b.

« désirables et en augmente artificiellement la valeur, l'enrichissement, la transmission de capital non périssable.

Àlong terme, l'échange s'intègre dans une organisation capitaliste où le souci d'égalité et de justice semble avoir dumal à trouver quelque efficacité. [II.

Les avantages de l'échange] a.

Quoi qu'il soit, la pratique de l'échange détermine une évolution positive.

Elle confirme notamment la notion decontrat, qui suppose la possibilité d'une relation abstraite entre individus, en même temps que le respect despromesses. b.

L'échange instaure d'autre part une égalité de statut entre les hommes qui y participent : c'est parce que ceuxqui le pratiquent ont besoin l'un de l'autre que leur condition sociale peut ne pas être prise en considération.

Ce quiinvite à reconnaître que tout homme, en principe, peut acheter ou vendre. c.

En troisième lieu, l'échange économique, pour fonctionner au mieux, doit pouvoir faire intervenir n'importe quelindividu.

S'il n'exclut ainsi personne, il est un facteur incontestable de tolérance, et de reconnaissance de l'autrecomme humain.On peut donc affirmer que, dans ses principes, l'échange économique participe de la mise en place des conditionsd'existence de la justice. [III.

Distorsions et corrections] a.

Il n'en reste pas moins que ces aspects positifs ont historiquement été occultés par l'organisation du systèmecommercial dont nous constatons les effets dans la société contemporaine.

Comment prétendre qu'il y aurait de lajustice dans les échanges économiques lorsqu'on peut quotidiennement constater, non seulement la différenciationcroissante entre zones de richesse et zones de pauvreté, mais encore, à l'intérieur d'un même pays, les différencesde ressources qui affectent la population ? b.

Il est sans doute utopique de chercher à reconstruire une société dans laquelle la justice consisterait en unstatut rigoureusement égal pour tous.

Outre que cette égalité ne durerait guère au-delà d'une génération, elleaboutirait à supprimer toute initiative de développement, dès lors que la motivation financière ne jouerait plus. c.

C'est pourquoi on peut adopter sur la question un point de vue plus modeste en rappelant l'hypothèse et lesprincipes que formule John Rawls dans sa Théorie de la justice.

Puisque le problème consiste à réfléchir sur unerépartition juste des biens qui considère en même temps comme nécessaire et supportable une certaine inégalitédans les situations personnelles, Rawls le repose dans les termes d'une hypothèse philosophique.

Considérons, dit-il,comment un groupe de personnes peut choisir de répartir les biens fondamentaux dans une société à instaurer,étant admis qu'aucune d'entre elles ne sait quelle place elle y occupera.

Ce dernier point a pour conséquencequ'aucune ne pourra chercher à favoriser qui que ce soit, et c'est pourquoi elles choisiront la répartition la plusavantageuse pour tous, sans négliger le sort d'aucune catégorie possible. d.

On constate alors, selon, Rawls, que ses décideurs hypothétiques se mettront d'accord sur une société danslaquelle existeront des inégalités économiques et sociales — alors même qu'aucun n'a intérêt à désirer une sociétéinjuste.

Mais ces inégalités seront supportables dans la mesure où elles seront encadrées par des principes généraux(égalité des libertés de base pour tous ; répercussion des inégalités sous forme de profit possible pour chacun ;accessibilité de toutes les positions et fonctions à tous, y compris aux plus démunis, grâce à des systèmes d'aide del'État).Dans une telle organisation, qui reste une analyse théorique, les échanges économiques produisent sans doute del'inégalité et donc de l'injustice, mais cette dernière est corrigée puisqu'une sorte d' "État-providence" se préoccupede garantir l'égalité des chances. [Conclusion] Les échanges économiques contemporains sont devenus d'une telle complexité que la réflexion qui tente d'yintroduire un peu de justice risque de demeurer théorique.

Il n'est pas sûr, en effet, que la bonne volonté (mêmemorale) de l'homme puisse contrôler totalement le fonctionnement et le développement de l'économie.

Mais ce n'estsans doute pas une raison pour renoncer à rééquilibrer tant bien que mal les échanges. SUPPLEMENTS: Rawls: L'égalité est-elle possible en société ? Il semble difficile pour l'homme de s'abstraire de la vie en communauté, qui le place dans des rapports constantsavec les autres, qu'il s'agisse de l'existence familiale ou sociale.

La vie familiale semble aller de soi, puisqu'elle estfondée sur des relations naturelles, biologiques, où chacun joue un rôle défini.

On s'interroge davantage sur les liensqui attachent l'homme à la société, sur le sens et la nature de son engagement dans la collectivité.

Faut-il lescomprendre sur le fond d'une sociabilité spontanée, voire de l'altruisme ? Ou ne s'agit-il pour nous que du jeu de. »

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