L'économie du Tiers-monde
Publié le 30/06/2012
Extrait du document
L'hyperinflation conduit naturellement au changement d'unité monétaire, qui fut pratiqué, à plusieurs reprises par le Brésil. Mais il ne suffit pas de procéder à cette opération pour rompre la spirale inflationnaliste ; là encore, les exemples allemands seraient à étudier de plus près. Récemment le Brésil a adapté le plan Cruzado, et l'Argentine le plan Austral; l'un et l'autre sont basés sur l'introduction d'une monnaie nouvelle. On peut dire que le plan Cruzado a d'ores et déjà échoué.
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LA DtCOLONISA TION
C'était une idée assez répandue avant 1939 que celle selon laquelle les pays
industriels colonisateurs tiraient de leurs colonies une grande part de leur
richesse.
Sans doute on n'allait pas toujours jusqu'à la formulation doctrinale: c l'impérialisme, dernière étape du capitalisme •· Mais c'est un fait que, à la
suite de la grande crise de 1929, la Grande-Bretagne et la France tendaient à se replier économiquement sur leurs empires.
Or, de 1947 jusque peu après 1960, la plupart des colonies européennes se sont trouvées émancipées.
Et c'est une période de grand essor économique,
y compris pour la France.
(Si la Grande-Bretagne n'est guère associée à ce développement, c'est pour des raisons qui n'ont rien à voir avec les colonies.)
L'exemple le plus frappant est peut-être celui de la Hollande.
Ce petit pays
sans grandes ressources (on n'était pas encore à l'ère du gaz naturel) était
généralement considéré comme devant sa richesse à l'immense empire des Indes néerlandaises.
Or celui-ci s'effondre à la suite de l'invasion japonaise, et la prospérité hollandaise n'en est pas durablement affectée.
C'est à la suite
notamment de cet exemple que se développe une doctrine qu'on appelle le c cartiérisme ,, du nom du journaliste Raymond Cartier ; dans sa forme la plus
égoïste et la plus cynique, elle peut s'énoncer ainsi : les colonies coûtent
désormais plus qu'elles
ne rapportent; il faut donc s'en séparer.
La pleine
disposition de certaines matières premières ne vaut pas l'effort d'équipement
qu'accomplissent les métropoles .
De fait, une des raisons qui déterminèrent
la Grande-Bretagne à se retirer de l'Inde sans avoir résolu un des plus gros
problèmes, celui des rapports entre hindous et musulmans, c'est justement,
qu'en 1947, la détresse financière de la Grande-Bretagne était telle qu'elle ne pouvait plus faire les frais de son maintien aux Indes.
Si donc la décolonisation intervient dans notre ouvrage, c'est d'abord d'une
façon toute négative: elle n'est pas une source des difficultés économiques et de la dépression notamment des années 1970 .
Mais quels furent les effets économiques dans les pays décolonisés ? Une étude de ce genre ne peut guère se distinguer de l'examen général des pro
blèmes du Tiers Monde.
Aussi nous bornerons-nous ici à ce qui résult~ direc
tement de la décolonisation .
Il s'agissait de créer de nouveaux Etats, et d'abord, d'en délimiter les territoires.
On a beaucoup dit, et souvent avec rai
son, que les limites des territoires coloniaux avaient été tracées sur des tables de conférences diplomatiques, sans souci des conditions géo
graphiques ni des réalités ethniques.
Et pourtant le souci des nouveaux diri
geants fut en général, de maintenir les frontières héritées de la colonisation.
C'est que les forces centrifuges, si on leur laissait le champ libre, risquaient
d'aboutir à un émiettement des territoires souvent déjà trop exigus écono
miquement, alors que les tentatives de regroupement n'aboutissaient pas.
Et l'effort de maintien des Unités territoriales préexistantes occasionne souvent des conflits sanglants.
Tout le monde a conservé le souvenir des massacres
dont s'accompagna la séparation de l'Inde et du Pakistan, et du conflit armé
dont le Pakistan est sorti coupé en deux ; mais il faut rappeler la lutte per
manente de la Birmanie contre les tribus des zones frontières.
Tout récem
ment l'île du Sri-Lanka, pourtant unité géographique naturelle, a été déchirée par l'antagonisme entre Tamouls et Cinghalais.
En Afrique, la guerre du Bia fra fit aussi beaucoup de victimes, comme en Éthiopie la révolte des ethnies
du Nord qui n'est pas terminée .
Il va de soi que ces conflits aggravèrent les
difficultés économiques.
Même là
où ils ne se produisirent pas, la création de nouveaux États entraî
nait de nouveaux gouvernements, de nouvelles administrations, exerçant des ponctions supplémentaires sur des ressources souvent fort limitées.
En même
temps, se posait le problème des langues : allait-on garder comme langue
officielle la langue véhiculaire de l'ancien colonisateur, en considération de.
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