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L'écriture ou la vie de Jorge Semprún

Publié le 26/09/2010

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1. L'auteur Né à Madrid en 1923, Jorge Semprún est une romancier et scénariste espagnol. Il étudie la philosophie au lycée Henri IV et à la Sorbonne à Paris, et est lauréat du concours général de philosophie. En 1942, il entre au Parti Communiste Espagnol (PCE) et dans la résistance française. Il est déporté un an plus tard à Buchenwald. C'est un camp de concentration en Allemagne, situé à côté de Weimar (la ville de Goethe). Le camp est libéré le 11 avril 1945, et Jorge Semprún est de retour à Paris à la fin du mois. Il reste un membre actif du PCE, mais en est exclu en 1964 à cause de ses idées. Il reste cependant dans la politique ; il est ministre de la culture sous Felipe González de 1988 à 1991. Jorge Semprún a beaucoup écrit (en français) en s'inspirant de ses expériences politiques et concentrationnaires. Dans la plupart de ses récits il dénonce les régimes totalitaires et la privation de liberté, comme dans Le grand voyage (1963), La deuxième mort de Ramon Mercader (1969) ainsi que L'écriture ou la vie (1994). Il a reçu de nombreux prix et fait partie de l'Académie Goncourt. 2. Résumé Le livre traite de son expérience à Buchenwald et de ses souvenirs d'avant et d'après guerre. A propos du camp, il raconte quelques journées qui l'ont marqué mais évoque surtout les rapports humains et détaille les sensations et les émotions qui l'ont submergé et qu'il ressent encore au moment de la rédaction du livre. Quant aux autres souvenirs, Semprún nous parle de ses lectures, des amitiés qui l'ont forgé et de son cheminement personnel vis-à-vis du souvenir et de l'écriture. 3. Particularité de l'écriture, organisation du récit • Pas de chronologie mais grande précision dans les dates o L'auteur écrit au fil des idées, les souvenirs sont mêlés o Le récit est organisé de façon thématique (cf titres de chapitres), mais les souvenirs du camp reviennent régulièrement, sont présents tout au long du texte • Adresse directe : le lecteur se sent concerné (emploi du « je «) • Références sensorielles : ouïe (Armstrong), odorat (fumée du crématoire), vue (regards) • Répétitions, insistance, développement de ses idées • Figures de style : métaphores, paraphrases, analepses, ellipses • Citations de beaucoup d'écrivains et de poètes : Aragon, Primo Levi, Malraux, Vallejo, … 4. Image du camp Semprún nous donne une image de Buchenwald très paradoxale. Il est très traumatisé par son expérience au camp : les souvenirs persistent et le hantent. Cependant, les principales scènes qui sont détailées sont des (rares) moments du camp pleins d'humanité passés en compagnie de ses « copains «. 5. Réflexions sur l'identité Le cheminement personnel de Jorge Semprún s'articule en trois étapes : • Dans le camp, il cherche d'abord à survivre, c'est-à-dire à échapper à la mort. Il se rend compte alors qu'il l'a déjà vécue et n'a pu l'éviter. • De retour à Paris, il veut vivre et oublier la souffrance. Le souvenir est trop obsédant ; il doit vivre avec. • Plusieurs années plus tard, il tente de renaître, en conciliant vie et bonheur avec les souvenirs. 6. Personnages Ces trois personnages ont aidé Jorge Semprún aux différentes étapes de son cheminement personnel, chacun à sa façon. Il lui ont permis d'avancer. a. Maurice Halbwachs Maurice Halbwachs est un sociologue français qui fut le professeur de Jorge Semprún à la Sorbonne. Il est également déporté dans le Petit Camp à Buchenwald. L'auteur venait le voir chaque dimanche après-midi au block 56, pour lui parler de ses cours et de ses livres. C'est ainsi que Semprún a vu son professeur et son modèle mourir. Il a vécu sa mort. Maurice Halbwachs a donc permis à Jorge Semprún, alors en pleine lutte pour sa survie, de comprendre qu'il ne pourrait plus survivre ; il était déjà mort. b. Odile Odile est une jeune feme rencontré dans un bar quelques jours après son retour à Paris. Elle incarne le bonheur, la vie et l'insouciance, et permet à Jorge Semprún, qui vient de sortir du camp, de se détendre et de se faire plaisir. Cependant, le souvenir de sa terrible expérience à Buchenwald reste trop proche et trop insistant, et Odile ne sait pas faire face à cela. Jorge Semprún la quitte après une brève relation, qui lui aura permis de se rendre compte de l'impossibilité d'oublier. Odile lui aura appris qu'il faut vivre avec les souvenirs [. c. Primo Levi Primo Levi a été déporté à Auschwitz du 11 février 1944 au 27 janvier 1945. Jorge Semprún ne l'a pas connu personnellement, mais la lecture de ses livres lui a beaucoup apporté. Celle, entre autres, de La trève et de Si c'est un homme. Levi y décrit avec précision des émotions qui correspondent à celles ressenties par Jorge Semprún, ce qui établit une liaison entre les deux hommes. Semprún lui consacre même un chapitre. La lecture des deux livres de primo Levi a permis à Semprún de comprendre que le couvenir du camp est indispensable pour vivre, et donc pour renaître.

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