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Edgar Morin, La réalité semi-immaginaire de l'homme

Publié le 21/05/2013

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Thirion Léa Edgar Morin, La réalité semi-imaginaire de l'homme, 1956 Analyse : Dans ce texte, le philosophe-sociologue et anthropologue Edgar Morin élabore une approche psychique du cinéma. En effet, celui-ci avance que le cinéma est le « reflet (...) de l'esprit humain « ( p205). Il se réfère alors à Jean Epstein qui fut le premier à parler d'une psychologie du cinéma, évoquant deux « systèmes de participation « (p205) au sein d'un film : « celui de l'écran et celui du spectateur « (p205). La réception et l'intelligibilité du spectateur sont alors un prolongement au film, elles entretiennent également un dialogue avec celui-ci. On peut donc parler de véritable interactivité. Cette « participation « (P206) du spectateur, qui fait elle aussi partie intégrante de l'écriture du film, s'explique par le phénomène de « projection-identification « (p206) du public. Et ce phénomène permet la réussite du film. Le cinématographe est alors une sorte d' « esprit machine «, de « machine à penser « (p206). De la même façon que notre psychisme, et par le biais de choix artistiques ( cadrage, lumière, montage), le cinéma façonne notre perception du monde qui nous entoure. Le cinéma unit une réalité objective - par son aspect ph...
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« ( la fameuse étape du miroir ), et la secondaire, où le sujet s’identifie à d’autres personnes/personnages.

L’identification au cinéma fonctionne alors sur les deux mêmes niveaux, mais il faut cependant opérer une distinction.

En effet, dans le Signifiant Imaginaire , Christian Metz écrit que « L’identification au regard propre est secondaire par rapport au miroir, mais elle est fondatrice du cinéma et donc primaire lorsqu’on parle de lui : c’est proprement l’identification cinématographique primaire ».

Au cinéma, le face à face avec l’écran est à mettre en analogie avec la phase psychologique du miroir .

Seulement, le sujet est absent de l’écran.

L’identification primaire est alors celle du regard, celui de la caméra, et la secondaire tend à la projection du sujet sur un ou plusieurs personnages du film. Selon Freud, notre plaisir de regarder se divise en deux catégories : une jouissance narcissique où l’on se projette soi ou sa vie sur l’écran ( phénomène d’identification), et un autre dit « scopophilique » ( Essais sur la sexualité, Freud ).

Celui-ci est central dans la formation de l’instinct et du désir sexuel.

C’est sur cette distinction que Laura Mulvey, dans Plaisir visuel et cinéma narratif, nous expose sa thèse féministe sur la projection et l’identification au cinéma.

A l’écran, le sujet s’identifie au même sexe et désire le sexe opposé.

Le film est alors un jeu de regards : le regard de la caméra qui conduit à une identification primaire, mais également une érotisation du regard.

Au cinéma, la femme est présentée comme l’objet du regard : celle-ci est alors dédiée au plaisir scopophilique.

C’est alors l’homme qui serait porteur de l’identification (c’est donc à lui qu’est dédié le film).

En effet, l’homme s’identifiera au protagoniste masculin, et la femme s’identifiera à l’image que véhicule l’homme du personnage féminin.

La femme est regardée en fonction de comment les hommes la regardent.

Cette notion de « projection-identification » a également été mise en scène par des réalisateurs.

Il semble que l’exemple de Persona de Bergman soit représentatif. Lors de la scène d’ouverture, Bergman opère une véritable mise en abyme de l’analogie possible entre psychologie et acte cinématographique, et notamment du phénomène de projection-identification.

Celui-ci montre un enfant spectateur du processus d’identification.

Le miroir que représente l’écran est plastiquement représenté et mis en évidence lorsque l’enfant s’approche de la toile cinématographique pour la toucher.

Dans un premier temps, le jeune homme est le sujet d’une identification primaire lorsque il s’assimile à travers le regard de la femme.

Dans un dernier temps, l’enfant est sujet d’une identification secondaire en discernant chez la femme une figure familière, voir maternelle ( on le devine grâce au contact charnel qu’il cherche à établir) .

Nous sommes donc spectateurs de ce phénomène, mais nous le mettons également en perspective, car nous identifions nous aussi ce jeune homme au fils de cette femme.

Nous sommes alors conscient de notre propre « projection » et « participation » dont parle Edgar Morin.. »

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