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L'éloge de la paresse ?

Publié le 29/03/2004

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paresse
Point de civilisation. De la Bible à Platon, faire l'éloge de la paresse, c'est pour nous faire l'éloge de l'origine. Cette paresse perdue, dont la pensée orientale a su longtemps préserver les douceurs, l'Occident la réinvente à chaque fois que les à-coups du progrès semblent vouloir l'en éloigner. La Renaissance, qui invente la banque et découvre l'Amérique, s'enthousiasme pour ces « bons sauvages » experts dans l'art de n'en pas faire plus qu'il ne faut. Montaigne leur consacrera tout un chapitre de ses Essais, lui qui s'éloigna bientôt des affaires pour ne plus se consacrer qu'au loisir d'une étude sans autre contrainte que son humeur. Sans paresse donc, point d'indépendance. Elle est la première des libertés individuelles, le premier de ces droits de l'homme, nés, au siècle de Lumières, des « rêveries » de quelques « promeneurs solitaires ». Or c'est là un point tout à fait important : cette paresse à laquelle on s'abandonne, ce « luxe » de l'âme et du corps épris de « calme » et de « volupté », est aussi un acte de résistance. C'est une action paradoxale, une courageuse rébellion contre des valeurs que la société nous impose plus qu'elle ne cherche à nous les faire partager. Homme libre, intelligent, voluptueux, le paresseux rejette les péripéties conventionnelles d'un destin tout tracé ; seul il parvient à cet état de disponibilité totale propice à la création comme à l'aventure.

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