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L'émotion est-elle un moyen de connaissance ?

Publié le 25/02/2004

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C'est le passionné qui l'enrichit de tout ce qu'il projette sur lui. On a dit que l'amour était comme les auberges espagnoles. Dépouiller les êtres de tout ce que nos passions leur prêtent, c'est les réduire à eux-mêmes, cad souvent à peu de chose. Le héros de Proust note avec lucidité qu' « Albertine n'était, comme une pierre autour de laquelle il a neigé, que le centre générateur d'une immense construction qui passait par le plan de mon coeur. » Proust a montré en des analyses admirables, que l'objet d'une passion était son prétexte plutôt que sa source. Ce sont les femmes à peine connues et restées mystérieuses qui suscitent les passions les plus intenses, précisément parce que rien ne fait alors obstacle au processus de cristallisation Tout ce qui est susceptible d'accroître le mystère de l'objet aimé (par exemple lorsque celui-ci se dérobe à notre approche) intensifie la passion, précisément parque le phénomène de la cristallisation, de la projection psychologique est favorisé par l'éloignement, l'évanescence de l'être aimé. La passion mobilise à son profit tout le dynamisme psychologique. On a souvent décrit les effets très remarquable de la passion sur le jugement. Proust écrit par exemple : « C'est le propre de l'amour de nous rendre à la fois plus défiants et plus crédules, de nous faire soupçonner plus vite que nous n'aurions fait une autre celle que nous aimons et d'ajouter foi plus aisément à ses dénégations. » Le passionné ne raisonne pas du tout comme l'homme équilibré, il raisonne à la fois beaucoup plus, mais à faux.

« [L'émotion trouble la conscience et la raison.

La conscience émue a une vision déformée de la réalité. Elle voit les choses de manière irrationnelle.

L'émotion prédispose a la croyance plutôt qu'a la connaissance.] Émotion et consciencePour Sartre, l'émotion est une dégradation de la conscience.

La conscience émue perd sa faculté de raisonneret devient irrationnelle.

Sartre critique émotivité en tant qu'attitude, en tant que manière de réagir au monde.L'émotif refuse de voir la rationalité des choses et préfère croire en un monde «magique». émotion et irrationalitéLorsque je suis ému, je ne vois plus les choses de manière objective.

La joie, la peur me font déformer laréalité et voir le monde à travers le filtre de l'imagination et de la subjectivité.

L'emotion débouche ainsi sur lacroyance et l'irrationnel.

La peur du noir, par exemple, me fera croire que la nuit est maléfique, alors que,objectivement, il n'en est rien. Émotion vs ConnaissanceLa plupart des philosophes se sont méfiés de l'émotion parce qu'elle ôte à la raison ses moyens.

Sous le coupd'une forte émotion, je suis entièrement passif, soumis a mon corps.

Je suis incapable de rai- sonner, d'êtreattentif aux choses.

La connaissance objective requiert tranquillité d'âme et absence d'émotions.Stendhal a très bien décrit ce processus psychologique sous le nom de cristallisation.

Une branche banale,jetée dans les salines de Salzbourg, est retirée toute couverte de cristaux, étincelante comme un bijou.

C'estune image exacte de ce qui se passe dans l'état de passion.

Une femme médiocre paraîtra divine à celui qui enest passionnément amoureux, parce que tous ses rêves, tous ses souvenirs viennent « cristalliser » sur l'objetde sa passion.

C'est sans doute pour cela que les amours des autres nous sont généralementincompréhensibles.

L'objet de la passion apparaît le plus souvent dérisoire pour celui qui en juge de l'extérieur,objectivement.

C'est le passionné qui l'enrichit de tout ce qu'il projette sur lui.

On a dit que l'amour étaitcomme les auberges espagnoles.

Dépouiller les êtres de tout ce que nos passions leur prêtent, c'est lesréduire à eux-mêmes, cad souvent à peu de chose.

Le héros de Proust note avec lucidité qu' « Albertinen'était, comme une pierre autour de laquelle il a neigé, que le centre générateur d'une immense constructionqui passait par le plan de mon cœur.

» Proust a montré en des analyses admirables, que l'objet d'une passionétait son prétexte plutôt que sa source.

Ce sont les femmes à peine connues et restées mystérieuses quisuscitent les passions les plus intenses, précisément parce que rien ne fait alors obstacle au processus decristallisation Tout ce qui est susceptible d'accroître le mystère de l'objet aimé (par exemple lorsque celui-cise dérobe à notre approche) intensifie la passion, précisément parque le phénomène de la cristallisation, de laprojection psychologique est favorisé par l'éloignement, l'évanescence de l'être aimé.La passion mobilise à son profit tout le dynamisme psychologique.

On a souvent décrit les effets trèsremarquable de la passion sur le jugement.

Proust écrit par exemple : « C'est le propre de l'amour de nousrendre à la fois plus défiants et plus crédules, de nous faire soupçonner plus vite que nous n'aurions fait uneautre celle que nous aimons et d'ajouter foi plus aisément à ses dénégations.

» Le passionné ne raisonne pasdu tout comme l'homme équilibré, il raisonne à la fois beaucoup plus, mais à faux.

Le jaloux par exemple passeson temps à épier des signes.

Il retient tout ce qui peut justifier sa jalousie, le grossit et néglige tout le reste.Sur de faibles indices, il construit des raisonnements qui ont une structure très rigoureuse, mais dont la baseest très fragile.

C'est ce que les psychologues nomment « la logique des passions ».

Le trait le plusremarquable est que le raisonnement passionnel demeure imperméable aux réfutations d'autrui ; s'il estimpossible de réfuter les constructions du passionné, c'est parce que ses conclusions, au lieu de découler duraisonnement qui les précède, sont, en réalité, posées d'abord.

L'échafaudage du raisonnement n'est construitqu'après coup, pour justifier la passion.

Ainsi Othello est jaloux de Desdémone dès l'origine, pour des mobilestrès profonds et en partie inconscients.

Othello qui, comme dit André Maurois, « a souffert à Venise, malgrésa gloire militaire, des préjugés raciaux », se dit au fond qu'il ne mérite pas Desdémone, qu'il n'est pas digned'elle Ce complexe d'infériorité le trouve prêt à accueillir sans critique les plus frêles indices et les argumentstendant à prouver l'infidélité de Desdémone.

Car la conclusion a été posée d'abord, de façon profonde etinconsciente.. »

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