Un encombrant monument
Publié le 17/12/2011
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Les monuments de l'Acropole d'Athènes sont en péril : ce ne sont pas les eaux d'un fleuve qui les menacent, comme ce fut le cas des temples de la haute vallée du Nil, ni la forêt comme à Angkor ou à Chitzen-Itza, mais l'homme, avec ses machines. Athènes est une des villes les plus polluées d'Europe, malgré la proximité de la mer. L'alerte a été donnée : avant la fin du siècle, au train où vont les détériorations, l'Acropole passera au rang des souvenirs ; avant trois ans, il faudra en interdire l'accès aux visiteurs qui se contenteront de regarder de loin ses nobles ruines. Il serait difficile de ne pas s'en émouvoir.
«
l'exposition, soit près de la moitié de ce qui est
conservé à Anvers et parmi les œuvres conservées,
presque toutes offrent plus d'intérêt que celles ras
semblées par
les musées américains.
On voit au
Grand Palais des tableaux souvent ignorés ou tota
lement inconnus, tel la Fuite d'Enée (Fontaine
bleau), qui est un inédit absolu, tels aussi le Saint
François d'Arras, la Mise au tombeau de Cambrai,
la Diane à la chasse et les Nymphes et satyres du musée de la Chasse de Paris.
Le panorama rubénien s'enrichit d'une assez
large présentation de grands noms toujours asso
ciés au maître d'Anvers, Van Dyck et surtout Jor
daens, avec
le Christ aux Oliviers de Honfleur,
resté trop peu connu, ou le gigantesque Christ en croix de Bordeaux.
D'autres peintres, dédaignés
des grands musées, accompagnent cette trilogie
triomphante, comme Crayer,
si apprécié en France
à la fin du XVIII• siècle, Quellinus, Thulden,
Gérard Seghers, Jean de Reyn, peintre de Dunker
que, Pieter van Lint, Van Mol, Cornelis Schut, etc.
On découvre aussi avec curiosité les prédécesseurs
ou les contemporains un peu archaïsants de Rubens, comme Backer, encore marqué par la
Renaissance, Otto Venius qui eut tant d'influence
sur l'art du peintre, Franz Pourbus, Finsonius, l'un des rares vrais caravagesques flamands et Abra
ham Jans sens.
Des dessins de Rubens appartenant
au Louvre seront présentés au cours de cette année.
Epinal et ses images
L'image populaire a été, à partir de la fin du XV• siècle, une industrie répandue à travers toute la
France ; on en fabriquait à Paris comme à Rouen;
à Rennes comme au Mans, à Toulouse comme à
Lyon.
Mais pour le grand public, la seule image
populaire porte le nom d'Epinal.
La Maison
des arts André Malraux, à Créteil, a consacré à celle-ci
une intéressante exposition rétrospective qui four
nit une grande quantité
de renseignements sur la
raison qui a fait d'Epinal un des principaux centres
imagiers de France et lui a valu de
le rester jusqu'à
nos jours, même si la production actuelle a beau
coup perdu de sa première spontanéité.
La proximité des forêts et la qualité
des eaux des
Vosges avaient amené à Epinal, dès le XVI• siècle, des artisans-papetiers dont la venue provoqua très
vite celle de fabricants de cartes à jouer et l'implan
tation d'imagiers et d'imprimeurs.
L'image d'Epi
nal est réalisée à partir d'un bois fruitier gravé
en taille d'épargne dont la gravure est utilisée pour
l'impression d'une feuille de papier ; l'ensemble est
ensuite colorié au pochoir en trois ou quatre cou
leurs ; les plus belles couleurs des imagiers d'Epi
nal sont la mine orange et le bleu lapis.
Une clien
tèle se forma très vite ; on achetait soit chez le fabricant lui-même soit auprès d'un colporteur
qu'on appelait le chamagnon.
Le chamagnon si!-
lonnait la France et même l'Europe avec sa hotte
sur le dos.
Celle-ci ressemblait singulièrement à un
petit théâtre de marionnettes ; elle contenait des
personnages en cire et des images.
Arrivé sur la
place d'un village, le chamagnon prenait son vio
lon, ouvrait sa hotte et chantait les complaintes qui
étaient imprimées sur
les gravures.
L'homme et sa
marchandise constituaient ainsi un véritable jour
nal vivant.
Les thèmes traités étaient toujours les mêmes.
La religion y tenait une large place avec les images de dévotion (Jésus, Marie et Joseph), les images de préservation qu'on plaçait dans les éta
bles pour protéger le bétail des maladies infectieu ses (saint Blaise s'était fait, au XVII• siècle, une
bonne réputation dans ce domaine), la politique ou les faits d'armes surtout, avec les cinquante-neuf
planches de François Georgin, qui paraissent d'ail
leurs à la Restauration, ou enfin les images desti
nées à glorifier les soldats de la guerre de 1914,
l'histoire aussi avec le sacre du roi Charles X ou le
bombardement et la prise d'Alger (image mise en
vente trois semaines après l'événement), les faits
divers enfin où
le sensationnel prime toujours sur
la réalité ou même le vraisemblable, mais où se dis
tinguent des documents qui ont pris une authen
tique valeur historique, comme ceux traitant de l'apparition du chemin de fer en 1838 ou le trem
blement de terre de la Guadeloupe en 1843.
L'attrait
des images, c'est qu'elles traduisent,
dans un langage personnel, une vision particulière du monde.
Les imagiers sont parfois des caricatu
ristes comme on le voit avec les séries publiées au
alentours de 1860, qui ont pour thèmes les « réfor mes des ménages » et où l'on voit que les « hommes
bailleront et s'occuperont des enfants» pendant
que « les femmes iront à l'estaminet », ou la « réfor me des écoliers » où il est dit, illustration à l'appui,
que « les écoliers ne seront pas forcés d'apprendre
leurs leçons ».
C'est le monde à l'envers symbolisé
dans la production d'Epinal par un homme portant
son cheval sur le dos.
Comme tout art populaire,
l'image transporte avec elle des thèmes venant de la
nuit
des temps, qui en font son principal intérêt ;
l'inconscient s'y manifeste avec une force toujours
renouvelée, par l'intermédiaire d'histoires, de
contes,
de légendes ou de l'histoire réelle, mais il
s'agit toujours d'un autre univers.
De là, dans ce
répertoire considérable, une accumulation
de contradictions qui vont de l'admiration des grands
à la révolte contre leur puissance, des plaisirs de la
vie à l'angoisse d'être; de là enfin un certain nihi
lisme juxtaposé à une sorte de béatitude.
Les gou
vernements s'en étaient rapidement aperçus ; l'ima
ge fut soumise à leur contrôle.
Certaines étaient
diffusées clandestinement.
La seconde partie de l'exposition consacrée aux
images d'aujourd'hui -et celles qui sont présentées
viennent du monde entier, montre bien que cet art
un peu méprisé est un reflet vivant des sociétés..
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