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« L'encre, c'est de la bile noire. La mélancolie, à travers les âges, guide et inspire l'écrivain. Qu'on la considère comme une maladie — une folie même —, un péché ou une volupté, elle accompagne toujours le réflexe d'écrire. » Votre expérience de la littérature vous incite-t-elle à souscrire à cette opinion ? Sans vous limiter à une période donnée, vous exposerez votre point de vue dans un développement ordonné appuyé sur des exemples précis.

Publié le 28/02/2011

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folie

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folie

« • d'un sentiment de lassitude, • ou d'une aspiration, soit violente, soit paisible, à une autre vie. Mais surtout Mme de Staël montre qu'elle est source créatrice insistant sur une véritable esthétique des écrivains :« le beau moderne sera mélancolique ». Car c'est érigée à l'état d'une nouvelle esthétique que la mélancolie va prendre un élan particulier.

Le nœud en estessentiellement Baudelaire qui lui aussi affirme : « La mélancolie en [de la Beauté] est pour ainsi dire l'illustrecompagne, à ce point que je ne conçois guère [...] un type de Beauté où il n'y ait du Malheur » (Fusées). Sa conception va absolument dans le sens de la thèse du sujet (la mélancolie « accompagne toujours le réflexed'écrire »).

Baudelaire pense non seulement comme les Romantiques que le malheur féconde la création, mais quecette création vient du sentiment d'être mal à l'aise dans ce monde (Bénédiction), car mal ou pas compris(L'Albatros). Un sentiment d'exil s'ensuit : « Exilé sur le sol au milieu des huées...

» (L'Albatros).

Plus encore que « le vague despassions » de l'homme « infini dans ses vœux et borné dans sa vie », la mélancolie baudelairienne estconsubstantielle (voir Rappel de connaissances : vocabulaire) à la condition humaine.

Mais elle se double chezl'écrivain d'un mal supplémentaire. Il est donc assez secondaire que la mélancolie soit considérée comme : — péché : êtres qui présument trop de leurs forces, ne savent plus dominer la vie ou jouent avec elle follement(Perdican ou Camille dans On ne badine pas avec l'Amour, Musset) ; volupté plus ou moins maladive : la mélancolie est plus ou moins voluptueusement goûtée à certains moments parSenancour, Adolphe (B.

Constant), par René (Chateaubriand) ; maladivement par Verlaine qui, saisi de cettelangueur, de ce désir d'errance continue qui la double, s'encourage lui-même : « Allons, mon pauvre cœur, allons,mon vieux complice» (Nevermore in Poèmes saturniens). De toute façon cette mélancolie « fait refluer vers le plus intime de nous-même toutes nos préoccupations »(Senninger).

Elle tient de l'aspiration vers l'infini, de la spiritualité, de la ferveur retombée.

Bref elle est Malheur(Baudelaire insiste par la majuscule) et « assure [au créateur] la concentration nécessaire à sa création ».

DansBénédiction, le premier poème des Fleurs du Mal, Baudelaire rend l'hommage du poète à cet état d'âme nécessaire :souffrance, humeur noire du poète rejeté du monde pour — finalement — la bénédiction, l'essence même de son œuvre, de son « encre » : « Soyez béni, mon Dieu, qui donnez lasouffrance... ...

[...] comme la meilleure et la plus pure essence Qui prépare les forts aux saintes voluptés ! » 3.

Seconde partie Cependant Baudelaire lui-même assouplit en partie cette conception esthétique de la mélancolie-douleur/créatrice,dans le même passage de Fusées : « Je ne prétends pas que la Joie ne puisse pas s'associer avec la Beauté »,ajoutant cependant : « Je dis que la Joie en [de la Beauté] est un des ornements les plus vulgaires.

» Vulgaire ? Dans quel sens le prendre ? Historiquement la Joie était, bien avant que la mélancolie ne naisse dans lamodernité (fin XVIII, XIXe et XXe siècles), le véritable « guide » et l'inspiratrice de l'écriture, ou sa compagne.

Cechant de la joie apparaît dans les diverses formes littéraires. D'abord, complémentaire et inverse des milieux favorables à la mélancolie, la joie est franche, extériorisée avecnaturel chez les héros de périodes dites encore un peu primitives.

Pas de mélancolie chez Roland ou Guillaumed'Orange (Chansons de Geste) ; quand ils ont réussi, ils sont heureux.

Il en est de même pour les héros homériquesqui savent profiter du bonheur qui leur échoit, sans complications d'état d'âme. C'est une fraîcheur semblable de réaction venue d'une joie de vivre, après difficultés surmontées, qu'exprimeRabelais.

Ainsi après l'échauffourée entre les fouaciers de Lerné et les bergers de Grandgousier (Gargantua, chap.XXV), les vainqueurs « firent chère lie et [...] se rigolèrent ensemble au son de la belle bousine (= cornemuse)...

».Frère Jean des Entommeures, un des personnages les plus hauts en couleur de Rabelais, mais aussi parfaithumaniste, est le modèle de l'homme heureux de vivre intensément, déployant son énergie pour une cause juste etentraînant dans cette voie de la joie ceux qui l'entourent.

Véritable contagion de la joie saine et franche, appuyéesur la réalisation de vraies valeurs humaines. La joie est avant tout équilibre du corps et de l'esprit.

Ainsi les personnages rabelaisiens : satisfaction saine etcomplète donnée aux besoins physiques et spirituels.. »

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