L'énergie spatiale

« L'utilisation de micro-ondes pour transmettre une éner­ gie électrique a déjà fait ses preuves en Amérique.

Les deux inconvénients réels du système proposé par Glaser sont le codt invraisemblable d'une fabrication aussi ïm­ portante de piles solaires et la difficulté de placer sur or­ bite une structure aussi énorme que le powersat.

Ces in­ convénients pourraient toutefois trouver une solution au cours des prochaines décennies.

Un autre ingénieur américain, Gordon R.

Woodcock, re­ prit l'idée de Glaser en offrant la possibilité d'éviter au moins l'investissement astronomique représenté par les piles solaires.

Il suggéra de construire dans l'espace un énorme four solaire.

D'après Woodcock, le powersat se­ rait en fait un générateur électrique relativement classi­ que, sa turbine étant actionnée par de l'hélium chaud.

Pour chauffer le gaz au maximum, la radiation du Soleil serait concentrée sur le générateur par de grands films de plastique doublé d'aluminium flottant dans l'espace im­ médiat.

Pour réaliser l'un ou l'autre de ces projets, il faudrait pousser la technique actuelle jusqu'à ses derniè­ res limites, et nos économies nationales jusqu'au point de rupture.

Cependant, après l'amortissement des investis­ sements initiaux, on obtiendrait des ressources énergéti­ ques infinies beaucoup moins onéreuses que celles qu'on exploite sur terre.

L'apparition des navettes spatiales de la NASA offre une possibilité réelle de transporter sur orbite les hommes et le matériel nécessaires à la construc­ tion despowersats.

Certains experts prévoient déjà qu'au cours du prochain siècle, notre approvisionnement éner­ gétique terrestre sera, dans une large proportion, d'ori­ gine spatiale.

D'autres systèmes envisagés actuellement se proposent de créer une série de soleils miniatures opérant la nuit.

L'i­ dée consisterait à lancer des satellites formés d'énormes réflecteurs capables de diriger la lumière du Soleil sur cer­ taines zones terrestres plongées dans l'obscurité.

On en­ visage trois types et trois puissances d'éclairage.

Un satel­ lite appelé Lunetta pourrait produire par nuit claire une brillance de dix à cent pleines lunes sur une zone d'envi­ ron 2 800 kilomètres carrés.

Cet éclairage permettrait de poursuivre les travaux agricoles et d'autres aussi durant Ci-dessous: Les quatre faisceaux lumineux émis par cette centrale solai­ re orbitale illuminent et, par conséquent, fournissent en énergie, des zo­ nes déterminées de la Terre.

Des piles solaires sont montées sur des vo­ lets solaires toujours pointés vers le Soleil.

la nuit.

Une version améliorée du Lunetta pourrait four­ nir environ la moitié de la clarté diurne du Soleil.

Son uti­ lité serait évidente pour la croissance de certaines cultures sélectionnées.

Le plus fort éclairage ferait appel à un grand nombre de réflecteurs solaires -ne couvrant pas moins de 50 000 kilomètres carrés du ciel nocturne- four­ nissant jusqu'à 70 OJo de la lumière diurne du Soleil.

Si de tels projets étaient menés à bien, les générateurs solaires terrestres pourraient fonctionner vingt-quatre heures sur vingt-quatre, comme s'ils se trouvaient dans l'espace.

Il va sans dire qu'il faudra préalablement enregistrer en­ core des progrès techniques considérables.

Plus loin en­ core dans l'avenir, on peut entrevoir la possibilité d'utili­ ser l'espace à une échelle plus grande encore.

En effet, des scientifiques ne craignent pas de suggérer que, en poussant le raisonnement logique à l'extrême, la maîtrise de l'énergie solaire conduira l'homme à démanteler une des planètes extérieures, probablement Jupiter, et à utili­ ser ce matériau pour construire une sphère de structure lâche tournant autour du Soleil.

Les communautés spa­ tiales vivant à la surface de cette sphère pourraient alors utiliser l'intégralité des rayons émis par le Soleil, au lieu de se contenter de la petite fraction qui atteint l'atmo­ sphère terrestre.

Cette idée peut sembler tirée par les che­ veux, mais il est très probable que la technique nécessaire à la réalisation de ce projet grandiose soit à la portée de l'homme d'ici quelques centaines d'années.

Ci-dessous: Un soleil artificiel conçu à la Solar Energy Unit de l'Univer­ sité de Cardiff, en Galles du Sud.

Ce 'soleil' permet aux scientifiques de reproduire les intensités des rayons solaires qui illuminent notre globe.. »